Du temps de « La Vôge »
Depuis trente ans, une poignée d’historiens locaux fait revivre le passé du nord du Territoire de Belfort dans une revue de qualité.
Par François Zimmer
Effervescence chez Marie-Noëlle Marline-Grisey, à Giromagny (90).
Entourée du comité de rédaction, la présidente de l’AHPSV (Association pour l’histoire et le patrimoine sous-vosgiens)
libère de leur emballage plastifié les paquets contenant la 45e publication de « La Vôge ». Un grand moment.
Derrière ce véritable livre d’histoire, avec ses 148 pages, son papier glacé et ses photos couleur, il y a trente ans de recherches passionnées.
« Au début, on sortait deux revues par an », se souvient François Sellier, co-fondateur de la revue et ancien président de l’association née en novembre 1987,
« mais nous sommes passés à un exemplaire annuel il y a une quinzaine d’années, en doublant le nombre de pages ».
Un rendez-vous qui laisse plus de temps pour explorer l’histoire locale et la mettre en perspective.
François Sellier, ancien technicien à l’IUT de Belfort, fait figure de pionnier.
« L’idée était de lancer une revue grand public, s’intéressant à des thèmes populaires en relation avec notre terroir et respectant la rigueur historique.
Nous l’avons baptisée en fonction de notre appartenance géographique, à savoir le piémont des Vosges. »
Dès la sortie du premier numéro en juin 1988, le succès est au rendez-vous. De 850 exemplaires,
« La Vôge » passe rapidement à mille, portée par une équipe enthousiaste :
l’historien local François Lieblin, le président du foyer rural de Rougemont-le-Château Pierre Walter (à l’origine des fouilles archéologiques du château médiéval),
le fonctionnaire préfectoral Philippe Dattler et la secrétaire de l’association Nicole Grisey.
Un foisonnement d’énergie qui émane désormais de Roland Guillaume, Maurice Helle, Claude Parietti, Bernard et Christine Perez.
Avec une ligne éditoriale inchangée : « La Vôge » parle peu de l’association dont elle est le support,
et beaucoup de ces petites histoires locales qui forgent une identité à travers les générations.
« Nous sortons toujours fin novembre », explique François Sellier, « car certains de nos lecteurs offrent la revue pour Noël,
à l’occasion d’un déplacement familial à l’extérieur du Territoire de Belfort. C’est l’occasion d’avoir des nouvelles du pays.
Les sources sont inépuisables, surtout à partir de la Révolution, et on s’efforce de suivre l’actualité en racontant l’histoire d’un commerce ou
d’une école qui ferme, en reconstituant l’itinéraire d’un grognard de l’Empire dont la tombe existe toujours,
ou le crash d’un avion militaire au Ballon d’Alsace en 1967. Nos numéros sur la Libération, parus en 1996 et 2012, sont devenus des références.
Et depuis 2014, centenaire oblige, nous évoquons la Première Guerre mondiale à chaque numéro. » Avec une obsession : l’intérêt local.