Société Limousin : le village à vendre pris d’assaut Les acheteurs se bousculent dans le hameau de
Courbefy, à Bussière-Galant, pour acquérir ces quelques hectares
abandonnés depuis 2008. Le village fantôme revit déjà grâce aux nombreux
visiteurs. Franck Lagier | Publié le 27.02.2012, 09h27
COURBEFY (HAUTE-VIENNE), HIER. Bernard
Guilhem, maire délégué de la commune (au centre), fait visiter les lieux
sous l’oeil de télévisions françaises et étrangères.
Personne n’en a voulu au prix de 300000 €
lors des dernières enchères judiciaires. Mais le hameau abandonné de
Courbefy, ses 19 bâtisses, sa piscine, son box à chevaux et son court de
tennis, qui n’a plus de résidant depuis 2008, suscite aujourd’hui un incroyable engouement médiatique.
Car après la diffusion d’un article dans « le Parisien » - « Aujourd’hui en France
», puis des reportages sur TF1 ou BFM TV, ce sont les chaînes
anglo-saxonnes comme CNN ou Sky News, qui ont braqué leur caméra sur ce
point culminant du Périgord-Limousin, situé sur la commune de
Saint-Nicolas-Courbefy, elle-même rattachée à Bussière-Galant.
« A la mairie, on est harcelés de coups de téléphone. Plus d’une centaine de personnes nous ont appelés. Des couples de Paris,
des jeunes gens à tendance écolo, et maintenant des étrangers s’y
pressent. Ici, on croise désormais des Porsche et des 4 L de hippies! »
s’amuse Bernard Guilhem, maire délégué devenu pour l’occasion l’agent
immobilier chargé des visites. Epuisé, l’élu, mais heureux. Car au prix
maintenant en hausse et fixé à 330 000 €, ce hameau pourrait bien
trouver acquéreur. « Vous pouvez acheter un village en France pour le
prix de certains appartements à Londres », s’enthousiasment ainsi de
nombreux quotidiens anglo-saxons, estimant ce montant dérisoire. « Nous
avons désormais de bons espoirs pour Courbefy : des Suisses, des
Anglais, des Américains, des Espagnols et une personne des Emirats
arabes unis se disent intéressés », confirme Me Paul Gérardin,
représentant le Crédit agricole, créancier des anciens propriétaires.
Sur place, le hameau n’a désormais plus rien d’un lieu fantôme. Samedi
après-midi, une quinzaine de voitures immatriculées un peu partout en
France étaient garées sur le site. Plus de trente personnes
déambulaient, observaient, prenaient des notes et des photos. « On est
une bande de copains éparpillée partout en France, et nous parlons
depuis longtemps de posséder un lieu de vie commun. On est donc venu de
Lyon, de Rennes, de Nantes ou de Paris pour le visiter. En divisant le
prix par dix, c’est possible! » lancent Alexandra, 30 ans, et Charles,
28 ans, enthousiastes mais réalistes quant aux nombreux travaux à
réaliser.
Vendredi soir, à 17 heures dernier délai, on saura si une offre a été
déposée. « On a l’habitude de critiquer les médias, résume Bernard
Guilhem, mais pour le coup, Courbefy leur dit merci. Nous allons
peut-être enfin pouvoir sauver notre village! »