le prénom marianne, le choix de la république
« Pourquoi le prénom Marianne incarne-t-il la République française ?
Etait-ce le prénom d’une femme qui s’est distinguée durant la Révolution ? »
Il n’est pas simple de découvrir l’origine du choix de ce prénom retenu dans une période trouble. Plusieurs hypothèses ont été avancées. Certains auteurs prétendent qu‘il a été donné à la République par ses ennemis. Marie et Anne étant, au XVIIIe siècle, des prénoms utilisés uniquement dans le bas peuple, ils les associèrent pour assimiler la République à une « moins que rien ». Plus tard, les Républicains triomphants auraient fièrement gardé ce sobriquet pour affirmer le caractère populaire du régime. En témoigne une chanson révolutionnaire la « Garisou de Marianno » (en français : la Guérison de Marianne). Elle avait été écrite en 1792 par un cordonnier troubadour, Guillaume Lavabre. Son village natal, Puylaurens (Tarn), revendique d’ailleurs l’appellation de « Berceau occitan de la Marianne républicaine ».
Une autre hypothèse se rapporte au Directoire qui, après avoir réprimé le coup d’État du 18 fructidor de l’An V (4 septembre 1797) voulut donner à la République un nom plaisant. Un de ses membres, le Vicomte de Barras, fut séduit lors d’une réception par la charmante Marie-Anne Reubell, épouse de son hôte, le Colmarien Jean-François Reubell. Il décida de retenir son prénom en déclarant : « Parfait, il est simple, il est bref et sied à la République autant qu’à vous-même ». Par la suite, dans sa correspondance secrète avec les généraux hostiles à son ennemi Carnot, il désigna toujours son groupe sous le nom de code de Marie-Anne.
Sous Napoléon III, on cite encore une société secrète républicaine des départements de l’ouest, dirigée par le Comité démocratique de Londres ; elle se dénommait « la Marianne ».
Au prénom succéda une figure allégorique de la République qui était une femme coiffée d’un bonnet phrygien. Dès 1877, dans les mairies, le buste de Marianne se substitua à celui de Napoléon III. De nombreux modèles ont inspiré les artistes.
Les sculpteurs lui donnent régulièrement les traits de personnages célèbres. Pour la cinquième République, citons Brigitte Bardot (1968), Michèle Morgan (1972), Mireille Mathieu (1978), Catherine Deneuve (1985)… En l’an 2000, à l’issue d’un concours organisé par l’Association des maires de France, le mannequin Laetitia Casta avait été retenue pour incarner la « Marianne de l’an 2000 ».