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| Bonjours & Bonsoirs Octobre 2019 | |
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Auteur | Message |
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Invité Invité
| Sujet: Bonjours & Bonsoirs Octobre 2019 Mar Oct 01 2019, 00:05 | |
| Octobre nous accueille dans ses couleurs d'un sommeil doucement annoncé. L'automne enfile son écharpe de brume en ses matins plus frileux. Les magasins se parent d'orange pour accueillir l'enfantine et incontournable Halloween. Aux citrouilles, lampes ou soupières, ajoutons sur nos tables les beaux fruits et légumes de saison aux jolis noms évocateurs de parfums et de plaisirs : cèpes, bolets, topinambours, potimarrons, noix, navets, panais ou châtaignes. Octobre, entre feux et langueurs, invite parfois aussi à une certaine mélancolie... J'associe toujours cette saison à la superbe chanson "Octobre" de Francis Cabrel : "Le vent fera craquer les branches La brume viendra dans sa robe blanche Y'aura des feuilles partout Couchées sur les cailloux Octobre tiendra sa revanche" Accueillons chaleureusement ce bout d'octobre au coin de nos foyers. Que ce mois soit pour vous lumineux et, pourquoi pas, bercé de poésie ? Lâchez un peu vos ordis pour les pages douces savourées au fond d'un lit ou sous le plaid chaud près d'une flambée quand le bois craque ses pépites... Matin d'Octobre C'est l'heure exquise et matinale Que rougit un soleil soudain. A travers la brume automnale Tombent les feuilles du jardin. Leur chute est lente. On peut les suivre Du regard en reconnaissant Le chêne à sa feuille de cuivre, L'érable à sa feuille de sang. Les dernières, les plus rouillées, Tombent des branches dépouillées : Mais ce n'est pas l'hiver encor. Une blonde lumière arrose La nature, et, dans l'air tout rose, On croirait qu'il neige de l'or. François Coppée in Promenades et Intérieurs Sandra Dulier
Dernière édition par Roberto36 le Jeu Oct 31 2019, 23:10, édité 1 fois |
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| Sujet: Re: Bonjours & Bonsoirs Octobre 2019 Mar Oct 01 2019, 00:05 | |
| La conversation est-elle morte ? Du renoncement moderne à enrichir et exercer son esprit . 1/5 (D’après « Le Monde illustré », paru en 1922) Collaborateur de nombreux journaux et revues du siècle dernier, le critique, journaliste et romancier Albert Flament (1877-1956) déplore tant la forme que le fond de conversations du début du XXe siècle dont le principal sujet ne se trouve jamais être aujourd’hui que le prochain : jadis sorte d’escrime élégante et disciplinée, l’échange verbal est devenu insipide ; le plaisir des yeux prédomine et relègue au second plan l’effort cérébral ; lecture et écriture sont, dans l’esprit de nos contemporains, devenues rébarbatives, inutiles ; le vocabulaire appauvri faisant désormais autorité, le moindre effet de langage est regardé comme prétentieux... Je me trouvais à table, hier — à ce dernier dîner, qui est, pendant quinze jours, tous les soirs, le dernier et qui ne l’est jamais complètement jusqu’au 25 juillet, — entre une jeune femme charmante et un homme distingué, appartenant à cette élite qui passe pour représenter le meilleur échantillon de français, écrit Albert Flament en juillet 1922. Je ne sais comment s’opéra en moi tout à coup cette sorte de dédoublement qui fait que, dans ce que les gens disent, nous séparons l’idée de l’expression. Et je demeurais stupéfait de la pauvreté de l’une et de l’autre. Il semble, à entendre s’exprimer des Parisiens, et des Parisiens pur sang, ceux-là, et d’un milieu choisi, cultivé, que la langue française se soit appauvrie parallèlement à ses finances et que les mots, mis à notre disposition pour nous exprimer, se soient évaporés comme l’eau d’un bassin. Et, dieu sait si notre langue était riche, si elle était partout employée, préférée et servait en Europe d’espéranto, aux diplomates comme aux lettrés, aux souverains comme aux savants. Ecoutez parler un instant ces gens élégants et bien élevés. Leur langage a la plate saveur d’une eau filtrée, trop longtemps demeurée dans le réservoir de grès. Quelques mots seulement, toujours les mêmes, leur servent à s’exprimer, mais encore aucune image ne vient, comme dans le peuple, en relever la fluide banalité. C’est sans doute qu’ils ont la préoccupation d’autres enrichissements que celui de leur langue. Et puis le temps leur manque, ils font le voyage de Londres en avion et s’y rendent en moins de trois heures, mais le temps, qu’ils paraissent avoir ainsi gagné, se trouve pris à l’avance par tant d’occupations, tant de désirs escomptent le temps dont ils disposent que la lecture, ni la méditation n’en bénéficieront. |
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| Sujet: Re: Bonjours & Bonsoirs Octobre 2019 Mer Oct 02 2019, 08:09 | |
| La conversation est-elle morte ? Du renoncement moderne à enrichir et exercer son esprit . 2/5 (D’après « Le Monde illustré », paru en 1922) Si les spectacles de danses ont pris un tel développement, si pullulent les ballets, qui n’ont même plus besoin d’être russes pour excuser l’empressement du public, si les revues de grand spectacle des music-halls, si les épisodes des cinémas, les films innombrables, font déserter les théâtres, si le monologue et la romance sont morts, remplacés par le dancing de quartier, n’est-ce point parce que, précisément, le public ne veut plus entendre parler d’aucun effort cérébral et que le plaisir uniquement des yeux, remplace chez lui tous ceux de l’intelligence. Encore ces yeux-là veulent-ils recevoir des impressions violentes et la couleur se trouve-t-elle, à présent, remplir avec brutalité et uniformité les emplois que jadis occupaient l’ornemaniste et le décorateur. Les étoffes sont unies, sans dessins, d’un orange ou d’un bleu aveuglants, d’un vert auprès duquel les prairies printanières semblent pâles... Le langage a suivi le même sort. Les jeunes gens disent à tout propos que tel spectacle est formidable, que les bénéfices d’une entreprise sont colossaux ; les expressions extraordinaire, superbe, merveilleux, ignoble, reviennent dans leur conversation, à tout propos, hors de propos, le mot formidable, surtout. Être assis sur un divan de velours noir, entre deux dames vêtues de velours orange et de mousseline vert malachite, entendre un jeune homme cracher comme un lion de fontaine son écume, les formidable et les épatant, tandis qu’un jazz-band hérissé de couacs de trompe d’auto et de gargouillements de saxophone, accompagne un fox-trot ou un shimmy, c’est avoir la notion la plus exacte de ce que peut être devenue la société française, à Paris, en 1922, observe Albert Flament. Ajouterai-je qu’un instant avant le fox-trot, la conversation n’avait roulé que sur le nombre de kilomètres plus ou moins formidable parcouru par les uns et les autres... On comprend qu’un tel monde n’ait guère le temps d’enrichir son vocabulaire et ne s’en soucie que fort peu. Mais, à ce train, nous pouvons nous demander ce qui se parlera entre l’Opéra et Auteuil, dans dix ans ! s’exclame notre critique. La correspondance était encore l’une des garanties les plus sûres du maintien de certaines traditions et d’un certain choix dans les expressions, dans la variété des mots à employer, poursuit Flament. Mais, le téléphone a supprimé d’abord tous ces billets du matin de l’intimité, dans lesquels le XVIe siècle excella et qu’on imagine portés, dès le lever du soleil, par des nuées de valets dont c’était probablement à peu près le seul rôle ici-bas. L’habitude de sauter sur l’encrier et le buvard s’étant perdue dans la vie courante, il est bien difficile de s’y remettre, lorsque l’éloignement rend le téléphone impratique. Et puis, rassurons bien vite ceux qui ont le récepteur à la main trois heures par jour, la télégraphie, la téléphonie sans fil, leur permettront très prochainement, de n’avoir plus, même en voyage, un seul mot à jamais écrire. |
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| Sujet: Re: Bonjours & Bonsoirs Octobre 2019 Mer Oct 02 2019, 08:39 | |
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| | | Michel Boisjoly
Messages : 39531 Localisation : Paris
| Sujet: Re: Bonjours & Bonsoirs Octobre 2019 Mer Oct 02 2019, 09:24 | |
| En ce qui me concerne je vais voir une dizaine de pièces de théâtre par an. Molière,Shakespeare ,Tchekov ,parfois Racine ou Corneille et quelques autres comme En revanche je vais moins au concert et assez peu à l’Opera. La musique est le domaine de mon épouse qui consomme énormément. | |
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| Sujet: Re: Bonjours & Bonsoirs Octobre 2019 Jeu Oct 03 2019, 08:06 | |
| La conversation est-elle morte ? Du renoncement moderne à enrichir et exercer son esprit . 3/5 (D’après « Le Monde illustré », paru en 1922) Le moindre petit « effet » de langage devient prétentieux dans un milieu où la conversation n’emploie plus que des oui et des non et quelques superlatifs incessamment plaqués, comme les accords tonitruants dans le jazz-band. La plupart des mots ont l’air de devenir des objets de vitrine, non de nécessité ; ils ressemblent à ces récipients, ces vases, ces objets de table, et même de table de nuit, que les collectionneurs alignent dans des armoires vitrées et éclairées à la lumière électrique. Les mots n’ont cependant pas la fragilité des porcelaines de la Compagnie des Indes, ils ne se cassent que lorsqu’ils sont prononcés par des lèvres exotiques, mais pour retrouver aussitôt toute leur pureté, leur perfection première sur celles d’un Français. Edmond Rostand avait écrit l’un de ces poèmes étourdissants de grâce et de préciosité dont il avait le secret, pour protester contre la réforme de l’orthographe et prétendait, avec juste raison, que des mots comme lys, amputés de leur y, perdaient leur élégance, se déformaient et n’offraient plus, avec l’objet qu’ils désignent, cette sorte de conformité harmonieuse qui est à la base de notre langage. La conversation, j’imagine, devait être un passe-temps aussi éblouissant que les armes, une sorte d’escrime élégante, disciplinée, qui avait ses spectateurs et ses as. Pour écouter les uns, les autres se précipitaient. Autour de ces étoiles de première grandeur, le langage s’améliorait, la verve de ceux qui eussent sommeillé se trouvait excitée et le plus obscur des invités ou des convives d’un dîner se serait cru déshonoré de garder le silence ou de ne prononcer que les paroles à peu près incohérentes ou, en tous cas, insipides, par lesquelles se désignent à l’attention les personnages qui tiennent aujourd’hui le premier rang. |
| | | Michel Boisjoly
Messages : 39531 Localisation : Paris
| Sujet: Re: Bonjours & Bonsoirs Octobre 2019 Jeu Oct 03 2019, 19:10 | |
| Les Seuls les lettrés utilisaient ce langage. La majorité des Français ne parlait que leur patois et un peu de français pour ceux qui étaient allés à l’e ol Deux ou trois ans. | |
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| Sujet: Re: Bonjours & Bonsoirs Octobre 2019 Ven Oct 04 2019, 08:28 | |
| La conversation est-elle morte ? Du renoncement moderne à enrichir et exercer son esprit . 4/5 (D’après « Le Monde illustré », paru en 1922) Dans la conversation, le principal sujet ne se trouve jamais être aujourd’hui que le prochain, même de qualité tout à fait secondaire, et l’on se demande, après une heure de bavardages à bâtons rompus sur le dos de quelque insignifiant acteur de la Comédie mondaine, comment un héros de si peu d’importance a pu alimenter, un si long temps, la conversation de dix à douze personnes réunies et qui sembleraient pouvoir mieux employer leurs loisirs. A la fin d’une journée, les préoccupations laissées jusqu’au lendemain, se trouver au milieu de personnes choisies, à l’esprit également exercé, qui savaient écouter et riposter, qui animaient le cercle de leurs sourires, de leurs approbations, de leurs controverses, créait une atmosphère spéciale, engendrait quelques heures délicieuses où l’homme occupé, l’homme de lettres comme l’homme d’affaires, avaient le sentiment de n’avoir pas perdu leur temps, d’avoir acquis quelque chose et de s’être développés tout en donnant aux autres. L’actualité et les contemporains les plus proches ne formaient pas le seul sujet auquel on pût s’intéresser, sur lequel on pût parler. Le passé livrait quelque secret, quelque particularité, connue d’un seul et qui aidait à mieux peser le présent et jauger l’avenir. Mais l’Histoire n’intéresse plus personne et la conversation, en retranchant de son domaine tout ce qui lui venait des faits anciens, s’est privée de l’une des sources qui l’alimentaient avec le plus de générosité et de richesse, regrette Albert Flament. Pendant la conversation, l’air devenait pétillant comme au goulot d’une bouteille de vin de Champagne ; l’homme d’esprit, le narrateur, éprouvait alors le sentiment qu’un peu de lui-même passait chez ses auditeurs. Peu de divertissements avaient autant de prix et c’est pour l’esprit qu’on y dépensait inlassablement, autant que pour la bonne chère de leur table, le luxe de leur décoration et la beauté, l’élégance des femmes qui en faisaient l’ornement, que les salons de Paris avaient acquis un prestige que l’étranger n’essayait point de leur contester. Les temps, hélas ! sont bien changés, déplore notre chroniqueur. Si quelques femmes du monde se liguaient pour vouloir rétablir la conversation, comme elles rétablissent tour à tour la mode de jupes longues ou de manches bouffantes ; si les maîtres de maison s’employaient à relever le niveau intellectuel de leur salon, peut-être assisterait-on à une renaissance du langage parlé, timide sans doute, mais qui pourrait s’améliorer. Il faudrait éviter d’abord, autant que possible, l’usage de ces apartés à deux qui se forment autour d’une table ou dans un salon et créent bien vite une sorte de demi-silence, de morne animation, dont les convives ont hâte de s’échapper... |
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| Sujet: Re: Bonjours & Bonsoirs Octobre 2019 Ven Oct 04 2019, 10:26 | |
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| Sujet: Re: Bonjours & Bonsoirs Octobre 2019 Sam Oct 05 2019, 08:01 | |
| La conversation est-elle morte ? Du renoncement moderne à enrichir et exercer son esprit . 5/5 (D’après « Le Monde illustré », paru en 1922) Distractions mondaines du temps jadis : un salon à Versailles en 1660 Mais, c’est un art de recevoir, de mettre en valeur ses convives ou ses hôtes, de leur communiquer l’impression qu’ils sont à l’aise et pourront donner libre cours à leur verve. Il y faut des dons particuliers et des moyens divers. La vie chère a restreint le nombre des dîners, mais la multiplicité des plats a diminué et, si la qualité est toujours nécessaire, la quantité l’est beaucoup moins. Une femme, cependant jeune, qui aime et sait recevoir, se plaignait récemment, devant moi, rapporte Flament, de l’éclairage trop intense auquel nous nous sommes habitués et qui a pour premier inconvénient de paralyser la langue des convives. Les lumières voilées des lampes, et, surtout, la flamme dansante des bougies qui était vivante, délicate et chaude, favorisaient cet échauffement du cerveau qui est nécessaire pour entraîner l’animation et ce frottement des esprits d’où jaillissent les étincelles. Cependant, ni la chair exquise, ni l’adresse des maîtresses de maisons, ni la science éprouvée de l’éclairage, ne rendront à la conversation, sa souveraineté, son pouvoir, si les convives eux-mêmes n’y apportent quelque bonne volonté et quelques dons. Voici les vacances, écrit Albert Flament : ne pourrait-on les employer en partie à autre chose que couvrir un nombre de kilomètres dont l’importance devra l’emporter chaque jour sur le total de la veille ou bien à des distractions d’une médiocrité révoltante ? Que les gens de la société daignent se rappeler que, jadis, cette Société formait l’élite et que cette élite avait pour mission de faire connaître les hommes de valeur, de diriger l’opinion, de consacrer les talents et de rayonner, littéralement, sur l’ensemble de la masse. Allons, messieurs, un peu de courage, entraînez-vous ; lisez autre chose que les journaux, essayez de vous faire un vocabulaire un peu moins terre-à-terre, un peu moins terne et vague que celui auquel vous êtes réduits, ouvrez votre esprit, faites de la culture spirituelle, parallèlement à la culture physique et dites-vous que, si le jeu de golf est excellent pour les poumons et pour les muscles, la lecture l’est tout autant pour l’intelligence, le jugement et la sagesse. Prenez Saint-Simon, par exemple ; il a des tournures d’une hardiesse élégante et des formes d’une sauvage noblesse, qui pourraient faire encore aujourd’hui beaucoup d’effet et qui relèveraient grandement, en tous cas, le langage parlé de nos jours. Et puis, il faudrait cultiver encore le don des images et la science des rapprochements, qui permettent de donner un ton original à des histoires qui ne sont pas nouvelles, sinon par ceux qui en sont les héros, du moins par le sujet. Mais n’est-ce point parler à des sourds inguérissables que de vouloir demander aujourd’hui à des hommes du monde d’oser faire montre de quelque originalité ? Cependant, montrer des caractères avec relief, faire jaillir du voisin la petite lumière qu’il est seul à posséder et tenter de l’éteindre avec celle qu’on sent brûler en soi, ne serait-ce pas le véritable moyen de faire cesser qu’un dîner ou une réunion mondaine ne soient plus qu’une formalité banale, rapide, administrative, où les convives se sont rendus, comme l’employé à son bureau ? |
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| Sujet: Re: Bonjours & Bonsoirs Octobre 2019 Dim Oct 06 2019, 08:10 | |
| Le mystère de l’or perdu de Napoléon enfin résolu ? (Source : Ouest France) La légende raconte qu’en 1812, l’empereur français Napoléon Ier aurait dissimulé des trésors dérobés aux Russes. Si, jusque-là, personne n’a retrouvé ce précieux butin, un historien russe pense avoir élucidé le mystère. Mais sa théorie est remise en cause par un spécialiste de la recherche de trésors. C’est un mystère vieux de 200 ans qui fascine toujours autant les Russes. La légende raconte qu’en 1812, alors que les troupes françaises se retirent de Moscou après avoir envahi la Russie en début d’année, l’empereur français Napoléon Ier aurait ordonné de cacher 80 tonnes d’or, trésor de guerre provenant de vols et de pillages pendant la campagne. Le butin, qui serait notamment composé de pierres précieuses, d’or et d’argent, et même d’une croix dorée du clocher d’Ivan le Grand, n’a jamais été retrouvé. Philippe-Paul de Ségur, membre de l’état-major de Napoléon, avait déclaré qu’il avait été jeté dans le lac de Semlovskoïe, près de la ville de Smolensk, à 350 kilomètres à l’ouest de Moscou. Une piste crédible puisque l’armée française a abandonné de grandes quantités d’armes et de munitions à proximité du site. Mais les fouilles effectuées depuis 1830 ont été infructueuses. Des recherches au mauvais endroit ? Dans un article du journal russe local Rab ochy Put, repéré par la BBC, Viacheslav Ryzhkov, un historien russe, pense avoir résolu le mystère. Il affirme que les chasseurs de trésors ont cherché au mauvais endroit. Selon lui, l’or serait plutôt caché au fond du lac Bolshaya Rutavech, du côté de Roudnia, près de la frontière avec la Biélorussie. Les hommes de Napoléon auraient délibérément diffusé de fausses informations pour garder secret l’emplacement réel du trésor. Retraite de Napoléon de Moscou. Peinture d’Adolphe Northen Viacheslav Ryzhkov pense que l’or, l’argent et les bijoux ont été transportés dans 400 charrettes tirées par des chevaux, avant d’être dissimulés au fond du lac Bolshaya Rutavech, dans une sorte de crypte sous-marine. Il s’appuie sur une analyse chimique de l’eau de ce lac, menée en 1989, qui a montré la présence d’ions d’argent « à des concentrations dépassant le niveau naturel ». L’historien en est convaincu : « Avec le bon équipement et les bons spécialistes, le trésor peut être récupéré. » « C’est une fiction » Alors, le trésor de Napoléon va-t-il bientôt être retrouvé ? Pas si sûr, puisque la théorie de Viacheslav Ryzhkov a été retoquée par un spécialiste de la recherche de trésors, Vladimir Poryvaev, interviewé par le quotidien russe Moskovski Komsomolets. « C’est une fiction, affirme celui-ci. Au cours des deux derniers siècles, les chercheurs et les archivistes ont très soigneusement retracé toute l’histoire de la campagne de Napoléon en Russie. Ils ont reconstitué, sur la base de documents, les déplacements de l’empereur jour après jour, et de chacun de ses commandants... » Quant à l’argument de forte concentration d’ions d’argent dans le lac Bolshaya Rutavech, il est réfuté par Vladimir Poryvaev : « Dans de nombreux étangs, on trouve une composition d’eau aussi « argentée ». Le plus souvent, cela n’est qu’une conséquence de la spécificité du sol de la région, de sa composition minéralogique. » Pour autant, Vladimir Poryvaev ne remet pas en cause l’existence de ce trésor : « Toutes les informations recueillies me le confirment : le trésor de Napoléon existe. Il sera certainement retrouvé, mais probablement par hasard. » France Télévisions |
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| Sujet: Re: Bonjours & Bonsoirs Octobre 2019 Lun Oct 07 2019, 08:54 | |
| C’est une autre paire de manches C’est une autre affaire, c’est bien différent On lit dans une note du livre IV, chapitre 58, de Tristan le Voyageur, par Marchangy : « C’était la mode, sous le règne de Charles V, de porter une espèce de tunique serrée par la taille, et nommée cotte hardie, laquelle montait jusqu’au cou, descendait jusqu’aux pieds et avait la queue traînante ; mais pour les personnes de distinction seulement, outre les manches étroites de cette robe, on y avait adapté une autre paire de manches à la bombarde, qui étaient fendues pour laisser passer tout l’avant-bras, et qui flottaient à vide jusqu’à terre. Ces secondes manches coûtaient beaucoup plus cher que les véritables, peut-être parce qu’elles ne servaient à rien. On leur doit le proverbe : C’est une autre paire de manches. » Cette explication ne semble pas tout à fait juste. En voici une autre qui paraît meilleure. Les manches étaient autrefois des livrées d’amour que les fiancés et les amants se donnaient réciproquement, et qu’ils promettaient de porter en témoignage de leur tendre engagement, ainsi qu’on le voit dans une nouvelle du troubadour Vidal de Besaudun, où il est question de deux amants qui se jurèrent de porter manches et anneaux l’un de l’autre. Déclaration d’amour. Chromolithographie de la fin du XIXe siècle Ces livrées adoptées pour être le signe de la fidélité, devinrent en même temps celui de l’infidélité. Quand on changeait d’amour, on changeait aussi de manches ; souvent même il arrivait que celles qu’on avait prises la vielle étaient mises au rebut le lendemain, et il y eut tant d’occasions de dire c’est une autre paire de manches, que cette expression fut proverbiale en naissant. Il y a un vieux dicton populaire qui confirme cette explication ; le voici : On se fait l’amour, et quand l’amour est fait, c’est une autre paire de manches. L’expression tenir quelqu’un dans sa manche, pour dire en être assuré, l’avoir à sa disposition, est peut-être dérivée du même usage : peut-être aussi a-t-elle dû son origine à l’ancienne coutume de porter la bourse dans la manche, sous l’aisselle gauche. En ce cas, elle serait une variante et un équivalent de cette autre expression autrefois usitée, tenir quelqu’un dans sa bourse. Henri II, roi d’Angleterre, après avoir obtenu des lettres pontifiantes qui lui donnaient gain de cause contre Thomas Becket, archevêque de Cantorbéry, se vantait, en montrant ces lettres publiquement, de tenir le pape et tous tes cardinaux dans sa bourse. L’emploi de manche pour bourse se trouve encore dans la phrase proverbiale, aimer plus la manche que le bras, c’est-à-dire aimer mieux son argent que sa personne, comme font les avares. Rabelais (liv. III, ch. 3) s’est servi de cette phrase, dont ses commentateurs n’ont pas donné la raison. |
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| Sujet: Re: Bonjours & Bonsoirs Octobre 2019 Lun Oct 07 2019, 10:07 | |
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| Sujet: Re: Bonjours & Bonsoirs Octobre 2019 Mar Oct 08 2019, 07:46 | |
| Musée des commerces anciens dans la Manche (Source : France Télévisions) Imaginez une rue et ses boutiques dans les années 1950 à 1970, reconstituée dans une ancienne laiterie normande. Un endroit incroyable créé par un ex-brocanteur pour exposer son impressionnante collection d’objets qui nous replongent dans une époque que les moins de 20 ans ne peuvent pas connaître. Visite guidée avec le propriétaire. Rien ne manque, il y a le mécanicien qui répare vélos, solex et mobylettes, la quincaillerie, l’épicerie, le bistrot bien sûr mais aussi l’école du village, où la cuisine d’un appartement et ses meubles en formica des années 1970. Le tout mis en scène avec 300 mannequins. Pendant 20 ans, Alain Guédoit a amassé une quantité impressionnante d’objets du quotidien, d’outils, d’enseignes publicitaires et de véhicules à deux ou quatre roues. Un voyage dans le temps de l’après-guerre aux seventies. De père en fils Avec ce musée privé installé sur plus de 2000 m2 dans une ancienne laiterie, Alain Guédoit a trouvé un écrin à sa collection qui compte des dizaines de milliers d’objets. Un virus qu’il a transmis à son fils de 30 ans qui n’a pas connu cette époque mais s’est découvert une passion pour les affiches et objets publicitaires. À deux, ils font vivre leur musée privé en organisant événements, soirées privées, et visites uniquement sur rendez-vous. Stéphane Hilarion France Télévisions |
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| Sujet: Re: Bonjours & Bonsoirs Octobre 2019 Mar Oct 08 2019, 07:59 | |
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| Sujet: Re: Bonjours & Bonsoirs Octobre 2019 Mer Oct 09 2019, 07:34 | |
| Victor Hugo : émérite et caustique « penseur en vers » (D’après « Le Voleur illustré », paru en 1885)
Admirateur de Victor Hugo qu’il rencontra, le polémiste et auteur de théâtre Henri Rochefort rapporte à la mort de l’illustre écrivain quelques savoureuses anecdotes : où l’on apprend que ses tiroirs étaient remplis d’improvisations exquises qu’il traçait pour les oublier aussitôt. Les circonstances qui m’ont amené autrefois chez Victor Hugo, explique Henri Rochefort, ne me l’ont jamais montré que père de famille plein de gaieté et toujours prêt au rire. Je me suis bien souvent rappelé un dîner que nous fîmes avec ses enfants, à Boisfort, dans la banlieue de Bruxelles. Il y fut d’une expansion tout à fait imprévue, et me prouva qu’il obtenait seulement au prix de certains efforts la sévérité d’attitude qu’il gardait presque toujours vis-à-vis des étrangers. Comme je m’étais précipité à la caisse du restaurant pour solder l’addition, il m’y rejoignit en criant à la dame du comptoir : « N’acceptez rien de monsieur ; c’est de l’argent qu’il a gagné en insultant ce qu’il y a de plus sacré au monde : le coup d’Etat, l’Empire et l’Empereur ! — Il me semble que vous ne les avez pas trop ménagés non plus, lui dis-je. — Oui, me répondit-il, mais les Châtiments ne m’ont jamais rapporté que dix ou douze mille francs de frais d’expédition et de propagande, l’éditeur qui s’était chargé de la publication ne m’ayant de sa vie rendu ses comptes. » Il ajouta même que, lorsqu’il lui en demanda, celui-ci répliqua tranquillement : « Faites-moi un procès, nous verrons bien si vous le gagnez. » Il eût été, en effet, difficile de trouver en plein Empire des juges pour condamner un éditeur à payer les droits à l’auteur de l’Expiation et de Napoléon le Petit. Caricature de Victor Hugo par Benjamin Roubaud (1841) Le public ne sait guère de lui que ces vers de bronze dont les splendeurs donnent parfois le frisson, poursuit Rochefort. Il nous en a lu souvent en famille, d’un genre tout autre et qui coulaient de sa plume avec une abondance charmante, car il m’a bien des fois répété : « C’est insupportable : je pense en vers. » C’était principalement dans les chambres d’hôtel, pendant ses voyages, qu’il répondait à la note de l’aubergiste par quelque imprécation pleine de bonne humeur. Il envoyait, par exemple, cet adieu à la ville d’Yvetot : Que le passant te raille Qu’en voyant ta muraille Le voyageur s’en aille Sur son cheval rétif ! Que, sans entrer, le coche A ta porte s’accroche ! Que le diable à ta broche Mette ton roi chétif ! Que toujours un blé maigre, Qu’un raisin à vinaigre Emplisse tes paniers ! Yvetot la Normande, Où l’on est à l’amende Chez tous les taverniers ! Logis peuplés de singes, Où l’on voit d’affreux linges Pendre aux trous des greniers ? Où le poing d’un bélître Croit casser une vitre, Et crève un vieux papier ! Où l’on a pour salade Ce qu’un lapin malade Laisse dans son clapier ! Ville bâtie en briques, Triste amas de fabriques, Qui sentent le ranci ! Qui n’as que des bourriques, Et du cidre en barriques Sur ton pavé moisi ! Groupe d’informes bougres, Où les maisons sont rouges, Et les filles aussi ! Pendant la famine du siège — siège de Paris lors de la guerre de 1870-1871 —, au moment où nous mangions du pain fabriqué avec des ossements pilés, et où les boucheries hippophagiques allaient recruter leur marchandise sur les champs de bataille, je l’ai admiré écrivant sur le coin d’une table ce ravissant quatrain adressé à la belle Judith Gautier, qui n’ayant pas assisté au dîner, avait envoyé exprimer tous ses regrets de n’avoir pu s’y rendre : Si vous étiez venue, ô beauté qu’on admire, Je vous aurais fait faire un repas sans rival : J’aurais tué Pégase et je l’aurais fait cuire Pour vous faire manger une aile de cheval. Un autre jour, à la suite d’un repas dans lequel il avait mangé du cheval très coriace, il écrivit ce distique : Mon dîner me tracasse et même me harcèle, J’ai mangé du cheval et je pense à la selle. Entre la Légende des Siècles et l’Année terrible il a même écrit des vaudevilles. Un soir il nous réunit, Charles Hugo, François-Victor Hugo et moi, pour nous lire une petite pièce en un acte et en prose, portant ce titre original : Zut ! C’était l’histoire d’un gavroche qui semblait commettre tous les crimes imaginables et qui, en réalité, se sacrifiait pour tout le monde. Zut ne parut donc sur aucune affiche et doit être encore parmi les manuscrits qu’a laissés l’illustre mort. |
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| Sujet: Re: Bonjours & Bonsoirs Octobre 2019 Mer Oct 09 2019, 08:12 | |
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| Sujet: Re: Bonjours & Bonsoirs Octobre 2019 Jeu Oct 10 2019, 07:36 | |
| Gué de la Biche (Le) donne l’avantage à Clovis lors de la bataille de Vouillé contre Alaric en 507 (D’après « Revue du Centre », paru en 1879) Nos vieux chroniqueurs racontent une légende des premiers temps de notre histoire : c’est une fleur au milieu du sang, des cadavres et des ruines amoncelées par la guerre. Invoquant l’aide et la protection de Dieu dans la terrible bataille qu’il s’apprête en 507 à livrer au barbare Alaric à Vouillé, roi des Wisigoths, Clovis doit d’engager avantageusement le combat à l’irruption d’un cerf montrant aux Francs un gué stratégique. Dieu, qui voulait faire de la Gaule le royaume de France, avait laissé les Goths débarrasser nos plus belles provinces de la domination romaine. Mais les Goths hérétiques devaient céder leurs conquêtes à Clovis et à ses Francs. Alaric II tenait sous sa puissance le Centre et l’Ouest, depuis la Loire jusqu’aux Pyrénées, et il régnait sur les belles campagnes du Languedoc et de la Provence. Clovis avait essayé de faire alliance avec Alaric, mais le perfide barbare avait fini par rompre l’alliance et une guerre terrible avait éclaté. Enfin, les deux rois semblaient désirer la paix, et Clovis était allé en Guyenne pour conférer avec le roi des Goths. Il envoya d’abord des ambassadeurs à Alaric, et le lieu et le jour de l’entrevue avaient été arrêtés. Il était convenu que chacun des princes arriverait au rendez-vous sans armes et avec une faible escorte. Mais les envoyés de Clovis, qui se défiaient et qui observaient tout, s’aperçurent qu’on avait fait venir des massues de fer dont devaient s’armer secrètement les gens d’Alaric. L’ambassade de Clovis revint en hâte vers le prince franc et l’avertit du piège qu’on lui tendait. Gué de la Biche au sein de la forêt de Chinon Aussi Clovis se garda bien d’aller au rendez-vous et la guerre recommença plus acharnée que jamais. Enfin, après des chances diverses, les deux partis convinrent de prendre pour arbitre Thierry, roi des Ostrogoths. Thierry devait être impartial, car il était parent des deux princes : il avait épousé la sœur de Clovis, et il avait donné sa fille en mariage à Alaric. Des chargés de pouvoir furent expédiés de part et d’autre à Thierry et chacun fit valoir ses droits, et exposa ses sujets de plainte. Thierry, après avoir longuement examiné cette grande cause, donna raison au roi des Francs, et il prononça cette singulière sentence : « Devant le palais d’Alaric, un des chevaliers de Clovis viendra ficher en terre une lance ; Alaric et ses Goths jetteront sur la lance des deniers d’argent jusqu’à ce qu’elle en soit toute couverte et qu’on ne voie plus la pointe de fer. Cette montagne d’argent appartiendra à Clovis. » À ces paroles, Alaric et ses Goths jetèrent des cris de surprise et de colère. C’était dur en effet. Sans être obligés de faire de grands calculs mathématiques, ils comprirent quelle base devrait avoir une pyramide de pièces d’argent pour entourer et cacher entièrement une longue lance. S’il se fût agi d’une épée plantée en terre, on aurait pu peut-être se soumettre au jugement, mais une lance ! Alaric furieux tira son épée et il jura de s’en rapporter au jugement de Dieu lui-même puisqu’on se moquait de lui, en lui imposant une chose impossible. La colère des Goths ne connut plus de bornes ; on insulta les envoyés de Clovis et c’est à peine s’ils purent s’échapper sains et saufs pour venir rendre compte à leur maître de ce qui s’était passé. Clovis aussi tira sa puissante épée, il passa le reste de l’année et le commencement de la suivante à assembler une armée formidable pour demander à une lutte décisive l’anéantissement des hérétiques et la délivrance de la Gaule. Sans oublier son rôle de fondateur d’une grande monarchie, il se regardait surtout comme le champion de Dieu. Le converti de Tolbiac, malgré un reste de barbarie qui explique ses fautes, fut toujours un ardent chrétien, tenant compte, dans sa politique et ses entreprises militaires, des intérêts supérieurs de la religion. Aussi, avant de s’engager dans sa dernière expédition contre Alaric, voulut-il s’assurer la protection du ciel. En 507, il passe la Loire et s’avance vers Tours. Alors il appelle quelques-uns de ses fidèles paladins les plus dévoués et les plus pieux : « Voici de riches présents, portez-les à Tours, au tombeau du grand thaumaturge et priez-le avec ferveur pour Clovis et les Francs. Par l’intercession de saint Martin, Dieu, je l’espère, nous donnera la victoire : c’est pour lui, c’est pour la vraie foi que je combats ; qu’il me fasse triompher des ennemis de la Foi catholique et des oppresseurs de ce beau pays !... » Les envoyés partirent joyeux et pleins d’enthousiasme. Arrivés à Tours, ils allèrent droit à la basilique de saint Martin. Au moment où ils mirent le pied dans l’église, les prêtres chantaient ce verset du Psaume : « Praecinxisti me, Domine, virtute ad bellum... Seigneur vous m’avez ceint de force pour la guerre, vous avez renversé sous mes pieds ceux qui s’élevaient contre moi, vous avez mis en fuite, devant moi, mes ennemis, vous avez dispersé ceux qui me poursuivaient de leur haine. » Sur les bords de la Vienne une biche indique un gué que Clovis cherchait. Illustration de Gustave Doré (1880) En entendant ces paroles, les pieux envoyés furent saisis de joie. Suivant les idées de ce temps, ils virent là un heureux présage et comme une réponse céleste aux vœux qu’ils formaient dans leurs cœurs. Ils déposèrent leur riche offrande et prièrent avec ardeur le saint patron des Gaules, puis ils revinrent en toute hâte au camp royal. Clovis vit là aussi un signe de victoire ; plus intrépide que jamais, plein de confiance en Dieu, il se mit en route et vint poser ses tentes en face de la rivière de Vienne, près de la cité de Chinon. Mais là une épreuve l’attendait et la protection du ciel, sur laquelle il comptait, sembla lui faire défaut. Un obstacle imprévu et insurmontable arrêtait sa marche et protégeait la retraite de son ennemi. Le fleuve de Vienne, démesurément gonflé par les pluies, avait débordé. Ses flots, plus jaunes encore que de coutume, avaient franchi les rives et offraient une large nappe d’eaux perfides, ne laissant plus reconnaître les endroits praticables et ne permettant-pas, à cause de la profondeur, même à la cavalerie de s’y engager. L’armée n’avait pas ce qu’il fallait pour construire des ponts de bateaux, et le temps nécessaire à ce travail eut permis à Alaric de se retirer. Clovis, attristé mais non découragé, établit son camp sur la rive droite de la Vienne, dont la rive gauche était occupée par les troupes des guerriers goths. Le lendemain, à la pointe du jour, il se mit en prières, exposant à Dieu qu’il n’avait plus d’espoir qu’en lui et lui demandant de ne pas permettre que les hordes ennemies lui échappent. Pendant ce temps, les guerriers francs parcouraient les rives du fleuve. Plusieurs troupes s’étaient formées, descendant et remontant le cours de la rivière et cherchant s’ils ne découvriraient pas un endroit favorable qui pût permettre de la franchir. A quelque distance s’étendait, comme une nappe de verdure, la forêt de Chinon, agitant sous la brise, les cimes de ses arbres séculaires. Tout à coup on vit sortir du bois un cerf d’une merveilleuse grandeur. Dressant sa belle tête et regardant d’un œil étonné ces masses d’hommes qui animaient ces campagnes ordinairement si paisibles, il semblait hésiter à avancer. A cette vue les guerriers francs s’élancent ; les plaisirs de la chasse vont faire diversion à leurs tristes préoccupations. Le cerf effrayé part comme un trait, mais au lieu de revenir à la forêt, il court au fleuve. D’innombrables chasseurs forment comme un rempart qui va se rétrécissant et acculant le noble animal à la rivière. Les cris l’épouvantent, cent bras se lèvent, brandissent des épieux ou tendent des arcs. Haletant, le cerf monte et redescend le long du cours d’eau cherchant évidemment à passer le torrent. Clovis tuant le roi Alaric lors de la bataille de Vouillé (Vienne) Il s’élance enfin au milieu des flots, mais ô prodige !... au lieu de nager, il court de pied ferme, l’eau lui monte à peine au-dessus des genoux... il est sauvé... les épieux retombent, les arcs s’abaissent, on laisse la vie à l’envoyé de Dieu. Car c’en est un, les soldats l’ont compris. C’est Dieu, ami des Francs, Dieu vaincu par les prières de leur roi, qui a fait sortir du bois ce guide providentiel pour montrer à l’armée un chemin praticable à travers la Vienne débordée. Des cris de triomphe et de joie partent de tous côtés et tandis que les uns vont reconnaître le gué et le sonder, les autres courent avertir le roi qui donne aussitôt ses ordres. Surexcitée par ce prodige, l’armée s’ébranle, elle s’avance en bon ordre par le chemin miraculeusement trouvé, et tous arrivent sains et saufs sur la rive opposée. Mais dès qu’Alaric et ses Goths ont vu les premières colonnes s’engager dans les eaux de la Vienne, ils se sont empressés d’opérer une retraite qui ressemble à une fuite et de gagner les environs de Poitiers. Les chroniqueurs nous parlent encore d’un prodige qui précéda la lutte définitive des Francs et des Goths près de Poitiers. Le voici : Clovis, si visiblement protégé par le ciel, n’en eut que plus d’ardeur pour rejoindre un adversaire qui semblait vouloir éviter les chances d’une bataille. « Tant chevaucha le roy Clovis et ceux de sa compaignie » qu’ils arrivèrent près de Poitiers où était Alaric. Le roi fit tendre ses pavillons près de l’église Saint-Hilaire. « Et advint que la nuyt, entour minuyt, fut veu par plusieurs ung estourbillon de feu qui sortit de l’église Saint-Hylaire et vint descendre droit sur la tente où le roy dormoit. Aucuns qui ce signe virent, le tindrent à grant signifiance. » Clovis aussi. Il se prépara au combat et il s’y prépara en roi chrétien, faisant défense à ses gens que « nul ne prît une chose sans payer ». Le lendemain Alaric s’avança ; la bataille se livra sur les bords du Clain. Les Goths furent complètement défaits. Au milieu de la mêlée, Clovis chercha son terrible antagoniste, une lutte corps à corps s’engagea entre les deux princes et Clovis, d’un coup d’épée, étendit Alaric mort à ses pieds. Ce fut, dit-on, à cette bataille que fut inauguré le nouvel étendard national. Les Goths virent avec surprise nos bannières semées de fleurs de lis au lieu des trois croissants ou même des trois crapauds qui étaient le signe héraldique des anciens Francs. Ainsi fut écrasée l’hérésie arienne en France, ainsi furent délivrées nos provinces centrales, ainsi fut assise la monarchie. Le premier roi chrétien avait accompli son œuvre providentielle, ce fut là le dernier fait éclatant de la vie de Clovis. Un fait vrai peut-être se cache sous le merveilleux. Et quant même on ne voudrait voir dans le fait de ce cerf passant la rivière à gué qu’un fait tout naturel, ce fait-là ne serait-il pas providentiel ?... |
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| Sujet: Re: Bonjours & Bonsoirs Octobre 2019 Ven Oct 11 2019, 08:24 | |
| Corsaires : des pirates « de métier » ? (D’après « Revue de synthèse historique », paru en 1932) Il semble bien qu’il n’ait jamais existé en France ni ailleurs une définition officielle de la Course maritime, au sens d’une définition juridique formulée ou officiellement adoptée par un gouvernement. A défaut, on s’attendrait à en trouver une dans le célèbre Commentaire de René Valin (1766) sur l’Ordonnance de la Marine de 1681 ; on est déçu de ne l’y pas trouver. Plus déçu encore, ouvrant le Glossaire nautique d’Auguste Jal (1848), d’y rencontrer une définition sans valeur, alors que les autres articles relatifs à la Course y sont aussi justes qu’intéressants. Dans les autres dictionnaires, généraux ou spéciaux, dans les publications diverses, pas de définition satisfaisante. Pour essayer d’en établir une vraiment adéquate, le mieux, sans doute, est de se rappeler d’abord quel fut, en principe, le mécanisme de la Course durant la période (XVIIe-XIXe siècles) où elle était nationalement et internationalement réglementée. On arrive ainsi à la formule suivante, nécessairement assez longue, mais historiquement fondée et acceptable. COURSE MARITIME, dite aussi Guerre de Course. Ensemble d’opérations très réglementées, nationalement et internationalement, aux XVIIe, XVIIIe et XIXe siècles, et qui avaient : 1° pour moyens d’action très exceptionnels : des navires de guerre prêtés par un gouvernement à des armateurs privés ; pour moyens d’action ordinaires : des bâtiments de commerce appartenant à des particuliers et montés de marins du commerce (par exception et en partie, de marins prêtés par l’État) ; 2° pour but, de la part de l’État : affaiblir le commerce maritime de l’ennemi et entraver ses relations par mer ; de la part des armateurs et actionnaires, comme des équipages : réaliser des gains aux dépens de ce commerce ; 3° pour méthode : éviter corsaires et navires de guerre, capturer des bâtiments de commerce avec leurs cargaisons, le tout à vendre suivant les règles légales, en un port de la métropole ou de ses colonies. Quant à Corsaire, on connaît la définition de Jal, dans le Glossaire nautique : « Nom donné au marin qui fait la Course avec l’autorisation du gouvernement... Par métonymie, on a donné le nom de l’homme qui fait la course au navire sur lequel il la fait », un corsaire, pour : un bâtiment corsaire. Cette définition, très bonne du point de vue légal, suggère deux observations. L’une : qu’elle englobe parmi les corsaires réguliers ceux des États barbaresques, bien qu’en fait, historiquement, ils n’aient jamais été autre chose que des pirates : mais ils étaient « autorisés par le gouvernement » et même organisme permanent d’État. L’autre, qu’elle implique l’existence de marins qui faisaient la Course sans autorisation gouvernementale ; l’expression « faire la Course » ayant en soi la signification générale et imprécise de « courir les mers », mais impliquant, en ce cas, une action piratique. Et l’on voit que Jal, naturellement, refuse à ces marins-là le nom de Corsaires. Mais ils le prenaient, ce nom, repoussant la qualification de pirates ou, comme on disait aux Antilles surtout, de forbans. Au XVIIe siècle, ils s’intitulaient aussi, parfois, armateurs ; le mot était alors synonyme de Corsaire, homme ou navire. Ce fait que les pirates « de métier » — Barbaresques et autres — se désignaient eux-mêmes par le nom de Corsaires, contribua notablement à maintenir au nom un sens péjoratif. Sens qui, au XVIIe siècle, était bien des fois séculaire. C’est que, jusqu’alors, aucune puissance maritime européenne n’avait voulu avec persévérance, ou su, soit établir un vrai code à l’usage de la Course et des corsaires, soit réprimer les délits et les crimes presque journellement commis par des équipages de navires plus ou moins régulièrement armés en Course, ou par des capitaines ou patrons de bâtiments de commerce qui, de leur propre autorité, se déclaraient Corsaires. Et l’établissement de règles internationales reconnues, à cet égard, était encore inexistant ou à peu près. Après qu’au XVIIe siècle la Course eut été réglementée en détail et avec précision, on eut, quelque temps, des illusions sur l’efficacité de ces mesures légales ; bien que, comme l’écrit Jal, les règles, les usages, de cette guerre très spéciale, dussent fatalement rester « beaucoup moins chevaleresques (sic) que ceux de la guerre ordinaire entre vaisseaux de nations civilisées ». En fait, désormais, les actes criminels de haute gravité furent beaucoup moins fréquents, malgré la multiplicité des guerres maritimes : on n’en aurait plus toléré longtemps le retour. Par contre, les autres actes criminels, et les actes délictueux de toute nature, s’ils n’augmentèrent pas en nombre proportionnel, s’accrurent considérablement en nombre absolu, par suite de ces guerres rapprochées et longues ; les nations intéressées n’ayant jamais voulu s’entendre pour une répression simultanée, ni aucune d’elles donner l’exemple de châtier vigoureusement ses nationaux coupables. On était comme prisonnier d’un système de guerre qui, de par sa nature, ne pouvait être rendu « chevaleresque » (comme dit Jal), et qu’on ne désirait pas, au fond, voir tel. Ajoutons enfin qu’aux Antilles, durant les trois derniers quarts du XVIIe siècle, les nations colonisatrices (surtout la France et l’Angleterre), et plus encore leurs agents coloniaux, ont souvent employé de façons très médiocrement « régulières » et sous la dénomination de « Corsaires », leurs flibustiers, c’est-à-dire des pirates ; le reste du temps, ils en ont tout au moins encouragé les pirateries. Le Corsaire au pistolet. Œuvre d’Etienne Blandin. Quelle fut la répercussion de ces faits sur le sens du mot, c’est ce que montrera entre autres un texte de la Collection de décisions nouvelles du bon jurisconsulte que fut Denisart (1ère édition de 1754-56, tome I) : « Les corsaires, écrivait-il, sont des gens qui courent les mers pour voler et piller tout ce qu’ils peuvent prendre ». L’assimilation continuait donc entre les mots Pirate et Corsaire, en raison des innombrables actes piratiques commis sans cesse par l’immense majorité des corsaires « réguliers » de toutes les nations maritimes. Assimilation injuste, parce qu’elle généralisait à l’excès, sans égard aux exceptions, et que, juridiquement comme historiquement., elle constitue une pseudo-définition incomplète. Le jugement trop sommaire émis par Denisart et d’autres, en France et davantage encore à l’étranger, s’est perpétué jusqu’à maintenant. Chez nous (excepté dans certains ports où l’admiration pour les corsaires est article de foi), l’opinion du public se traduit volontiers par ces mots : « Les corsaires ? C’étaient des espèces de forbans ». Or, si l’on s’en tenait à la définition de Jal, définition basée uniquement sur une fiction légale, on laisserait dans l’esprit du lecteur non informé l’impression que les corsaires ont été respectueux des prescriptions légales, ce qui serait beaucoup plus éloigné de la vérité que ne l’est le sommaire jugement dont on a rapporté deux modes d’expression. La première phrase de Jal est donc du point de vue légal une bonne définition ; mais elle ne définit pas du tout ce que furent historiquement les corsaires. Ce n’est pas — il s’en faut — le seul cas où la définition d’une institution d’après les lois qui prétendaient la régir est loin d’exprimer sa vie dans l’histoire, et où l’impossibilité d’une définition historique tenant en peu de lignes oblige qui veut être renseigné à recourir à la lecture de tous les textes explicatifs. Valin, donnant le préambule du Règlement royal du 31 août 1710, « pour informer du pillage des prises », débute ainsi : « S. M. étant informée que — quelque soin qu’on ait pris par les Ordonnances anciennes et. nouvelles sur le fait de la marine ; quelques précautions que l’on ait apportées jusqu’à présent pour empêcher les pillages, déprédations d’effets, divertissements et autres malversations qui se commettent souvent dans les prises faites par les armateurs ; quelque sévères qu’aient été les peines prononcées par ces lois... — cependant tous ces règlements n’ayant pu arrêter une licence qui augmente tous les jours par l’impunité des coupables, par le peu d’attention des officiers des sièges de l’Amirauté à en procurer la punition, et par les difficultés qui empêchent souvent qu’on ait une preuve certaine et juridique de ces délits ; S. M., connaissant la nécessité d’en arrêter le cours... », etc. Texte de 1710 ; or, qui lit les passages de Valin indiqués ci-dessus, voit que cet auteur écrivant vers 1765 constatait exactement le même état de choses. |
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| Sujet: Re: Bonjours & Bonsoirs Octobre 2019 Sam Oct 12 2019, 08:12 | |
| Ntombi, jeune fille de la mer Une jeune fille nommée Bakabaka vivait dans un village, au bord de la mer. Elle aimait beaucoup la mer : toute la journée elle se baignait, se sentant dans l'eau plus à l'aise que sur la terre ferme. "Je n'épouserai jamais un homme qui vit loin de la mer ", se promettait Bakabaka. Et, en effet, elle se maria avec un jeune homme qui vivait lui aussi dans un village au bord de la mer. Les jours passèrent et Bakabaka mit au monde une petite fille qu'elle appela Ntombi. Lorsqu'elle allait aux champs, elle emmenait Ntombi avec elle. Elle la confiait à la mer pour que la petite ne la gêne pas dans son travail. La mer prenait bien soin du bébé. Les vagues jouaient avec lui et Bakabaka leur faisait confiance comme à la plus attentive des nourrices. Or, un jour, la mer ne rendit pas la petite Ntombi à sa mère. Celle-ci eut beau se lamenter et se reprocher la légèreté avec laquelle elle avait confié son enfant à cet élément traître, rien n'y fit. La petite disparut sans laisser de traces. Elle ne s'était pas noyée. La mer l'avait emportée au loin pour la déposer sur le rivage, prés d'un village étranger. La nuit commençait à tomber. La petite fille était couchée sur le sable et appelait sa mère. En vain. Personne ne répondait. Tout d'un coup, une curieuse vieille femme apparut sur le rivage. Elle avançait en sautillant car elle n'avait qu'une jambe. C'était une cannibale et on sait que les cannibales sont unijambistes. La vieille sautilla jusqu'à la petite fille et demanda : "Qui es-tu ? " "Je suis Ntombi, et c'est la mer qui m'a déposée ici ", répondit l'enfant. La vieille hocha la tête : "Je vois que tu n'es pas d'ici. Les gens d'ici n'ont qu'une seule jambe, car ils sont cannibales. Moi aussi, je suis une cannibale et je m'appelle Salukazi. Mais tu n'as pas à avoir peur. Je ne te mangerai pas et je ne permettrai pas aux autres de te faire du mal ! " Salukazi et Ntombi s'en allérent ensemble dans le village des cannibales. A leur passage, les gens sortaient de leurs huttes et se pourléchaient en voyant la petite fille bien potelée. Salukazi leur cria : "Cette enfant n'est pas pour vous ! Celui qui osera lever la main sur elle, aura affaire à moi ! " Sur ce, la vieille leva les bras et marmonna des paroles incantatoires : "Khlvi, khlvi, khlvi, vokhlo, vokhlo, vokhlo ! " Une tornade, une averse et une tempête des plus terribles s'abattirent aussitôt sur le village, renversant les hommes, emportant les toits des huttes. Les éléments ne se calmèrent que lorsque la vieille baissa les bras. Salukazi était une puissante magicienne qui savait invoquer la pluie et le vent. Les hommes la craignaient et personne n'osa lever la main sur la petite Ntombi. Les villageois se disaient : "Ce n'est pas grave. Salukazi finira bien par mourir. En attendant, Ntombi grandira, grossira et nous nous en régalerons ! " Cinq, dix, quinze ans passérent. Ntombi s'était transformée en une belle jeune fille et Salukazi en une trés vieille femme chenue qui ne sortait plus de sa maison. Ntombi en prenait soin comme s'il s'agissait de sa propre grand-mère et Salukazi lui apprenait des tours de magie. Les gens la craignaient toujours, si bien que personne n'osait nuire à Ntombi. Mais ce n'était que partie remise : ils guettaient la mort de la magicienne pour se régaler de la chair rôtie de cette jeune fille. Les femmes entreprirent déjà de ramasser le bois et de dresser un grand bûcher. "Pourquoi rassemblez-vous tout ce bois ? " s'enquit Ntombi. "Salukazi peut mourir d'un jour à l'autre ", répondirent les femmes. "Il faut préparer des funérailles dignes d'elle. " Salukazi n'était pas dupe : "Ce n'est pas vrai. Ils attendent ma mort pour te faire rôtir et pour te manger ! " Ntombi sortit de la maison, leva les bras et murmura des paroles magiques : "Khlvi, khlvi, khlvi, vokhlo, vokhlo, vokhlo ! " Une averse et une tornade terribles s'abattirent aussitôt sur le village, renversant les hommes, emportant les toits des huttes et éparpillant le bois du bûcher aux quatre coins du monde. Effrayés, les villageois s'inclinérent devant la jeune fille qui alla se vanter de son exploit à la vieille : "Rien ne m'arrivera. Les gens ont peur de moi. " La vieille hocha tristement la tête : "Ils ont peut-être peur, mais ils sont nombreux. Tu ne peux pas déchaîner la tempête tous les jours. Tu dois partir avant que je meure. " Ntombi s'écria : "Je ne partirai pas, grand-mère, sans t'avoir fermé les yeux ! " Salukazi répondit : "Si tu veux que je meure tranquille, tu partiras cette nuit même. " Sur ce, elle se dressa sur sa couche et sortit de dessous la natte sur laquelle reposait une corne d'antilope. Elle la tendit à la jeune fille, en lui conseillant : "Cette corne magique te conduira chez toi. Entre dans la mer qui t'emportera jusqu'à ton village, d'où elle t'a ravie il y a des années. " Ntombi finit par obéir. Elle fit ses adieux, en pleurant, à sa grand-mère cannibale et profita de la nuit pour s'enfuir du village. Elle courut jusqu'à la mer, se jeta dans les vagues, la corne magique à la main, et se laissa porter par les flots. La vieille Salukazi mourut dans la nuit. Le matin, les villageois trouvérent sa dépouille, mais Ntombi avait disparu sans laisser de traces. La mer emporta Ntombi au lointain et la déposa sur le sable, prés de son village natal. Etonnée, Ntombi regarda autour d'elle. Elle aperçut une femme qui se dirigeait tout droit vers elle. "Qui es-tu ? Comment es-tu venue jusqu'ici ? " demanda-t-elle. La jeune fille répondit : "Je suis Ntombi et mon village natal devrait se trouver ici. " La femme poussa un cri de joie et se jeta à son cou. C'était sa mére Bakabaka. Tout le village se réjouit du bon retour de Ntombi. Bakabaka remercia la mer de lui avoir rendu sa fille, mais plus jamais elle ne lui fit confiance comme auparavant, se gardant bien de lui abandonner sans surveillance ses enfants et ses petits-enfants. |
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| Sujet: Re: Bonjours & Bonsoirs Octobre 2019 Sam Oct 12 2019, 12:08 | |
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| Sujet: Re: Bonjours & Bonsoirs Octobre 2019 Dim Oct 13 2019, 08:13 | |
| Le héros paralysé Les tribus des Bayombé et des Mongo étaient ennemies depuis toujours. Nul ne se rappelait la vraie raison de cette hostilité qui n'en était pas moins farouche et tenace. Le plus souvent, c'étaient les Mongo, guerriers accomplis, qui cherchaient querelle aux Bayombé. Ceux-ci étaient travailleurs et pacifiques, mais une fois attaqués, ils se défendaient avec détermination. Ainsi, tout en vivant côte à côte, les Mongo et les Bayombé se faisaient une guerre permanente sans que pour autant les uns l'emportent sur les autres. Un jour, les Bakouba, apparentés aux Mongo vinrent s'installer sur le territoire de ceux-ci. Ensemble, ils décidérent de chasser les Bayombé de leurs terres. Le chef des Bayombé fut mis au courant de cette alliance par Dombi, puissant sorcier, qui avait l'habitude d'invoquer directement Mguri-mgori, le plus grand des dieux. Le chef mobilisa aussitôt ses guerriers, mais les Mongo et les Bakouba étaient bien supérieurs en nombre. Pendant des jours et des nuits, Dombi prépara une puissante magie qui devait faire pencher la victoire du côté des Bayombé. Le sorcier avait un fils paralysé de naissance, nommé Ingola. Trés affecté par l'infortune de son enfant, Dombi s'en plaignit amèrement aux puissants Esprits. Lorsque la guerre devint imminente, le grand Mguri-mgori lui apparut en songe et lui dit : "Sorcier Dombi, tu as maintes fois sollicité notre aide pour ton malheureux fils Ingola. Sache, cependant, que malgré son infortune, il sauvera ton peuple dans cette guerre. Qu'il fabrique une lance, mais dans un matériau autre que le bois, et qu'il se rende, armé de cette lance, dans les marécages pour y trouver l'hippopotame Daga. Ce n'est pas un hippopotame ordinaire : sa peau est d'une blancheur éclatante. Daga, l'hippopotame blanc, portera ton fils sur le champ de bataille où ton peuple sera en train de se battre. Ingola arrivera juste à temps pour lui permettre d'emporter la victoire. Lui-même, toutefois ne reviendra pas du combat. " Le sorcier raconta son rêve à Ingola, qui fut transporté de joie : "Ainsi, j'irai, moi aussi, au combat ! je ne serai plus la risée des femmes en restant à la maison ! Je me demande seulement comment fabriquer ma lance autrement qu'en bois ? " Le sorcier réfléchit, puis conseilla à son fils : "Le mieux sera de la forger en laiton. " Ingola se mit aussitôt à l'ouvrage. Sa lance était terminée lorsque les guerriers Bayombé finirent de se préparer au combat. Il s'en alla vers les marécages de Daga, l'hippopotame blanc, tandis que les guerriers Bayombé partirent pour la guerre. Ingola marcha en clopinant jusquêau marécage, alors que l'hippopotame venait déjà à sa rencontre. Daga présenta son large dos au jeune homme qui s'y hissa et partit au champ de bataille. La guerre y faisait rage. La chance commençait à pencher du côté des Mongo et des Bakouba, supérieurs en nombre. Les Bayombé durent reculer, leur retrait se transformant rapidement en débandade, puis en fuite éperdue. Chevauchant son hippopotame blanc, Ingola choisit ce moment crucial pour surgir telle une tornade au milieu des ennemis qu'il se mit à ravager avec sa lance en laiton. Il abattit les Mongo et les Bakouba par rangées entiéres, Daga, l'hippopotame blanc, piétinant leurs têtes pour les enfoncer dans le sol. Plus aucun doute ne subsistait sur l'issue de la guerre. Vainqueurs, les Bayombé n'eurent pas le loisir de remercier et célébrer leur jeune héros car un événement extraordinaire se produisit alors : l'hippopotame blanc trotta jusquêà un immense arbre creux qui poussait à côté du champ de bataille. Il s'engouffra dans la cavité avec le jeune homme qui le chevauchait toujours, sa lance à la main. Lorsque les Bayombé accoururent au pied de l'arbre, la cavité avait disparu. Depuis ce temps-là, les Bayombé racontent qu'Ingola sortira de l'arbre sur le dos de son hippopotame blanc, brandissant sa lance de laiton le jour où une grave menace pésera sur son peuple. Il sortira de l'arbre et, avec son aide, les Bayombé sortiront victorieux de la guerre. |
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| Sujet: Re: Bonjours & Bonsoirs Octobre 2019 Lun Oct 14 2019, 07:51 | |
| L'origine du monde et des hommes Autrefois, il y a trés longtemps de cela, quand le soleil et la lune ne brillaient pas encore dans le ciel et quand le monde se résumait à une brume verdâtre de la forêt vierge, les Esprits se réunirent pour élire leur roi. Aprés d'interminables conciliabules, ils hésitèrent entre le fort Ntogini, l'habile Ndoga-gin, et le sage Mguri-mgori. Un Esprit insignifiant et faible nommé Impisi s'adressa alors à toute l'assemblée : "Choisissons pour roi celui d'entre nous qui réussira l'exploit le plus remarquable. " Tous les Esprits furent d'accord. Le fort et courageux Ntogini se leva et, d'un seul geste de la main, dissipa la brume verd‚tre de la forêt. Le vif et adroit Ndoga-gin fit, lui aussi, un geste de la main et créa la Terre. Le sage Mguri-mgori étendit ses bras sur la Terre et, aussitôt, la forêt se mit à pousser, les ruisseaux et les rivières à couler, les lacs à se remplir d'eau. Sur ce, le robuste Ntogini gonfla ses joues et souffla. Il arracha tous les arbres de la forêt, en engendrant vents et tempêtes. Ndoga-gin réunit tous les Esprits morts depuis les origines du Temps pour les suspendre dans le ciel, créant ainsi la Lune et les étoiles. Mguri-mgori prit l'un de ses yeux et le lança haut dans le ciel, où il se transforma en Soleil. Ensuite, Ntogini créa les nuages, Ndoga-gin la pluie et Mguri-mgori l'éclair. Peu à peu, la Terre acquit son apparence définitive, seuls les hommes y manquaient. Alors, le faible et insignifiant Esprit Impisi se présenta à nouveau devant la grande assemblée et dit : "Les trois dieux sont en vérité trés puissants, mais il semble que Mguri-mgori soit tout de même le plus fort d'entre eux. Faisons-en notre roi s'il parvient à créer des êtres semblables à nous, les Esprits. " Tous les Esprits acceptérent la proposition d'Impisi. Mguri-mgori leur fit ses adieux et se retira dans un lieu connu de lui seul. Il resta absent trés longtemps, se montrant discret à son retour sur ce qu'il avait fait pendant sa retraite. Il se contenta de dire : "Je vais créer des êtres semblables à nous. Je leur accorderai le privilége de régner sur tout ce qui se trouve sur la Terre, mais ils auront deux devoirs : celui de nous obéir, à nous, les dieux et les Esprits, et celui de se laver tous les jours dans l'eau fraîche et courante pour que leurs pensées soient pures. " Aprés avoir manifesté bruyamment leur enthousiasme, les Esprits l'élurent roi. Seul le fort Ntogini en fut mécontent, car il jalousait Mguri-mgori. Il souffla de toutes ses forces et une tornade terrible dévasta la Terre. Les fleuves sortirent de leurs lits pour inonder les terres. Lorsque la tornade s'apaisa et que les fleuves retrouvérent leur cours habituel, des marécages s'étendaient un peu partout. Et voilà que les hommes se mirent à sortir de toute cette boue. Comme ils sont issus des marécages, leur peau est noire, mais comme ils se baignent tous les jours dans l'eau cristalline des riviéres, leurs pensées sont d'une blancheur éclatante. |
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| Sujet: Re: Bonjours & Bonsoirs Octobre 2019 Lun Oct 14 2019, 08:04 | |
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