CERTES, en 2014 Peugeot Scooters signe une « alliance stratégique » avec le groupe indien Mahindra et Mahindra.
Mais c’est une tout autre époque qui revient à grands coups de pédales, grâce à « Un imagier du deux-roues »,
exposition de près de 330 affiches sur le cycle présentée à partir d’aujourd’hui à Paris, chez Artcurial.
Fameuse maison de vente aux enchères, qui procédera mardi à la vente de cette collection « atypique »,
qui contient évidemment des affiches pour les Cycles Peugeot, marque « historique » du deux-roues.
De ce collectionneur passionné, mais anonyme, on sait qu’il s’agit d’un industriel du cycle qui fabriquait des pièces détachées pour les vélos,
et qui adore chiner, fréquenter les libraires, les marchands d’affiche…
« Il se sépare de sa collection un peu à regret, par manque de place, car il a beaucoup de documents.
Cette vente a ceci d’exceptionnel qu’elle concentre sur un sujet plus de 300 très belles images »,
précise Mireille Romand, expert de la vente, et amie de longue date du collectionneur.
Les promeneurs et les sportifs
« Le cycle, comme toutes les inventions, a donné lieu à de nombreuses représentations graphiques,
parce qu’il avait besoin de publicité, comme toutes les inventions. Peugeot, étant une des grandes marques françaises,
a énormément contribué à l’iconographie des affiches de cycle », dit-elle. « Les artistes de l’affiche ne sont jamais très connus,
en dehors de quelques noms très emblématiques, comme Toulouse-Lautrec ou Jules Chéret.
Peugeot a fait travailler de bons artistes, mais qui ne sont pas forcément des artistes très connus.
En revanche, les représentations sont elles très connues, et sont passées dans l’imagerie collective », constate Mireille Romand.
« L’affiche est absolument le miroir d’une époque. Dans la progression de ce qui a été fait pour Peugeot,
on voit tout à fait l’évolution graphique et technique du cycle, qui est parfois traité sous l’aspect sportif et parfois sous un angle de plaisir, de promenade »,
raconte l’expert. « Ce sont toujours un peu les mêmes iconographies qui reviennent, d’une marque à l’autre, soit la balade dominicale,
soit l’aspect plus sportif ».
Les réclames des Cycles Peugeot, fabriqués par « Les fils de Peugeot Frères à Valentigney »,
dans le Doubs, ont ainsi participé à la démocratisation du vélo. Il y a bien sûr ces images de promenade, seul (e), en couple, en groupe…
Et ces affiches qui vantent les exploits des premiers coureurs cyclistes. Tel ce « succès sans précédent »
sur la course Paris-Nantes, où les 5 premiers roulaient sur des Bicyclettes Peugeot ; ou Morin, gagnant du Grand Prix de Paris en 1895 et 1896.
Perot dessine la silhouette d’un cycliste, sur fond bleu-blanc-rouge et visage du Lion.
Dam montre combien « une Peugeot roule bien », en créant un effet de vitesse avec gros plan sur le pédalier.
« Avec Artcurial, nous avons choisi de traiter l’angle graphique plutôt que l’angle des marques,
et donc de grouper les grands sportifs de la bicyclette, l’ethnographie à travers la bicyclette,
ou toutes ces images de très jolies femmes montant à bicyclette…
Ce qui représente une évolution de la femme parce que c’est grâce à au vélo que le pantalon a été inventé ! », rappelle Mireille Romand.
Les nostalgiques de la réclame reverront l’apparition du bonhomme emblématique de Michelin,
avec le célèbre slogan « Nunc est Bidendum ». Les fans de la Grande Boucle admireront l’ensemble lié au Tour de France.
Les spécialistes de la technologie examineront les premières pubs des Vélos Solex et des Mobylettes.
Et les collectionneurs casseront leurs tirelires pour ces affiches, estimées de 150 à 8 000 €.
« Les amateurs d’affiches de cycles sont nombreux, collectionneurs, particuliers, ou institutions.
Ils auront la chance d’avoir un panel assez étendu, qui recouvre cent ans d’affiches du cycle dans tous ses aspects »,
précise Mireille Romand, « Mais il y a un aspect plaisir pour les amateurs qui aiment l’image au-delà du sujet,
parce que la plupart d’entre elles sont formidablement belles ».
Patrick TARDIT