Sujet: Bonjours & Bonsoirs Octobre 2019 Mar Oct 01 2019, 00:05
Rappel du premier message :
Octobre nous accueille dans ses couleurs d'un sommeil doucement annoncé.
L'automne enfile son écharpe de brume en ses matins plus frileux.
Les magasins se parent d'orange pour accueillir l'enfantine et incontournable Halloween.
Aux citrouilles, lampes ou soupières, ajoutons sur nos tables les beaux fruits et légumes de saison
aux jolis noms évocateurs de parfums et de plaisirs :
cèpes, bolets, topinambours, potimarrons, noix, navets, panais ou châtaignes.
Octobre, entre feux et langueurs, invite parfois aussi à une certaine mélancolie...
J'associe toujours cette saison à la superbe chanson "Octobre" de Francis Cabrel :
"Le vent fera craquer les branches
La brume viendra dans sa robe blanche
Y'aura des feuilles partout
Couchées sur les cailloux
Octobre tiendra sa revanche"
Accueillons chaleureusement ce bout d'octobre au coin de nos foyers.
Que ce mois soit pour vous lumineux et, pourquoi pas, bercé de poésie ?
Lâchez un peu vos ordis pour les pages douces savourées au fond d'un lit
ou sous le plaid chaud près d'une flambée quand le bois craque ses pépites...
Matin d'Octobre
C'est l'heure exquise et matinale
Que rougit un soleil soudain.
A travers la brume automnale
Tombent les feuilles du jardin.
Leur chute est lente. On peut les suivre
Du regard en reconnaissant
Le chêne à sa feuille de cuivre,
L'érable à sa feuille de sang.
Les dernières, les plus rouillées,
Tombent des branches dépouillées :
Mais ce n'est pas l'hiver encor.
Une blonde lumière arrose
La nature, et, dans l'air tout rose,
On croirait qu'il neige de l'or.
François Coppée
in Promenades et Intérieurs
Sandra Dulier
Dernière édition par Roberto36 le Jeu Oct 31 2019, 23:10, édité 1 fois
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Sujet: Re: Bonjours & Bonsoirs Octobre 2019 Lun Oct 14 2019, 08:04
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Sujet: Re: Bonjours & Bonsoirs Octobre 2019 Mar Oct 15 2019, 07:58
Le roi qui voulait marier sa fille Dans un village, vivait un roi qui avait une fille très belle. Pour pouvoir la marier avec quelqu'un de son choix, il décida de l'enfermer dans une case sans porte. Ainsi, il était sûr qu'elle ne tomberait pas amoureuse de n'importe qui. Les servantes lui donnaient ses repas par une minuscule ouverture par laquelle aucun homme n'aurait pu passer. Ce printemps là, les prétendants arrivaient de toutes les contrées pour essayer d'obtenir la main de la merveilleuse princesse. Le roi n'en trouvait aucun à son goût. L'un était trop pauvre, bien que fils de roi : " va-t-en, pantalon troué ! " l'autre trop vilain : " Il est laid, on dirait grain de riz ", le suivant trop rustre " regarde moi ce gawou ! ", et ainsi de suite. Une année passa et le roi n'avait toujours pas trouvé son gendre. Un matin, les servantes qui apportaient à manger à la princesse entendirent des pleurs de nouveau-né venant de la case. Affolées, elles accoururent chez le roi pour lui annoncer la mauvaise nouvelle. Le roi les menaça de leur couper la tête pour avoir osé porter atteinte à la dignité de la famille royale mais il dut se rendre à l'évidence : tout le palais avait entendu les cris de son petit-fils et ne parlait que de ça. Il envoya donc les gardes casser le mur de la case et ramener sa fille pour lui faire avouer le nom de l'infâme séducteur qui l'avait enceinté. La fille lui répondit qu'elle ne connaissait ni son nom ni son visage car elle le recevait dans l'obscurité de sa case sans porte ni fenêtre. Le roi décida de convoquer une grande assemblée dans le but de confondre celui qui a fait un enfant à sa fille bien aimée et de le tuer. Au jour du neuvième mois de son petit-fils, chacun vient chanter devant l'enfant les paroles suivantes pour que celui-ci désigne son père en marchant vers lui :
toï to toï, Nan djou oh, toï to toï, Bo ni ma djou èh, Mè nan yeh dji oh, toï to toï, toto toï, toï to toï, Enfant qui commence à marcher oh, A pas mal assuré, Enfant qui commence à marcher oh, A pas mal assuré, Si tu es mon fils, Marches et viens vers moi, A pas mal assuré, (ter) Tous les hommes de la tribu passent sans que l'enfant ne se manifeste. On fait donc venir ceux des tribus voisines, mais aucun n'est le père. Finalement, le roi se résigne à soumettre les animaux de la forêt à l'épreuve. Dans son orgueil de roi, il fait passer en premier les animaux les plus forts mais le chant du lion, de l'éléphant ou du léopard ne font qu'effrayer l'enfant. Arrivé à l'écureuil, l'assemblée rigolait parce qu'il n'avait pas l'air d'être capable de séduire et d'enceinter la belle princesse. Malgré les quolibets de la foule, l'écureuil entonne la chanson et aussitôt, le " Nan djou ", qui écoutait avec attention, se lève et va " toï to toï " vers son père. Un long silence se fit dans la foule stupéfaite. Avant, que les gardes du roi n'aient réalisé ce qu'il se passait, l'écureuil prend son fils et disparaît dans les arbres. En fuyant, le bracelet de l'enfant tombe dans un champ d'arachide. C'est pourquoi, quand on croise un écureuil entrain de fouiller dans un champ d'arachide, il montre son bras pour dire qu'il cherche le bracelet de son fils avant de se réfugier dans les arbres. D'autres que les Wobé diraient que l'animal fait un bras d'honneur au propriétaire du champ dont il a mangé les graines… Rachel LAURENT-TAHOU et Georgette TAHOU
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Sujet: Re: Bonjours & Bonsoirs Octobre 2019 Mer Oct 16 2019, 08:07
L'araignée et une vieille femme tapidé " II y avait autrefois sur une montagne une vieille femme Tapidé qui habitait seule dans une grotte. Un jour, la famine éclata dans le pays de l'araignée. Très affamée, celle-ci partit en promenade chercher de la nourriture. A quinze kilomètres de son logis, apercevant une énorme montagne au milieu d'une grande forêt, elle s'y dirigea et rencontra la vieille femme, seule dans sa grotte. - "Bonjour chère grand-mère, dit-elle. - "Bonjour cher enfant, répondit la vieille. Que désires-tu cher enfant ? - "Chère grand-mère, je suis orphelin. Mon père et ma mère sont morts. Je n'ai plus personne pour s'occuper de moi. J'ai faim. La bonne vieille lui dit alors : - "Viens avec moi, je te nourrirai. Mais je dois te dire une chose : moi, Tapidé, je dors pendant six mois, et je reste éveillée les six autres mois de l'année. Lorsque l'araignée arriva, il restait encore six mois à la vieille avant, de dormir. Tapidé vécut pendant ce temps avec la pauvre araignée.
Au dernier mois. elle lui dit : - "Cher enfant, mon temps de dormir arrive. Va chez toi, je ferme la montagne. Très gourmande, l'araignée ne voulait plus s'en aller. Elle refusa catégoriquement. Quand il resta deux jours à la vieille, celle-ci avertit encore l'araignée, lui disant, que son sommeil serait long. Mais l'araignée s'obstina. Le temps arriva et la vieille femme ferma la montagne. Durant deux mois, l'araignée mangea le peu de nourriture qui restait, mais au bout du troisième mois, la faim l'attaqua. Elle essaya de réveiller la vieille, en chantant : - " Tapidé é é é Tapidé toutaboho tapidé é é é tapidé... ce qui signifie : Réveille-toi grand-mère... Elle prit la vieille dans ses bras, la secoua, la brûla avec les tisons qui restaient au foyer, mais la femme ne se réveilla pas. L'araignée frappa de ses poings les parois de la grotte, mais la montagne demeura hermétiquement close. Au quatrième mois, l'araignée mourut. A la fin du sixième, la vieille se réveilla et trouva le corps de la mendiante et gourmande araignée tout sec. Elle le prit et le jeta dehors." Source : Dynamique de la société ouobé, Girard J., IFAN 1967
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Sujet: Re: Bonjours & Bonsoirs Octobre 2019 Jeu Oct 17 2019, 06:39
Pourquoi le chimpanzé n'a pas de queue "Autrefois, le chimpanzé avait une si belle queue, que tous les animaux la lui enviaient. Le Bon Dieu les rassembla tous un jour et leur dit : - " Le temps approche où la famine régnera. Il sera interdit de toucher aux papayers. Celui qui en mangera perdra sa queue. Quelques semaines plus tard, la famine sévit dans tout le pays. Le chimpanzé qui se promenait, rencontra un papayer bien fourni. Il songea à la recommandation du Bon Dieu, mais grimpa quand même à l'arbre, dévora quelques fruits, et sa queue se sépara de ses jambes et de son corps et le quitta. Il descendit précipitamment et en pleurant courut chez le Bon Dieu. - "Ma queue est partie ! - " C'est parce que tu m'offenses, répondit le Bon Dieu. - " Pardonne-moi, je ne recommencerai plus. Le Bon Dieu lui rendit sa queue. A partir de ce jour, le chimpanzé ne toucha aucune papaye pendant plus de dix ans.
Un moment arriva cependant où la famine réapparut. Le chimpanzé, qui se promenait encore, rencontra un nouveau papayer. Il s'arrêta indécis, pensant au conseil du Bon Dieu, mais se dit en lui-même : - " Toutes les fois que je perdrai ma queue, le Bon Dieu me la remettra. Il grimpa alors à l'arbre et passa plus de deux heures entre les branches, à manger des fruits. Quand il redescendit, il n'avait plus de queue. Il courut chez le Bon Dieu sanglota à ses pieds : - " J'ai de nouveau perdu ma queue ! - "Je ne peux plus t'en donner d'autre. Va et reste ainsi durant toute ta vie. C'est la raison pour laquelle le chimpanzé n'a pas de queue." Source : Dynamique de la société ouobé, Girard J., IFAN 1967
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Sujet: Re: Bonjours & Bonsoirs Octobre 2019 Jeu Oct 17 2019, 07:38
Incroyable !!!!
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Sujet: Re: Bonjours & Bonsoirs Octobre 2019 Ven Oct 18 2019, 08:36
La création des hommes blancs, noirs, rouges et jaunes " Autrefois, une grosse calebasse avala les hommes du monde entier, sauf une femme en état de grossesse qui s'était cachée. Elle se réfugia dans la brousse et y vécut seule sans aide d aucune sorte. Un jour, elle accoucha de deux garçons jumeaux. L'un se nomma " Théhé" qui signifie un fameux guerrier, l'autre eut pour nom Oulaïne Gnon Soa qui veut dire : soldat de Dieu. Ces enfants naquirent, armés de lances, arcs, flèches et couteaux de guerre Ils grandirent aux côtés de leur mère. Parvenus à l'âge d'homme, ils étaient devenus tous deux d'habiles chasseurs, tuant les éléphants, les panthères, mais surtout les animaux cruels. Un jour, leur mère leur dit : - " La calebasse a avalé votre père, votre grand-père, votre grand-mère, tous vos ancêtres et tous vos frères et sœurs. Les enfants furent vivement émus en entendant ces paroles. Ils demandèrent : - " Maman, où se trouve cette diable de calebasse ? La mère eut peur de la leur montrer, car elle était dangereuse, ayant déjà avalé ses parents, son mari, et tous les hommes du monde. Si elle parvenait encore à avaler ces derniers pauvres enfants, la mère resterait seule, malheureuse et remplie de chagrin - " Ne craignez rien Maman, lui dirent les jumeaux. Montrez-nous où se trouve la cruelle calebasse pour que nous allions la combattre. Les jumeaux allèrent se coucher. Le matin, à l'aube, ils s'armèrent de lances, arcs flèches et couteaux de guerre, puis partirent vers l'endroit désigné. De loir, ils entendaient les cris de la calebasse au milieu de la forêt : - " Toaclignolé, a clignoho... qui signifient : "C'est moi cette énorme calebasse qui ai avalé les hommes du monde entier. Si j en trouve d'autres aujourd'hui, je les avalerai encore. " Les enfants se murmurèrent l'un à l'autre de marcher tout doucement. En approchant un peu, ils aperçurent l'énorme calebasse qui rugissait, roulant en montant et descendant une côte. Ils se firent des signes. Immédiatement, l'un passa du côté où elle descendait, l'autre de celui où elle montait. La calebasse entre eux répétait ses menaces, en se dirigeant vers le haut. L'enfant, un genou en terre, en position de guerre, envoya sa flèche.Peffih! Elle pénétra en plein cœur de la calebasse qui roula de l'autre côté où le second enfant l'attendait. D'un coup de lance, il la fendit en deux. La calebasse s'ouvrit : les hommes étaient superposés comme les rayons de cire dans une ruche, sur quatre couches. Sur le premier rayon, étaient les corps blancs, c'est-à-dire les Européens de France ; sur le second : les corps jaunes, c'est-à-dire les Allemands ; sur le troisième : les corps rouges, c'est-à-dire les Esquimaux des pôles nord et sud ; sur le quatrième : les Noirs d'Afrique. Après leur délivrance, les hommes repartirent dans leur pays. C'est grâce aux deux jumeaux que des races de différentes couleurs vivent aujourd'hui sur terre. " Source : Dynamique de la société ouobé, Girard J., IFAN 1967
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Sujet: Re: Bonjours & Bonsoirs Octobre 2019 Ven Oct 18 2019, 08:43
Une belle histoire!
Plus jolie que celle de la tour de Babel
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Sujet: Re: Bonjours & Bonsoirs Octobre 2019 Sam Oct 19 2019, 08:23
L'araignée chez les bosses
" Au temps jadis, survint une grande famine et l'araignée qui venait d'épouser une très jeune fille ne trouvait même plus un morceau de manioc pour la nourrir. Aussi alla-t-il en brousse à la recherche d'ignames sauvages. Il marcha longtemps. Tout à coup à peu de distance de lui, il aperçut les Hommes Bosses en train de faire les funérailles de leur vieux père. Lorsqu'un homme de cette race meurt, la bosse qu'il a portée toute sa vie sur son dos ne le suit pas, mais reste sur terre à la charge d'un de ses enfants ou petits frères. Le jeune homme araignée s'approcha en disant : - " Ah ! quel malheur ! Pourquoi, votre vieux père étant mort, ne m'avez-vous pas appelé pour participer à la fête ? et les Hommes Bosses se laissèrent prendre à la supercherie. Ils s'excusèrent en lui donnant un gros mouton, un sac de riz et une tine d'huile rouge. L'araignée en échange accepta le souvenir du père, c'est-à-dire sa bosse. Ainsi fut conclu le marché. Les premiers étaient satisfaits de ne pas hériter de la bosse et le second se félicitait de son stratagème qui le pourvoyait en provisions. Cependant, la fête continuait. Les Hommes Bosses achevaient de distribuer aux convives la viande cuite à l'occasion des funérailles. Dès que chacun avait sa part, il regagnait sa case avec sa bosse. En effet, lorsqu'ils sont au village ou occupés à la plantation, ou encore à la chasse en brousse, les Hommes Bosses peuvent déposer leur bosse à terre, mais quand vient l'heure de rentrer au logis, la bosse d'un coup saute sur leur dos dés qu'ils ont prononcé les paroles suivantes : " Koabloho, zindehé ! Zimpaclebedé, epaclebedé ingnouhin! qui signifient en Ouobé : " Bosse de nos ancêtres, Toi qui vécus avec eux et qui es à présent l'inoubliable souvenir que nous conservons d'eux, Viens, nous rentrons chez nous. " Ainsi procédait chacun des Hommes Bosses présents aux funérailles et l'une après l'autre, chaque bosse posée à terre pendant le repas, sautait sur le dos de son possesseur. Il ne resta plus sur le sol que la très vieille bosse du père, toute barbue. Son nom était Zin, c'est-à-dire " bosse ". Elle attendait que le jeune homme araignée l'endossât. Celui-ci s'était débrouillé pour recevoir le dernier sa portion de nourriture, afin de rester seul et de s'enfuir. Mais les autres étaient là, rassemblés, chacun avec la bosse de ses ancêtres sur son dos, impatients de rentrer chez eux et attendant que l'étranger dit la prière. Celui-ci se vit obligé de commencer : - " Koabloho, zindehé ! Zimpaclebedé, epaclebedé, ... clebedé... mais il ne prononça pas le dernier mot qui lui donnerait la bosse et l'empêcherait de retourner auprès de sa jeune épouse. - " Dépêche-toi de dire ta prière, grondèrent les Hommes Bosses. Et l'araignée recommença très lentement : - " Kaobloho, zindehé ! Zimpaclebedé, epaclebedé... clebedé... Il ne pouvait se résoudre à terminer. Se demandant comment sortir de ce mauvais pas, il cherchait autour de lui, par où s'enfuir. Insensiblement, il se rapprocha d'un coin. Puis, comme pour prononcer enfin la prière rituelle, il commença à réciter et brusquement se pencha, trancha d'un coup de couteau la liane attachant le mouton reçu en présent, le jeta sur son dos et chargé de tous les autres cadeaux, il s'élança dans la brousse. Il avançait dans la forêt noire en coupant les lianes qui gênaient sa marche. Si les Hommes Bosses n'avaient pas osé le poursuivre, la vieille bosse barbue était là derrière lui et, chaque fois qu'il tranchait une liane, elle en sectionnait une elle aussi et passait. Car la puissance des ancêtres ne pouvait rester seule. Il lui fallait être prise en charge par un homme vivant. Il faisait grand nuit quand l'araignée arriva chez elle. Elle ouvrit la porte et entra avec ses provisions. Sur ses talons, la bosse invisible se glissa sous le toit de la case. Lorsque les deux époux se furent bien rassasiés avec les provisions, l'araignée dit : - " Aujourd'hui, j'ai trop froid. Nous ne coucherons pas par terre mais au grenier. A la vérité, elle avait peur de la bosse qu'elle imaginait rôdant dans la nuit, autour de la case. Aussi, ferma-t-elle soigneusement la porte et suivie de sa femme, grimpa au grenier. Lorsqu'ils furent couchés, la jeune femme demanda : - " S'il vous plaît, où avez-vous trouvé tout ce riz, toute cette huile et ce mouton ? - "Ah ! ma chère dame, vous voudriez le savoir ? répondit le jeune homme. Eh bien voilà : quand je suis parti en brousse ce matin, j'ai rencontré les Hommes Bosses en train de célébrer les funérailles de leur vieux père qui venait de mourir. Je les ai abordés en leur demandant pourquoi ils ne m'avaient pas prévenu ? Ils se sont excusés en me donnant ce sac de riz, cette tine d'huile et ce gros mouton. Mais la bosse du vieillard m'est restée en partage. Je me suis sauvé sans prononcer la prière comme ils me demandaient de le faire, car celui qui la récite entièrement, voit la bosse lui sauter sur le dos. Ses paroles sont : " Koabloho, zindehé ! Zimpaclebedé, epaclebedé... clebedé... Non, ma chère épouse, je ne puis pas les achever, c'est trop dangereux pour moi. - " Si tu ne me les dis pas, je retourne chez mes parents, menaça la jeune femme dévorée de curiosité. - " Après tout, tant pis, fit le jeune homme. La bosse ne m'entendra pas. A cette heure, elle doit être retournée chez elle. Rien ne m'empêche donc de te dire la prière . Écoute : " Koabloho, zindehé ! Zimpaclebedé, epaclebedé ingnouhin ! Ah quel malheur ! Sitôt ce dernier mot prononcé, la bosse creva le toit de la case, arracha le papo et cogna le dos du garçon si violemment qu'il traversa le plafond et tomba en bas, sur le sol de la case. L'araignée remonta auprès de sa femme. - " Que se passe-t-il ? demanda-t-elle. - " Ce n'est rien, ma chère épouse, je m'étais mal couché et c'est ce qui m'a fait tomber. Cependant, la bosse courbant son dos, elle ajouta : - "... demain, j'irai à l'aube défricher la brousse qui envahit notre plantation de riz. Toi, tu m'apporteras mon repas au champ dès que tu l'auras préparé. Mais à l'entrée, tu m'appelleras afin que je sois prêt à te recevoir. La femme répondit qu'elle ferait ce qu'il ordonnait. Elle dormait encore lorsque l'araignée se leva et partit le dos courbé par sa bosse, le lendemain matin. Son premier soin fut de désherber un endroit bien ombragé et de creuser sur le côté d'une termitière, un trou à la dimension de sa bosse, de façon que s'asseyant à terre, le dos appuyé à la termitière, sa bosse fût invisible, cachée dans le creux. Cette précaution prise, elle entreprit le débroussement du sol. Le soleil était déjà haut dans le ciel lorsque la femme vint apporter la nourriture du matin. Elle appela son époux à l'entrée, et lui, abandonnant aussitôt sa matchette, courut s'asseoir le dos à la fourmilière et souriant l'attendit. La jeune femme s'approcha, déposa devant lui le canari et repartit sans avoir remarqué la difformité de son époux. Tous les jours, le jeune homme procéda ainsi. Le soir, il rentrait chez lui, longtemps après que la nuit fût tombée. Il arriva pourtant que la jeune femme se demandât : - " Comment se fait-il que mon mari ne se lève jamais devant moi ? et elle eut une idée. Le jour suivant, son repas prêt, elle partit ramasser des " fourmis guêpantes ". Puis elle se rendit à la plantation un peu plus tôt que d'habitude et sans se faire voir de son époux occupé ailleurs, libéra les fourmis dans les creux de la termitière. Elle regagna ensuite l'entrée du champ et annonça son arrivée par de grands cris : - " Mari ! appella-t-elle. Mari ! je vous apporte à manger. Aussitôt l'araignée se hâta de rejoindre son trou dans la fourmilière. Sa femme déposa la nourriture devant lui et reprit le chemin de la case. Dès qu'elle se trouva hors de la vue de son époux, elle se cacha derrière un palmier et surveilla les gestes de l'araignée. Celle-ci était assise. Elle commença à manger puis à se trémousser. Les fourmis la piquaient. Bientôt, il lui fut impossible de demeurer en place et elle se leva. La jeune femme apercevant alors son dos tout courbé par la bosse, s'écria : - " Ah ! cher mari. Je vois la bosse que tu as sur le dos et je ne veux pas vivre avec un mari infirme ! Sur ces mots, elle prit la fuite et rejoignit la concession de ses parents. Depuis ce jour, l'araignée ne l'a point revue. De l'aventure retracée par ce conte, date la possibilité pour une femme de divorcer à sa guise. Mais la faute en revient à l'araignée qui n'a pas su conserver pour elle, ce qu'elle devait garder dans le secret de son cœur. Souvenez-vous aussi qu'il ne faut pas jouer avec la puissance des ancêtres que le garçon endosse pour danser sous le masque. "
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Sujet: Re: Bonjours & Bonsoirs Octobre 2019 Sam Oct 19 2019, 08:27
Quelle histoire !!!!!
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Sujet: Re: Bonjours & Bonsoirs Octobre 2019 Dim Oct 20 2019, 07:54
Histoire de la fille du roi Bagui 1/2
II était une fois une princesse nommée Sébahi, si belle que tous les jeunes gens du monde désiraient l'épouser. Mais elle refusait toutes les demandes de fiançailles, en disant : - " Celui qui sera mon époux n'est point parmi vous. " Un jour pourtant, un diable de brousse alla consulter un marabout et lui demanda quel moyen utiliser pour gagner le cœur de Sébahi. - " Cher génie, je vous prie de m'indiquer comment conquérir la fille du Roi, la princesse Sébahi. - "J'accepte de te le dire, répondit le génie qui avait l'apparence d'une chenille. Le diable était à ce moment-là, la bête la plus laide que l'on puisse imaginer. Il réclama tout d'abord la beauté. - " Si tu vas demander au singe de brousse, ses cheveux blonds, dit le génie ; si tu remplaces tes dents par des champignons choisis parmi les plus blancs, car tes dents de diable ressemblent à celles des éléphants et tout le monde a peur de toi ; si tu prends les pieds d'une taupe, les yeux d'une musaraigne, la belle figure d'une girafe ; si tu fais tous ces emprunts, tu seras beau."
Le Guinarou remercia la chenille, et alla chercher tout cela. Il devint alors très agréable à regarder et le sut. Aussi se mit-il sans retard en route pour aller présenter sa candidature à la jeune fille. Lorsqu'il arriva à son village, il s'était transformé en un homme très important.
Sébahi aima de tout son cœur ce Guinarou qui venait solliciter sa main. Elle dit : - " Celui-ci sera mon mari pour l'éternité. Alors la petite sœur de la princesse qui était sa gardienne, fut prévenue par la mouche tsé-tsé sa protectrice et intervint : - " Ah ma sœur ! ce n'est pas un homme que tu vas épouser. C'est un habitant de la brousse. Sébahi répondit : - "Vas-t'en, tu m'ennuies. La petite sœur se mit à pleurer sur le malheur de Sébahi qui ne connaissait pas son destin. Zédé fiança la fille. Il passa une belle nuit avec elle et au lever du jour les parents leur apportèrent à manger, i gnorant qu'un diable avait emprunté aux habitants de la brousse, toutes les parties de son corps pour séduire leur fille. Lorsqu'ils furent rassasiés, Sébahi fut autorisée à partir avec lui. Sa jeune sœur lui dit alors : - " Va dans la case où dorment les chevaux de ton père. Prends le plus petit que tu trouveras et monte-le pour accompagner ton fiancé. Comme ça, il ne t'arrivera rien de mal. - " Comment oses-tu me parler ainsi, à moi la princesse ? la reine du monde ? Il ne peut rien m'arriver de mal. C'est impossible. La petite ne put s'empêcher de pleurer : " Sébahi va mourir. Elle ne connaît pas son avenir, elle ignore le malheur qui va la frapper. " Elle pleurait interminablement. Pour arrêter ces larmes, Sébahi alla chercher le petit cheval de son père, accepta des mains de sa sœur un œuf de poule, une pierre blanche et un brin de raphia. Puis elle partit avec son fiancé. Lorsqu'ils eurent parcouru une longue distance, ils trouvèrent devant eux à un détour de la piste, le champignon qui avait prêté ses dents au Guinarou. Il parla : - " Ah ! bonne arrivée cher ami. Je suis heureux de te voir car les dents que tu m'as données en échange des miennes m'ont empêché de manger. Je ne puis dormir, car depuis ton départ, la faim me tenaille. Sébahi entendant ces mots, se souvint de la mise en garde Je sa sœur et se demanda si ce qu'elle voyait était vrai. - " Je ne vais pas plus loin, je retourne chez mes parents, dit-elle au diable. - " Non, c'est impossible car tu commences à voir mon personnage. Continuons tu seras ma femme, répondit le Guinarou. La jeune fille ne pouvait s'échapper car la distance était déjà trop longue. En suivant le Guinarou, elle hochait la tête de désespoir : " Vraiment, je suis dans le malheur et le chagrin... " Plus loin ils rencontrèrent sur la piste, la taupe qui les attendait. - " Ah ! bonjour cher ami. Les longs pieds que tu m'as laissés en échange des miens m'empêchent de marcher. Avec eux je ne puis couper les petits roseaux que j'aime tant grignoter. Te voici arrivé à point. Prends tes pieds et rends-moi les miens. Et le diable rechaussa ses grands pieds. Sébahi était très inquiète. Ils reprirent le chemin et arrivèrent au village de la musaraigne. - " Ah ! dit celle-ci, bonne arrivée mon ami. Avec les gros yeux que tu m'as donnés en échange des miens, je ferme très difficilement les paupières et je vois les objets tout drôlement aujourd'hui. Puisque tu es là, reprends tes yeux et rends-moi les miens. Et le Guinarou lui rendit ses yeux. La femme suivant son mari qui ressemblait de plus en plus au diable, chemina jusqu'au village de celui-ci. Ils se marièrent et reprirent leur route. Guinarou marchait à pieds et Sébahi suivait, montée sur son petit cheval. Ils parvinrent ainsi au village du singe blond. - " Ah ! tu as épousé la fille du Roi, la princesse ? C'est très bien. Merci mon ami. Tu es brave. Mais les cheveux que tu m'as laissés en échange des miens appesantissent ma tête et l'empêchent de bouger quand j'ai envie. Rends-moi ceux qui me reviennent et prends les tiens. Et la fille le cœur battant continua son chemin. Le diable devenait de plus en plus laid. Il était si horrible qu'aucun être humain ne pouvait le regarder. Et Sébahi qui avait refusé d'épouser un homme dont la beauté n'égalât pas la sienne, eut peur. Elle courba la tête et pensa à la mort. Il ne restait à présent au diable plus que son visage de girafe à restituer. En son cœur, la fille se dit : - "Bien qu'on lui ait enlevé ses dents, ses pieds, ses yeux, ses cheveux, je peux encore si je le désire contempler son visage. L'un suivant l'autre, ils parvinrent à la grande savane abritant derrière se" buissons, le village des girafes. - " Bon, dit le Guinarou à Sébahi, attends-moi ici sans bouger. Je m'en vais uriner derrière le buisson que tu vois. Et il s'éloigna. Il rencontra la girafe qui lui demanda de lui rendre son beau visage et lui, retrouva sa vilaine gueule, sa bouche affreuse crachant, l e feu. Ayant ainsi repris complètement son apparence de diable, il rejoignit sa femme, Sébahi la jeune fille. Lorsque le petit cheval aperçut sa bouche fumante, il eut très peur et hennit très fort. Il se cabra, fit volte-face et emporta la jeune fille au triple galop. Derrière eux, le diable prit sa course et la poursuite commença. Le cheval courait si fort qu'il se trompa de route et s'engagea sur la piste conduisant au village où les femmes ne vont jamais. Le diable s'aperçut de l'erreur, mais Sébahi jeta l'œuf de poule et une mer immense barra le chemin au Guinarou. Arrivant sur le rivage, celui-ci dit : - " Toi la mer, si ce n'est pas là la manière de ma première épouse, ne me laisse pas le passage pour que je la rejoigne. Il donna un coup de lance et comme elles étaient l'oeuvre de Sébahi, les eaux se fendirent, ménageant un étroit couloir. Le diable s'y précipita et reprit sa poursuite. Il courut si vite qu'il fut bientôt près de Sébahi. Alors elle jeta la brindille de natte et une forêt dense, si dense qu'aucun mari ne pouvait y passer, qu'une aiguille n'y trouverait pas son chemin, surgit entre eux. Et le diable répéta sa prière : - " Si cette forêt n'est pas l'œuvre de la main de ma première épouse, qu'elle ne me laisse pas le passage. Mais si c'est son ouvrage, ouvre-moi mon chemin. Il tira une flèche et une route toute droite s'ouvrit, sur laquelle il s'élança. Et la poursuite continua. Le diable courait. Il se rapprochait. Pour la troisième fois, il était près de Sébahi. Bientôt, il pourrait la saisir. Alors elle jeta la pierre blanche et une grande montagne se dressa, très haute, énorme, rocheuse, colossale. Le Guinarou se mit à genoux :
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Sujet: Re: Bonjours & Bonsoirs Octobre 2019 Dim Oct 20 2019, 08:40
La suite ?????
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Sujet: Re: Bonjours & Bonsoirs Octobre 2019 Dim Oct 20 2019, 12:49
Demain bien sûr
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Sujet: Re: Bonjours & Bonsoirs Octobre 2019 Dim Oct 20 2019, 16:43
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Sujet: Re: Bonjours & Bonsoirs Octobre 2019 Lun Oct 21 2019, 08:02
Histoire de la fille du roi Bagui 2/2
- " Si cette montagne n'est pas l'œuvre de la main de ma première épouse Sébahi, qu'elle ne me laisse pas le passage. Mais si c'est le fait de ma simple femme, délivre-moi de cet obstacle, afin que je puisse passer. Quand il donna de la lance contre le roc, son arme se brisa en deux. - "Bon, dit le diable en regardant sa lance, Sébahi, je sais que tu vas dans le village où les femmes ne peuvent pénétrer. Élevant sa voix formidable, il appela ses camarades démons à la rescousse, pour qu'avec lui, ils attendent la jeune fille sur la montagne et la tuent, lorsqu'elle se trouvera dans l'obligation de revenir sur ses pas. Toujours galopant, le cheval tourna sa tête et approchant ses naseaux de l'oreille de Sébahi, lui dit : - " Nous voyons les cases du village où les femmes ne vont pas. Ici, sur mon épaule gauche, arrache un poil afin qu'il te serve de pantalon. La jeune fille enleva le poil et celui-ci devint un pantalon qu'elle enfila. Le cheval parla encore : - " ... de l'autre côté, sur mon épaule droite, arrache un second poil pour qu'il te serve de boubou. Elle obéit et s'enveloppa d'un ample boubou. - "... regarde sur mon cou, ajouta l'animal. Prends un autre poil et qu'il te serve de chéchia. Et Sébahi se coiffa d'une chéchia. - " Bon, dit le petit cheval en la regardant, c'est bien. Maintenant tourne-toi vers le bout de ma queue, tire un crin et que cela te serve d'épée. Porte-la suspendue à ton cou. Et la jeune fille fit ce que le cheval commandait. - " ... prends ici au coin de ma paupière gauche, un cil, et fais-t'en une paire de babouches. Quand tout ceci fut fait, la jeune fille avait pris l'apparence d'un homme. Elle s'approcha du village interdit, y pénétra, demanda à voir le chef en se présentant comme le Roi d'un autre pays, venant faire une visite de voisinage. Le chef la reçut courtoisement. Mais une vieille sorcière, de celles qui prévoient la gâti de toutes choses, qui disent ce qui est bien, mauvais, mérité, ce qui n'est pas dû, soupçonna une fraude en voyant Sébahi et déclara : - " Je m'en vais faire l'épreuve des kolas. Elle fendit en deux une kola blanche envoyée par le chef. - " ... lorsque je les aurai lancés, si les deux morceaux de noix retombent la face en l'air, c'est que le visiteur est garçon. Si l'une seule des faces est tournée vers le sol, c'est que nous avons affaire à une femme. L'épreuve devait avoir lieu devant le chef, mais il l'interdit au dernier moment et ses hommes l'approuvèrent. - " Non. Ce que vous soupçonnez est faux. Cette épreuve ne nous donnera pas la vérité. L'étranger est un garçon. Mais si vous voulez que nous nous en assurions demain à l'aube, tous les jeunes hommes du village partiront aux champs et en rapporteront vingt gourdes de vin de palme très fort et dix de vin de palme sucré. Ils faisaient tous ces projets à l'insu de Sébahi qui était allée dormir dans une case. - " Lorsqu'on va lui présenter le vin, disaient-ils, si c'est une femme elle ne pourra pas boire le vin fort. Elle ne goûtera qu'au vin sucré. Elle révélera alors son sexe et nous la tuerons. Si au contraire, c'est un homme, il choisira le vin fort et nous le laisserons aller. Ainsi parlaient le chef et ses hommes. Mais le cheval veillait. Resté à côté de la case, il avait tout entendu. - " Demain, dit-il à la jeune fille, on t'offrira du vin. Ne touche pas aux dix gourdes qui seront mises à part. Sers-toi de celui des vingt autres qui se trouveront à côté. Au matin, le chef du village fit apporter les trente gourdes. Il groupa les dix de vin sucré, les vingt de vin fermenté et les présenta à Sébahi. Elle tendit la main, saisit une gourde de vin sucré, la porta à ses lèvres : - " Oh ! on dirait de la limonade s'écria-t-elle. Ce n'est pas bon. C'est une boisson de femme, je n'en veux pas. S'emparant d'une gourde de vin fermenté, elle le goûta. - " Voilà ce que je préfère boire ! Le cheval l'avait prévenue. " Ce que tu boiras, avait-il dit, c'est moi qui l'urinerai. Donc bois autant que tu pourras. " Sébahi but ainsi les vingt gourdes de vin fermenté. Le chef et ses hommes dirent alors à la sorcière : - " Regarde, elle a bu les vingt gourdes de vin fort. Voilà la preuve qu'il s'agit d'un homme. Tu nous as trompés et nous te tuerons à sa place. Ils exécutèrent leur menace. Lorsque la jeune fille fut prête à partir, elle monta sur son cheval, fit ses adieux au chef, aux hommes qui reçurent l'ordre d'accompagner l'étranger jusqu'au prochain carrefour. Arrivée là, la princesse renouvela son salut. Une fois loin d'eux, elle cria : - "A vous qui dites que les femmes ne pénètrent jamais dans votre village, je dis que moi, Sébahi, fille de Roi, j'y suis entrée et qu'à cause de moi vous avez tué votre vieille. Aujourd'hui je connais votre manière de vivre. Et elle s'élança au grand galop de son cheval. Le chef et ses hommes prirent leurs montures, s'armèrent de lances, de flèches et se mirent à sa poursuite. Le petit cheval courait, courait devant. En arrivant au pied de la montagne formée par la pierre polie, il prit son élan et la franchit d'un bond. Il retomba sur le sol devant le Guinarou et ses hommes tous surpris. Avant qu'ils aient pu reprendre leurs esprits, il était déjà loin et derrière lui courait le diable et son train. Après un long galop, il atteignit le village du père de Sébahi. Là, les parents et la sœur, le cœur inquiet se désolaient. Ils se réjouirent tous grandement en la retrouvant. Revoyant son village, la jeune fille rassembla les habitants et leur parla ainsi : - " Les conseils des parents et des petits enfants peuvent sauver la vie d'un homme. L'histoire est à présent terminée. Lorsque votre petite sœur ou votre petit frère vous donnera un conseil, ne dites pas : " Comment toi si petit, tu veux me commander ? ". " Source : Dynamique de la société ouobé, Girard J., IFAN 1967
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Sujet: Re: Bonjours & Bonsoirs Octobre 2019 Mar Oct 22 2019, 05:46
Comment est née l'expression "Si j'avais su"
" II y avait une fois, une pauvre femme qui vivait seule dans sa bicoque perdue au cœur de la forêt. Nuit et jour, elle réfléchissait au moyen d'échapper à la vie rude qu'elle menait. Un matin, ne pouvant supporter plus longtemps sa solitude, elle leva les yeux et les bras au ciel et à genoux implora Dieu de lui venir en aide. Deux lunes passèrent, mais son isolement et sa misère restaient les mêmes. Alors dans un dernier sursaut de courage, elle fit savoir au Dieu puissant du Très-Haut qu'elle avait encore espoir. Considérant le pitoyable état de cette femme, le Seigneur lui envoya un esprit vivant appelé " Si quelqu'un pouvait me faire ceci... ". Il suffisait d'émettre un désir pour le voir se réaliser immédiatement. Folle de joie, la femme alla se dissimuler dans un coin de sa cabane pour exprimer sa gratitude au Seigneur. Ensuite comme elle avait très faim, elle prononça ces mots : - " Ah ! Si quelqu'un me faisait cuire à manger... Sa phrase n'était pas terminée que déjà surgissaient de toutes parts d'énormes chaudrons de riz, de couscous, de manioc, d'ignames et patates, et toutes sortes de plats également délicieux. Sans perdre un instant, elle se jeta sur la nourriture et mangea tout son saoul. Puis elle pria l'esprit de lui faire retrouver la jeunesse. Ainsi fut fait. Quelques jours passèrent et un soir, alors qu'elle était assise dans le calme de sa case, l'idée de demander un enfant lui traversa l'esprit. C'était là pour elle, le plus sûr moyen de trouver le bonheur. - " Ah ! Si quelqu'un pouvait me faire un enfant, dit-elle. Aussitôt à sa grande stupéfaction, un joli petit garçon tout nu lui tomba dans les bras. Un plaisir très doux inonda alors son cœur et pour manifester son allégresse, elle fit à l'enfant qui lui répondit par des pleurs, un beau sourire avec ses lèvres rouges et ses dents étincelantes de blancheur. Des jours, puis des semaines passèrent et la femme demanda au génie de faire grandir son fils. Rapidement, celui-ci grandit sous ses yeux. En une heure, il devint, un colosse. Beaucoup de mois et d'années passèrent ensuite. La mère vivait avec son fils dans la brousse sauvage. Ils étaient parfaitement heureux et ne manquaient de rien, sans peine aucune. Un jour pourtant, la femme redevint vieille, très vieille et la veille de sa mort, bénit son fils, lui donna des conseils et lui transmit son pouvoir magique. Aussitôt après, elle mourut. Le jeune homme eut beaucoup de chagrin. Il pleura pendant un jour et une nuit puis demanda à l'esprit d'enterrer le corps de sa mère. Ce qui fut fait en un éclair. Après, il pria le génie dont il était devenu le maître : - " Construis-moi un grand village moderne, peuplé d'hommes, et fais de moi, leur Roi. Les ordres furent exécutés et un important village peuplé d'hommes, de femmes, d'enfants et d'animaux domestiques, ombragé de beaux arbres au feuillage épais, s'éleva au bord d'une jolie rivière poissonneuse. Sur la place, une foule tumultueuse se pressait pour élire son Roi qui n'était autre que le jeune homme. Assis sur son trône, entouré de griots qui chantaient ses louanges et qui satisfaisaient tous ses caprices, le Roi s'adressa ensuite au génie : - "J'ai envie d'aller au cabinet, dit-il. Emporte-moi sur une grande place, large, bien dégagée, très propre. Il y fut aussitôt transporté. - "... déshabille-moi, continua le garçon téméraire. Et le pouvoir magique le fit, car il lui était absolument impossible de désobéir. Lorsque le jeune homme fut tout nu, il entendit une voix venue d'en haut, qui lui disait : - " J'ai mis ta mère sous la protection d'un génie, afin de soulager sa misère qui me faisait pitié. Je ne t'ai pas permis de déshonorer mon pouvoir divin. Sois donc dorénavant responsable de tes actes. Le jeune homme tremblant ouvrit alors ses yeux que la crainte lui avait fait fermer et se vit accroupi, entièrement nu, sur une place pleine de gens qui le regardaient avec des yeux moqueurs et méprisants. Il eut alors si honte qu'il se changea en l'expression : " Si j'avais su ".
Source : Dynamique de la société ouobé, Girard J., IFAN 1967
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Sujet: Re: Bonjours & Bonsoirs Octobre 2019 Mer Oct 23 2019, 08:40
L'origine du divorce
Il était une fois un homme et une femme mariés qui vivaient heureux. Lui allait à la chasse et elle cultivait un grand champs de maïs qui s'étendait à l'infini. Malheureusement, un groupe de gorille venait régulièrement piller la récolte. Un jour, il fut sollicité par sa femme pour chasser les gorilles qui endommageaient le champs. Mais il refusa, disant que s'il surveillait un coin, les gorilles allait saccager de l'autre côté. Un matin, la femme en eut assez et décida de chasser elle-même les gorilles de son champs. Elle emporta au champs le carquois et l'arc de son mari pendant que celui-ci dormait. Arrivée là-bas, elle se mit à l'affût, bien cachée derrière un buisson. Peu de temps après, tout un groupe de singe arriva pour prendre le petit déjeuner. La femme sorti une flèche du carquois et la décrocha sur le plus gros d'entre eux, leur chef, qui s'écroula. Les gorilles s'enfuirent en emportant le corps inanimé de leur chef. De retour au village, la femme alla annoncer à son mari qu'elle s'était occupée elle-même des bêtes qui ravageaient sa récolte. Au lieu de la féliciter, l'homme se mit en colère sous prétexte qu'elle avait perdu sa flèche. Elle fut donc obligé de retourner sur ses pas pour la récupérer. Dans son chagrin elle se mit à chanter :
Tiandé kwouè oho dé kwouè, tiandé Ta di tabassoué, tiandé Bou ayé soun, tiandé Soun ayé bou, tiandé Djrou ayé cloui, tiandé Cloui ayé djrou, tiandé (etc) (l'auditoire reprend " tiandé " à la fin de chaque phrase du conteur) Mince alors ! aller chez les gorilles, aller chez les gorilles, mince alors ! La flèche a atteint quelle partie d'abord ? mince alors ! La jambe ou le bras ? mince alors ! Le bras ou la jambe ? mince alors ! La tête ou le ventre ? mince alors ! Le ventre ou la tête ? mince alors !(etc)
Elle marcha pendant deux jours et une nuit en suivant les traces des gorilles avant d'arriver à leur village. Des centaines de gorilles immenses et féroces s'étaient réunis pour pleurer autour du corps de leur chef mort. Et la fameuse flèche était encore plantée dans sa poitrine. Alors, elle se jeta dans la foule et se mit à pleurer tout en chantant (Tiandé kwouè…) et en faisant de grande démonstration de douleur. Un peu surpris, les primates lui demandèrent qui elle était car en ce temps là, les hommes et les animaux se comprenaient. Elle répondit alors qu'elle était venu de très loin dès qu'elle avait appris le décès du grand singe, qui était son parent éloigné mais adoré. Au bout de plusieurs jours, même les enfants du chef étaient fatigués de pleurer mais elle continuait à hurler et à se rouler par terre dans une mare de pleurs. De sorte que tous les singes se sentaient gênés qu'une parente éloigné soit plus chagrinés qu'eux-mêmes, ses proches. Alors, il lui demandèrent si quelque chose pourrait diminuer sa peine. Elle leurs dit que s'ils pouvaient lui donner la flèche qui était à l'origine du décès, elle rentrerait chez elle avec un souvenir de son parent adoré. Ils lui donnèrent la fameuse flèche avant de la raccompagner aux portes de leur village. Une fois rentrée chez elle, elle donna la flèche à son mari et décida de le quitter. Ainsi, par eux, arriva le premier divorce.
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Sujet: Re: Bonjours & Bonsoirs Octobre 2019 Mer Oct 23 2019, 11:11
Elles ont toujours et dans tous pays été aussi malignes et rusées les filles pour tromper les garçons....Et je ne parle pas ici de sexe !!!!
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Sujet: Re: Bonjours & Bonsoirs Octobre 2019 Jeu Oct 24 2019, 08:32
L'Araignée et la famine C'était pendant une période de grande famine dans la forêt. Les animaux ne trouvaient plus de nourriture. L'araignée, qui n'avait pas mangé depuis des jours se mit à marcher droit devant elle à travers la forêt pour chercher quelque chose à se mettre sous la dent. Soudain, comme un mirage, lui apparut un champs de bananes mûres à point, prêtes à être mangé et, de plus, dissimulé des regards étrangers. Devant ce festin inattendu, l'araignée cria de joie : des bananes mûres ! A la suite de cela, l'araignée tomba raide étendue par terre. Au bout de quelques instants, une goutte de rosée vint chatouiller le nez de l'araignée qui se réveilla. Alors, le bananier lui dit ceci : ne crie jamais mon nom quand tu me vois. Je te laisse la vie sauve pour cette fois. Sers toi et mange mais surtout n'oublie pas ce que je t'ai dis. L'araignée après avoir mangé tout ce qu'elle pouvait, se mit à élaborer un plan. Au bout de quelque temps, l'embonpoint de l'araignée commença à faire des envieux, parmi les autres animaux. Un par un, ils venaient la voir pour connaître son secret. Elle promit d'abord de le révéler au lézard parce qu'il n'était pas très malin et qu'il n'avait pas la force de se venger s'il s'apercevait d'une tromperie. Ils partirent donc ensembles et après de nombreux détours, l'araignée l'amena à l'endroit où poussaient les fruits. Le lézard, surpris, s'écria " des bananes mûres ! ! !" et tomba raide mort. Comme elle l'avait prévue, l'araignée avait maintenant de la viande pour accompagner ses bananes.
Chacun à son tour l'accompagnait à la recherche de nourriture. Prenant confiance dans sa ruse, elle se mit à manger des animaux de plus en plus gros et puissants mais peu malins comme l'hyène ou l'éléphant. Au fur et à mesure que la forêt se vidait, l'araignée grossissait. Il vint un jour ou elle n'eut même plus peur de s'attaquer à des bêtes plus futées. Elle accompagna le lièvre affamé jusqu'à la bananeraie. Mais arrivé là-bas, le rongeur fit celui qui n'avait rien vu. " - Tu n'as encore rien trouvé ? , lui demanda l'araignée avec un large sourire - Ben, non, et toi ? répondit le lièvre, - Ici, on peut trouver des choses, il suffit de bien regarder, répondit l'araignée. " Au bout d'une heure de recherche, le lièvre n'avait rien trouvé: - Je ne vois pas l'ombre d'une carotte dans le coin, on devrait rentrer chez nous ! - On est pas en Europe, idiot, qu'est-ce qu'on trouve de bon ici...qui pousse dans les arbres ? - Je sais pas moi, des oranges ? - En plus, c'est bien devant toi, là, tout jaune et mûr à souhait, tu vois pas là, dit l'araignée excédée en montrant un énorme bananier couvert de fruits - Quoi ! Des papayes ! Ici ! Montre-moi vite ! - Ça c'est quoi ? Imbécile ! une banane bien mûre ...Arghh ! Dit l'araignée en mourant. Sur ce, le lièvre pris l'araignée et les bananes pour son dîner. Moralité : Il y a toujours une limite en tout. Celui qui se croit rusé, comme l'araignée, trouvera toujours quelqu'un pour le surpasser.
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Sujet: Re: Bonjours & Bonsoirs Octobre 2019 Jeu Oct 24 2019, 11:38
Tel est pris qui croyait prendre !!!!!!
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Sujet: Re: Bonjours & Bonsoirs Octobre 2019 Ven Oct 25 2019, 07:34
Le singe et la cigogne
Jadis, le singe et la cigogne étaient de grands amis. Un jour, le singe invita la cigogne à déjeuner. Il prépara une purée de mais qu'il servit dans des assiettes plates. Pendant que le singe se régalait en puisant à deux mains dans son assiette, la cigogne grignotait la bouillie avec son long bec, ne parvenant pas à avaler une seule bouchée. Quelque temps aprés, la cigogne rendit la politesse au singe. Elle prépara une soupe de poissons qu'elle versa dans deux hautes cruches au goulot effilé. Elle introduisit son long bec dans la cruche et but tranquillement la soupe. Le pauvre singe tournait autour de sa cruche, ne sachant pas par quel bout la prendre. Il finit par la renverser, et c'en fut fait de son repas. Depuis ce temps, la cigogne et le singe ne sont plus amis.
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Sujet: Re: Bonjours & Bonsoirs Octobre 2019 Ven Oct 25 2019, 09:10
Chez nous c'est le renard et la cigogne "qui se prennent de bec "
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Sujet: Re: Bonjours & Bonsoirs Octobre 2019 Sam Oct 26 2019, 08:37
Les trois antilopes .
Autrefois, il y avait moins de gibier qu'aujourd'hui. Les antilopes surtout étaient peu nombreuses. En fait, leur troupeau se résumait à deux femelles, si bien que les antilopes ne pouvaient pas se reproduire. Très malheureuses, les femelles n'arrêtaient pas de se plaindre, mais personne ne savait les conseiller ni les aider. Ces plaintes incessantes agaçaient prodigieusement l'Esprit des Eaux, qui habitait la fontaine à laquelle les antilopes venaient s'abreuver. Exaspéré, il leur dit : "Je suis las de vos lamentations. Je vous promets de transformer en antilope mâle le premier animal qui viendra boire à ma fontaine. Ainsi, vous serez trois. " Heureuses, les antilopes se dissimulèrent dans les buissons pour guetter leur futur compagnon. Voilà qu'un homme suivi de son fils arriva à la fontaine, et nos antilopes recommencèrent à se plaindre : "Nous ne voulons pas d'homme ! " L'homme dressa l'oreille : " Quelles sont ces voix ? " Mais le jeune homme, assoiffé, but à la fontaine sans plus attendre. Aussitôt, il se transforma en antilope sous le regard médusé de son père. Celui-ci comprit, cependant, ce qui venait d'arriver. Il soupira : " Hélas, mon fils ! Si tu rencontres les hommes, enfuis-toi. Si tu croises les éléphants, sauve-toi. Mais si tu aperçois les antilopes, joins-toi à elles. " Sur ces paroles, il s'en alla. Nos deux antilopes voulurent s'enfuir, mais le nouveau venu les rattrapa. Une nouvelle vie commença. Bientôt, les deux femelles eurent des petits, et le premier troupeau se forma. Depuis ce temps, les antilopes se multiplièrent au point qu'aujourd'hui nul ne saurait les compter.
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Sujet: Re: Bonjours & Bonsoirs Octobre 2019 Dim Oct 27 2019, 08:36
La tortue avisée.1/2
Tout le monde sait que les tortues sont extrêmement avisées. Un jour, l'une d'entre elles rassembla tous les animaux pour les avertir : "Une dangereuse plante pousse dans notre forêt. Nous devons la supprimer, sinon c'est elle qui nous supprimera ! " La tortue conduisit les animaux à la lisière de la forêt où s'étendaient les champs de chanvre et dit : "Voici la plante en question ! " Les animaux l'examinèrent et goûtèrent à ses petites feuilles. L'antilope fit la grimace : "C'est amer. Je ne vois pas pourquoi je devrais la brouter. " Le flamant hochait la tête : "Moi non plus. Je ne peux rien faire du chanvre, puisque je vis la plupart du temps dans l'eau." La carpe ne dit rien, mais s'en alla d'un coup de nageoire. Ainsi, le chanvre poussa en toute tranquillité. Un jour, les hommes vinrent, l'arrachèrent et en tressèrent des cordes. Ils les prirent pour bander leurs arcs. Ensuite, ils taillèrent des fléches dans l'écorce de palmier et allèrent chasser les oiseaux. Arrivés au bord de l'eau, ils lancèrent leurs fléches contre une bande de flamants. Les oiseaux s'envolèrent, mais l'un d'entre eux resta sur la rive, mortellement blessé. La tortue s'approcha de lui : "Si tu m'avais obéi lorsque je t'avais demandé de supprimer la plante de la forêt, tu volerais aujourd'hui tranquillement dans les cieux ! " Le flamant supplia : "Aie, tortue ! aide-moi " "Il est trop tard. " Un homme vint, prit le flamant et l'emporta chez lui. Ensuite, les hommes prirent une canne et y attachèrent une corde avec un crochet au bout. Ils plongèrent l'hameçon dans l'eau et en trés peu de temps, une carpe s'agita au bout de la corde. La tortue s'approcha d'elle à la nage : "Si tu m'avais écoutée, tu nagerais aujourd'hui en toute tranquillité ! " "Aïe, tortue ! aide-moi ! " supplia la carpe. "Il est trop tard ", répondit la tortue. Un homme tira sur la canne et sortit la carpe de l'eau. Ensuite, les hommes prirent les cordes et en firent des noeuds coulants qu'ils disposèrent sur un sentier. L'antilope s'y laissa prendre. La tortue s'approcha d'elle : "Si tu m'avais écoutée, tu courrais aujourd'hui tranquillement dans la clairière ! " "Aie, tortue ! aide-moi ! " supplia l'antilope.
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Sujet: Re: Bonjours & Bonsoirs Octobre 2019 Lun Oct 28 2019, 07:54
La tortue avisée.2/2
La tortue rongea la corde et libéra l'antilope. Depuis ce jour, elles furent amies. Et pourtant, l'antilope était aussi idiote que la tortue était rusée. Certes, elle admirait son amie pour son intelligence mais se disait dans son for intérieur : "Son intelligence ne lui sert à rien, puis qu'elle est lente. Elle ne peut attraper personne, pas plus qu'elle ne peut fuir ses ennemis. " Un jour, la tortue défia l'antilope : "Tu me crois lente, mais je peux te battre à la course quand cela me plaît. " "je voudrais voir cela ! " riait l'antilope. "Alors regarde bien. Nous allons courir jusqu'au sommet de cette colline et on verra bien laquelle d'entre nous y arrivera la première. " Juste avant la course, la tortue mordit la queue de l'antilope et s'y suspendit. L'antilope courut jusquêau sommet de la colline et se retourna pour voir peiner la tortue. Celle-ci lâcha la queue de l'antilope et dit : "Je suis là. je t'attendais. " L'antilope avait beau se creuser la tête, elle ne comprit pas comment la tortue s'y était prise pour arriver avant elle. En ce temps-là, le roi des animaux, le lion, convia tous ses sujets à un somptueux festin. Le léopard, le singe, l'éléphant vinrent ainsi que l'antilope et la tortue. Le repas fut magnifique, il y avait de la nourriture en abondance pour tout le monde. L'éléphant mangea des bananes, le crocodile du poisson. Par malchance, la tortue et l'antilope, qui avaient déjà l'eau à la bouche, avaient oublié leurs assiettes à la maison. Le lion avait bien demandé aux animaux d'apporter leurs assiettes, mais la stupide antilope n'y avait pas pensé. La tortue, occupée à inventer ses mauvais tours, avait bel et bien oublié, elle aussi, son couvert. Elle se tourna donc vers l'antilope : "Cours vite à la maison chercher deux assiettes pour que nous puissions manger ! " Mais l'antilope n'avait pas envie : "Pourquoi moi ? Ne cours-tu pas plus vite que moi ? " "Certes, mais tu habites plus prés. " L'antilope s'en alla chercher deux assiettes, mais auparavant, elle cria à la tortue : "Ne mangez pas tout ! " La tortue se mit aussitôt en quête d'une assiette. Elle aperçut un minuscule roitelet qui portait une énorme assiette. "A quoi te sert une aussi grande assiette ? " lui demanda la tortue. "Deux graines suffisent pour te remplir l'estomac. " "Tu as bien raison ", acquiesça le roitelet. "D'ailleurs, j'ai fini de manger. " "Dans ce cas, pourrais-tu me prêter ton assiette ? J'ai oublié la mienne à la maison ", demanda la tortue. Le roitelet ne se fit pas prier : "Fais seulement attention à ne pas la casser. " La tortue remplit son assiette et mangea à se faire éclater le ventre. Après qu'elle eut rendu l'assiette au roitelet, l'antilope revint. Elle se mit aussitôt à se lamenter : "Vous ne m'avez rien laissé ! " Et, en effet, seuls des os et des peaux de bananes témoignaient du magnifique festin. "Tu n'es pas la seule ! " riposta la tortue. "je n'ai pas mangé une seule bouchée en attendant mon assiette. Tu en as mis du temps ! " Le lion interrompit les lamentations de la tortue et de l'antilope qui se tenaient là, toutes penaudes, l'assiette vide à la main : "Vous avez tous bien mangé et vous avez pris des forces. Je vous donnerai l'occasion d'en faire une brillante démonstration. Nous allons tous lutter les uns avec les autres. Les vaincus deviendront les serviteurs des vainqueurs et le plus fort d'entre nous sera le roi. L'éléphant arbitrera les combats. " L'idée du lion était bonne. Il avait beau être trés courageux et puissant, l'éléphant était tout de même plus fort que lui. En tant qu'arbitre, cependant, il ne pouvait pas prendre part à la compétition. Le lion ouvrit les hostilités en rugissant et bondit sur l'antilope. Celle-ci s'écarta et s'enfuit à toutes jambes. Voyant qu'il n'arriverait pas à l'attraper, le lion se tourna contre la tortue qui se tenait juste à côté. Malheureusement, il ne pouvait rien contre sa dure carapace. Il essaya donc de la retourner sur le dos avec sa patte, mais la tortue le mordit et rentra la tête dans sa carapace, tenant la patte du lion bien serrée dans ses mâchoires. Le lion rugit de douleur, mais la tortue tint bon. L'éléphant dut la déclarer vainqueur de la compétition. Le lion s'en alla, vexé et humilié. La tortue devint la reine des animaux. Lorsque l'antilope revint sur ses pas, la tortue lui dit : "Je t'ai sauvé la vie une seconde fois. Si je n'avais pas tenu la patte du lion, il aurait bien fini par t'attraper. " L'antilope la remercia avec effusion. La tortue ne resta pas longtemps au pouvoir. Les animaux oubliérent rapidement qu'elle avait vaincu le lion et celui-ci récupéra petit à petit tout son prestige. Au demeurant, la tortue se moquait éperdument de sa nouvelle fonction : elle était trop intelligente pour une reine !
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Sujet: Re: Bonjours & Bonsoirs Octobre 2019 Mar Oct 29 2019, 08:47
12 octobre 1799 : Jeanne Labrosse . 1/2 devient la première femme parachutiste (D’après « La navigation aérienne » (par Arthur Mangin) édition de 1869, « Description des machines et procédés spécifiés dans les brevets d’invention, de perfectionnement et d’importation, dont la durée est expirée » (Tome 2) paru en 1818 et « Histoire des grands inventeurs français du XIVe siècle à nos jours » (par Philippe Valode) paru en 2015)
C’est avec le modèle amélioré du parachute dont son futur époux a fait l’expérience en s’élançant d’un ballon avec succès deux ans plus tôt, que Jeanne Labrosse effectue un saut d’une hauteur de 900 mètres, déposant trois ans plus tard au nom de son mari un brevet de l’appareil À partir de 1784, le parachutage de petits animaux commence à être étudié par des physiciens aussi réputés que Blanchard et Lenormand. Mais la question principale est bien celle de la sécurité des aérostiers. Depuis qu’à la bataille de Fleurus, pour la première fois, un ballon d’observation militaire a été utilisé, il convient de mettre au point un matériel de sécurité pour les aérostiers.
Élève du physicien Charles — inventeur du ballon à hydrogène — André-Jacques Garnerin est emprisonné dans les geôles autrichiennes en 1792 lorsqu’il imagine un système fait de toile et de cordes qui lui permettrait de sauter des remparts de sa prison sans se tuer. Ses gardiens découvrant les préparatifs auxquels il se livre, lui ôtent alors les moyens de les continuer.
Schémas du premier parachute d'André-Jacques Garnerin, que l'inventeur essaya avec succès le 22 octobre 1797 au Parc Monceau : Calotte du parachute ; Parachute ployé, à l'instant du départ ; Parachute déployé, à l'instant de la séparation d'avec le ballon Dès sa libération, et comme il est sans fortune, il songe à se créer des moyens d’existence, l’exemple de Blanchard l’encourageant à se faire aéronaute. Mais il consacre tout d’abord ses efforts à la mise au point du futur parachute, et fin 1796, réussit le parachutage d’un chien à partir d’un ballon. Puis il se décide à entreprendre son propre saut. Après deux échecs, les 20 août et 9 octobre 1797, il réalise un saut presque parfait le 22 octobre suivant.
« Cette expérience a consisté, précise-t-il, à m’élever à 350 ou 400 toises (7 à 800 mètres) dans l’atmosphère, pour m’abandonner à cette hauteur à la merci d’un parachute qui embrasse une colonne d’air qui a pour base un cercle de 23 pieds (soit près de 7 mètres). Je le construisis en toile de canevas très légère, recouverte de papier des deux côtés. Le poids de ce parachute avec tous ses agrès est de 34 livres (16,6 kilos), celui de la nacelle de 19 livres (un peu plus de 9 kilos) et le mien de 113 livres (soit 57 kilos), en tout 169 livres. » Le 22 octobre 1797, Garnerin s’élève d’abord dans les airs jusqu’à 915 mètres dans un ballon à hydrogène au-dessus du parc Monceau. Puis il coupe les cordes qui retiennent la nacelle au ballon et redescend dans la nacelle, le parachute en panneaux de soie déployé au-dessus de lui.
Passablement secoué, il atterrit de façon assez brutale, s’en tirant avec le genou un peu froissé — il avait eu le bon réflexe de sauter hors de la nacelle avant qu’elle ne touche le sol —, ce qui ne l’empêche pas de monter à cheval et de rentrer au jardin de Monceau, assure le journal L’Ami des lois, où i l est comblé des marques de sympathie et de joie de la foule.
Portraits de Monsieur et Madame Garnerin (André-Jacques Garnerin et Jeanne Labrosse), par Christoph Haller von Hallerstein (vers 1803)
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Sujet: Re: Bonjours & Bonsoirs Octobre 2019 Mer Oct 30 2019, 08:48
12 octobre 1799 : Jeanne Labrosse . 2/2 devient la première femme parachutiste (D’après « La navigation aérienne » (par Arthur Mangin) édition de 1869, « Description des machines et procédés spécifiés dans les brevets d’invention, de perfectionnement et d’importation, dont la durée est expirée » (Tome 2) paru en 1818 et « Histoire des grands inventeurs français du XIVe siècle à nos jours » (par Philippe Valode) paru en 2015)
Il reconnaît aisément la cause des oscillations ayant tant ému le public, et qui sont, en effet, de nature à occasionner les accidents les plus funestes. L’astronome Jérôme de Lalande, l’auteur de la célèbre Histoire céleste française (repérant la position de 50 000 étoiles), lui donne alors un précieux conseil : pour éviter les turbulences lors de la descente en parachute, il suffit de pratiquer une ouverture au centre de la voilure. C’est ainsi que Garnerin apporte à son parachute une modification indispensable en disposant sur le sommet du pavillon une cheminée d’un mètre environ de hauteur, donnant à l’air comprimé une issue qui, sans accélérer la descente de l’appareil, lui conserve une direction sensiblement verticales.
Cet appareil devient, dès lors, le palladium des aéronautes, qui manquent rarement de l’adapter à leurs machines ; plusieurs même, pour donner plus d’intérêt au spectacle de leurs excursions, les terminent en abandonnant leur ballon, et en se laissant descendre doucement sous le dôme de leur parachute.
La forme de calotte sphérique et les dispositions données par Garnerin à son appareil sont les seules conformes, non seulement aux lois de la statique, mais encore à celles du simple bon sens. Pourtant, en 1836, un Anglais nommé Cocking, grand amateur d’aérostation et tourmenté de la manie d’innover, aura la déplorable idée de renverser le parachute, d’en présenter à l’air la surface convexe au lieu de la surface concave ; c’était, dit avec raison Dupuis-Delcourt, « se suspendre à une sorte de vis aérienne, de tarière, qui, au lieu de ralentir la descente du corps, devait en accélérer la chute. » Cocking doutera si peu de l’excellence de son système qu’il voudra en faire lui-même l’expérience : le 27 septembre 1836, tenant son parachute dont il coupe la corde à plus de 1000 mètres, il atteint le sol en une minute et demie et meurt.
Le 12 octobre 1799, Jeanne Geneviève Labrosse, élève et future épouse d’André-Jacques Garnerin, est la première femme à sauter avec un parachute percé en son centre, permettant un écoulement harmonieux de l’air. Le 11 octobre 1802, elle dépose au nom de son mari le brevet n° 195 sur l’appareil dit parachute, destiné à ralentir la chute de la nacelle d’un ballon après l’explosion de celui-ci.
Illustration reproduisant le croquis accompagnant le brevet n°195 du parachute de Garnerin déposé le 11 octobre 1802. Crédit illustration : Agence Secrète (pour l’INPI)
Un brevet d’invention de cinq ans est officiellement délivré le 16 novembre suivant « pour l’invention d’un parachute, au sieur André-Jacques Garnerin, aéronaute, à Paris. » Le croquis détaillant l’appareil est accompagné de la notice explicative suivante :
« Parachute vu un peu de côté au moment de la descente, à environ 100 toises d’élévation. La nacelle dans laquelle l’aéronaute est placé est suspendue au-dessous par des cordes, à une distance à peu près égale au diamètre du parachute.
« A, vue du parachute déployé. Il est composé de trente-six fuseaux réunis à côté les uns des autres et formant une surface concave, de la nature de celle d’une voile enflée par le vent. Autant de fortes ficelles, partant du centre, règnent le long des coutures et viennent, en dehors de la circonférence, former, deux à deux, une pointe où l’on attache d’autres ficelles qui empêchent le parachute de se renverser et soutiennent la nacelle d’osier B.
« C, Tête du parachute : c’est une rondelle en bois qui sert à fixer quatre cordes qui concourent à soutenir la nacelle.
« D, Cercle en bois très léger, d’environ 8 pieds de diamètre ; il se trouve en-dessus, à l’extérieur du parachute, et sert à le tenir un peu ouvert lors de l’ascension. Son objet est de faciliter le déploiement du parachute au moment où il se sépare du ballon. »