La Majesté de sainte Foy, assise sur un trône et couronnée, est
présentée dans une rotonde, qui rappelle par sa forme aussi bien le
temple païen que l'abside d'une église. Surélevé de quelques marches à
l'intérieur, cet espace est conçu comme une sorte de « salle du trône »,
habillé d'un rideau de velours, d'un rouge profond, qui évoque le sang
du martyre et le triomphe de la foi.
Cette œuvre, datée des IX
e et X
e siècles, d'un
intérêt historique et artistique exceptionnel, abrite une insigne
relique : le sommet du crâne de sainte Foy, une jeune chrétienne
agenaise martyrisée en 303 et dont les ossements firent l'objet d'une «
translation furtive » jusqu'à Conques en 866.
Statue étonnante en tous points (ancienneté, fabrication, stylistique,
symbolique), la Majesté de sainte Foy a suscité des débats chez les
théologiens et les historiens. Sa plastique surprend : le corps
disproportionné (tête, bras et pieds importants), l'expression forte et
hautaine du visage (grands yeux de verre bleu foncé, menton relevé), la
rutilance de l'or, des pierreries et des émaux, donnent un sentiment
d'étrangeté qui a souvent conduit à qualifier d'idole ce reliquaire, qui
est en réalité une icône, soit la figure d'un saint dans la gloire du
ciel, brillant miroir de la lumière divine ; la face tendue vers le Très
Haut, sainte Foy, triomphante de la mort, intercède pour les pèlerins
qui la prient. Telle est, depuis toujours, la doctrine catholique du
culte des images et des reliques.