Des Christ en barbelés face au célèbre retable d'Issenheim à Colmar Une vue rapprochée d'un Christ de l'artiste Adel Abdessemed, exposé au musée Unterlinden de Colmar, le 24 avril 2012.
La Crucifixion du célèbre retable d'Issenheim
n'a pas fini de faire des émules. A l'occasion de ses 500 ans, quatre
surprenants Christ, tressés avec du fil barbelé par l'artiste Adel
Abdessemed, sont exposés à Colmar face au chef d'oeuvre de la
Renaissance germanique qui les a inspirés.
Intitulée "Décor",
l'oeuvre est présentée pour la première fois en Europe au musée
Unterlinden dont le retable est le joyau, mis en valeur dans une
chapelle de cet ancien couvent du XIIIe siècle.
Les Christ
métalliques - à taille humaine - de l'artiste de 41 ans, né en Algérie
et vivant à Paris, y sont accrochés à un mur blanc comme en suspension,
alignés sans leur croix. Ils sont placés en regard du polyptyque de près
de 6 mètres de hauteur réalisé entre 1512 et 1516 par l'Allemand
Matthias Grünewald, avec le sculpteur Nicolas de Haguenau.
Cette
exposition, qui ouvre au public vendredi jusqu'au 16 septembre, est un
hommage à la Crucifixion qui domine les panneaux du retable, dont
Abdessemed s'est inspiré pour sa création.
"Adel avait découvert
le retable lors d'un voyage d'études à Colmar il y a une dizaine
d'années. Il avait été très impressionné par le corps lacéré du Christ,
ses plaies en putréfaction".
Décor"
exhale une violence à la mesure de celle que l'on peut ressentir devant
la peinture de Grünewald, où le corps supplicié du Christ apparaît
couvert de mutilations.
"L'essence même de la cruauté"
Les
corps des quatre Christ d'Abdessemed sont tressés avec du fil de fer
barbelé, ponctué de doubles lames tranchantes comme des rasoirs.
"Ce
matériau, le même que celui utilisé dans le camp de Guantanamo ou par
la défense militaire des frontières, est l'essence même de la cruauté et
de l'oppression".