Le pont Albert Louppe ?
le pont Albert-Louppe enjambe l'embouchure de l'Élorn depuis 1930. Démoli par les Allemands en 1944, ce géant de béton armé esten semi-retraite depuis 1994.
Pour Eugène Freyssinet, concepteur de l'ouvrage, le pont Albert-Louppe fut un véritable défi : la poutre du tablier fait 9 m de large et 888 m de long mais, surtout, ses arcs en béton détenaient, à l'époque, le record mondial de portée, avec 560 m. Des travaux titanesques mais indispensables. Car avant lui, la liaison entre le Léon et la Cornouaille n'était possible que par une barque, puis par le bac à vapeur, ou en faisant le détour par Landerneau. Ce n'est qu'en 1922, sous l'impulsion d'Albert Louppe, sénateur du Finistère et président du conseil général, que le projet se concrétisa. Le chantier débute en 1926 mais, un an plus tard, Albert Louppe décède. En son honneur, il est convenu que celui qui devait être baptisé « pont de Plougastel » porterait son nom.
50.000 personnes à son baptême
Inauguré le 9 octobre 1930 par le président de la République, Gaston Doumergue, la cérémonie est alors un peu boudée par la population. Mais trois jours plus tard, l'évêque de Quimper, monseigneur Duparc, bénissait le pont en présence de 50.000 personnes dont certaines manqueront de passer par-dessus le parapet à cause de l'affluence.
Vingt tonnes d'explosifs
En 1944, il faut 20 tonnes d'explosifs à l'armée allemande pour détruire la première arche du pont, côté Brest. Le bac reprend alors du service pendant trois ans, le temps des travaux de reconstruction. Reconstruit et élargi, le pont reprend son rôle. Mais son trafic augmentant continuellement (28.000 véhicules l'empruntent tous les jours), il doit être remplacé par le nouveau « pont de l'Iroise », inauguré en 1994. Dès lors, Albert-Louppe devient un lieu de promenade, ouvert également aux deux-roues et aux piétons. À l'origine, une galerie pour le passage d'une voie ferrée fut réalisée sous le tablier, mais jamais un rail n'y fut posé. À la désaffection du pont, un projet de galerie d'art fut proposé. L'idée de démolir le tablier en conservant uniquement les arches fut également abordée, mais il semblerait que les promeneurs aient encore de belles balades devant eux.
La Dame blanche de Plougastel
Beaucoup de Brestois ont un autre souvenir du pont Albert-Louppe : la mystérieuse Dame blanche. Toujours dans les mêmes circonstances : un ami (voire un ami d'ami), une traversée de nuit (parfois un peu arrosée) et elle est là ! On retrouve des traces de cette légende urbaine jusque dans les années 50. Selon les souvenirs d'un Plougastel, sa grand-mère mettait en garde ses deux filles du danger : « N'allez pas traverser le pont la nuit ou la Dame blanche vous attrapera ! ». Des années de réflexion plus tard, le petit-fils pense qu'il s'agissait surtout d'un moyen de prévention pour que les filles n'aillent pas fricoter en cachette avec les jeunes Brestois. Une explication possible de la naissance de cette légende qui a fait frissonner des générations de petits (et grands) Brestois.