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Après s’être concentré sur la réalisation d’affiches, de panneaux décoratifs, et sur la confection de costumes et de décors de théâtre, Alfons Mucha diversifie son activité dès 1895 avec des créations de vitraux, bijoux, meubles et de pièces d’orfèvrerie. En 1902, la Librairie centrale des Beaux-Arts publie Documents décoratifs, un large recueil de 72 dessins et aquarelles où l’artiste présente à la fois des études minutieuses de la faune, de la flore, de figures humaines, mais aussi des esquisses de frises et de décors muraux, ainsi que des meubles, des luminaires, de la vaisselle et divers ustensiles. Un catalogue très éclectique dans lequel l’artiste montre l’étendue de son expérience et qui lui permet aussi de fixer définitivement les canons de son propre style.
Analyse de l'image
« Chocolatière, tasse et soucoupe, pince à sucre, sucrier, couverts » : ce dessin compte parmi les études préparatoires que publie Mucha. Réalisée au crayon noir rehaussé de touches de gouache blanche sur bristol beige, cette planche montre le talent de dessinateur de l’artiste, son habileté graphique. Toute sa conception des arts décoratifs apparaît ici. Ses recherches formelles, son trait, son souci du détail et du raffinement, s’unissent pour transformer les objets du quotidien en formes poétiques. La chocolatière devient un samovar aux ondulations florales, tandis que l’anse de la tasse à café s’apparente à une aile de libellule. Sur le sucrier, Mucha dessine une tête de bouquetin. Ce goût pour le bestiaire se retrouve aussi bien dans les sièges et la fontaine qu’il crée pour la célèbre boutique du bijoutier Fouquet que dans les bijoux qu’il dessine à cette époque.
Les couverts aux lignes aériennes prennent eux aussi des allures d'insectes fantastiques. Dans la seconde moitié du XIXe siècle, de nouveaux ustensiles apparaissent : plats et assiettes à artichauts, à coquillages, à asperges, porte-menus, supports de grappes de raisins… La pince à sucre que Mucha dessine ici fait partie de ces nouveaux objets « indispensables ». Le directeur de la revue La Salle à manger écrit : « Un de ces jours, quelqu’un inventera un instrument à prendre la fourchette, ou l’horreur d’utiliser ses doigts donnera prétexte à la confection de gants de table ! »