Au coeur de l'hiver, dans les coulisses du parc animalier de Sainte-Croix, en Moselle
A cette saison, les équipes animalières s’adaptent pour préserver la santé des pensionnaires.
L'activité est plus que jamais intense afin de préserver les animaux des rigueurs de l'hiver.
Les chouettes Harfang des neiges, magnifiques dans les paysages blanchis par l’hiver. Photo Morgane BRICARD
C’est visite médicale en cette froide après-midi !
Blotti sous sa couverture de brume froide, le parc animalier de Sainte-Croix, à Rhodes (Moselle), semble engourdi.
Même si les hébergements insolites accueillent des hôtes à cette période de l’année, le site est fermé au public depuis quelques semaines.
Léthargie trompeuse. Car l’activité est très intense au niveau de l’équipe animalière.
« Pour que nos animaux gardent un comportement le plus naturel possible, nous évitons au maximum qu’ils soient imprégnés par des contacts trop fréquents avec l’homme.
L’entrée en période hivernale, qui impose de déménager temporairement certaines espèces, est l’occasion idéale pour administrer les soins »,
explique Pierre Singer, le directeur du parc de Sainte-Croix.
Ce jour-là, au programme de Jennifer Lahoreau, la vétérinaire du parc animalier de Sainte-Croix, une séance de vaccination et
de vermifugation pour les dindons sauvages qui rejoindront au printemps l'espace
" Le Nouveau Monde ", la nouveauté de la saison 2019. Bruno SUSSET
200 à 300 oiseaux à vacciner !
Voici donc venu le tour des dindons sauvages qui peupleront, entre autres, le futur « Nouveau Monde »,
un nouvel espace de présentation et d’hébergement que l’on découvrira cette saison.
Les gros volatiles sont attrapés par des soigneurs. Sitôt dans leurs bras, les oiseaux attendent sagement leur tour.
Vermifuge, vaccin au moyen d’une seringue automatique, le protocole est bien rodé pour stresser le moins possible l’animal qui,
sitôt libéré, retourne à sa vie tranquille. Cette après-midi-là, Jennifer Lahoreau, la vétérinaire du parc, vaccinera également des poules,
des canards, des pélicans frisés, des ibis falcinelles et une chouette Harfang !
« Nous réinterviendrons dans les prochaines semaines pour les rappels.
Il nous faudra pas moins de trois jours pour vacciner entre 200 et 300 oiseaux », précise encore la vétérinaire !
" Nombre de pensionnaires du parc sont originaires de l’hémisphère nord, donc habitués aux rigueurs climatiques du moment "
Ainsi va l’hiver à Sainte-Croix. « À moins de conditions météorologiques extrêmes, cette période ne nous pose pas vraiment de soucis particuliers »,
note Pierre Singer, tant il est vrai que nombre de pensionnaires du parc sont originaires de l’hémisphère nord,
donc habitués aux rigueurs climatiques du moment. « Nous craignons davantage un hiver humide,
car le grand froid permet de rompre certains cycles parasitaires », ajoute Jennifer Lahoreau.Une fois encore,
la nature a de toute façon bien fait les choses en dotant la faune de capacités d’adaptation tout à fait remarquables.
À chacun sa solution. « Nos marmottes, c’est simple, elles entrent en hibernation et s’endorment au fond de leur terrier.
Elles ne se réveilleront que fin mars, début avril, lorsque le soleil se fera plus généreux »,
indique Clément Leroux, le directeur de la communication du parc. Les ours bruns, quant à eux, vont plutôt hiverner, c’est-à-dire vivre au ralenti.
« Leurs boxes sont ouverts l’après-midi, et ils peuvent sortir s’ils le souhaitent.
En fonction du thermomètre, leur rythme cardiaque ralentit et leur température corporelle diminue. »
Afin de maintenir leur accès à la ressource halieutique, les oiseaux se regroupent pour éviter que l’eau des étangs ne gèle entièrement
À cette saison, les oiseaux font la démonstration de leur solidarité.
Pour maintenir leur accès à la ressource halieutique, ils se regroupent pour éviter que l’eau des étangs ne gèle entièrement.
« Afin de les aider, nous mettons aussi en place des aérateurs qui maintiennent l’eau en mouvement »,
ajoute Jennifer Lahoreau. Délicate attention appréciée des pensionnaires permanents du parc, comme des oiseaux de passages qui y font étape lors de leurs migrations.
On ne s’inquiétera pas davantage pour les pandas roux « habitués aux rigueurs himalayennes ».
Et on notera les surprenantes transformations de certaines espèces, tels les renards roux dont le pelage blanchit pour se fondre dans la neige,
ou les rennes qui enfilent un épais manteau de poils pour résister à des températures pouvant aller jusqu’à… - 70°C.
En hiver, les cervidés quittent leur plaine pour qu’elle se régénère et gagnent une réserve de 11 hectares.
L’occasion de les compter précisément. Photo Morgane BRICARD
Une réserve de 11 hectares pour les cervidés
Les cervidés, quant à eux, ont migré vers une réserve de 11 hectares, abandonnant leur plaine au bord de l’étang afin qu’elle se régénère.
« Au passage, cela nous permet aussi de les compter ! » Les plus sensibles au froid se révèlent finalement être les volatiles,
les échassiers notamment, du fait de la finesse de leurs pattes. Direction les volières d’hiver pour les aigrettes garzettes,
les hérons garde-bœufs, les hérons bihoreau gris, les spatules blanches… Et pour les animaux plus « exotiques »,
tels les lémuriens, si gourmands de chaleur, tout a été prévu. « Ils disposent, en plus de leur maison, d’espaces extérieurs chauffés » !
Plus encore que le reste de l’année, un soin tout particulier est apporté en cette saison à l’alimentation pour adapter les rations,
enrichies de compléments alimentaires s’il le faut, « en faisant en sorte qu’elles ne gèlent pas avant d’avoir été avalées. »
Et surtout ne pas croire que la vie s’arrête en hiver. Dès février va s’ouvrir la saison des amours chez les loups, prémices du renouveau !
Le panda roux, originaire de l'Himalaya et de Chine ne craint pas vraiment le froid ! Photo Morgane BRICARD
Les oiseaux les plus fragiles peuvent être mis à l'abri. Photo Morgane BRICARD
Le glouton est habitué aux rigueurs climatiques. Photo Morgane BRICARD
En hiver, l'alimentation des animaux est très surveillée, afin qu'ils puissent se nourrir avant que les aliments ne gèlent. Photo Morgane BRICARD
De nombreux animaux, comme les renards polaires, présentent de stupéfiantes facultés d'adaptation aux rigueurs hivernale,
comme cet épais duvet, plus clair en hiver, qui leur permet de passer inaperçus dans la neige. Photo Morgane BRICARD
Les équipes du parc animalier veillent à qu'il subsiste des zones d'eaux libres sur les étangs.
Au besoin, ils mettent en place des agitateurs. Photo Morgane BRICARD
Les loups arctiques ne redoutent pas la baisse des températures. Photo Morgane BRICARD
Le parc animalier de Sainte-Croix est ouvert au public durant les vacances de février.
L'occasion de découvrir le site et ses pensionnaires dans une autre ambiance. Photo Morgane BRICARD
Reportage Bruno Susset
pour Est Républicain Magazine