Le verre de lait à l'école .

C’était le soir, vers 16h30, les élèves s’alignaient en rang d’oignons sous le préau. Ils tendaient leur verre duralex certifié de La Chapelle-Saint-Mesmin et soigneusement lavé. La distribution de lait allait commencer. Certains d’entre nous avaient quatre kilomètres voire plus à parcourir à pied pour rentrer chez eux. Ce verre de lait était le bienvenu. Dans d’autres écoles, la distribution avait lieu avec d’autres horaires, mais qu’importe. Partout, elle avait lieu…
En 1954, Pierre Mendès France, président du Conseil, annonçait à ses « p’tits amis » les enfants que l’école leur distribuerait quotidiennement un verre de lait et du sucre. Le slogan accompagnateur peut certes paraître naïf aujourd’hui « pour être studieux, solides, forts et vigoureux, buvez du lait ! ». Il n’empêche que derrière tout ça logeait une généreuse idée.
L’objectif était de lutter contre la dénutrition et aussi l’alcoolisme des enfants. Mendès France a cependant été accusé par ses détracteurs d’électoralisme. Lesquels détracteurs voyaient dans cette mesure un cadeau aux producteurs de lait. Pardi, Mendes était élu de Normandie !
Nous étions au lendemain de la Seconde Guerre mondiale et tout le monde n’était pas en forme, surtout les enfants. Or, le lait possède des vertus : richesse en calcium, vitamines, minéraux et autres nutriments, ainsi que l’eau en grande proportion pour la réhydratation.
Une fois les gamins, de milieux riches ou pauvres, également dotés quotidiennement (enfin, lors des jours de classe) de lait et de sucre, le président du Conseil entendait se battre contre un autre fléau, l’alcoolisme précoce.
A cet effet, en août 1956, une circulaire du ministère de l’Education nationale interdit la consommation de toute boisson alcoolisée dans les écoles aux élèves de moins de 14 ans. Les autres, avec l’accord des parents, pourront continuer à siroter à la cantine « des boissons ne titrant pas plus de trois degrés d’alcool.
Cette décision n’est pas évidente à une époque où la consommation d’alcool est très vive en France et est répandue aussi chez les petits. Il y a donc une résistance bien réelle, déplorée par le docteur Suzanne Serin qui témoigne alors « Un certain nombre de parents mettent dans le panier de l'enfant la boisson de leur choix. Souvent un demi-litre de vin, ou de cidre, ou de bière suivant la région. J'ai eu vent récemment, dans la région parisienne, d'un petit drame : les parents insistant pour que la boisson soit donnée aux enfants, le directeur s'y refusant... Les parents ont décidé que les enfants boiraient leur vin avant d'aller à l'école. Les enfants arrivent à l'école rouges, suants et dorment à moitié toute la matinée ».
Certes, l’alcool continue à faire des ravages chez les jeunes. Mais les efforts de Pierre Mendès France n’ont pas été vains. Ainsi par exemple, aujourd’hui, un peu plus de 30% des 15 à 19 ans sont des consommateurs réguliers de picrate ; en 1980, ils étaient 60% ! Bien sûr, il existe d’autres formes de consommations plus ou moins vénéneuses, mais c’est une autre histoire…


Interdiction de l'alcool à l'école .


https://www.dailymotion.com/video/x3uh8v7_le-jour-ou-l-interdiction-de-l-alcool-a-l-ecole_news

Anecdote !!!!!Je crois en avoir parlé à nos tout débuts du forum:

Il y avait à Quimper une rue "VERDELET" et à l'époque des quimpérois plaisantins ont proposé de la nommer rue "Mendés France "

Je m'en souviens bien en 54 (Rosie vous étiez en maternelle) . Nous avions le droit de l'agrémenter de chocolat en poudre . Le premier but but de Mendès France était de résorber les excédents considérables de lait et l'opération était présentée pour lutter contre l'alcoolisme et apporter du calcium aux marmots . Cela n'a pas duré longtemps .Ensuite on ne savait pas quoi faire des excédents de beurre par centaines de milliers de tonnes qui restaient dans les frigos .Cela me fait penser que l'on n'en parle plus .