je n'en reviens pas .
Le premier guichet automatique a été installé en 1967 dans une banlieue de Londres par la banque britannique Barclays. La carte à bande magnétique n'ayant pas encore été inventée, la machine remettait un montant d'argent prédéterminé en échange d'un coupon. Les clients ne pouvaient transférer de fonds d'un compte à un autre, et les employés de la banque comptabilisaient les transactions manuellement à la fin de chaque journée.
Mais la propagation des guichets a fait bien plus que simplement révolutionner l'industrie bancaire : elle a aussi appris aux consommateurs à interagir avec des machines pour obtenir des biens. Aujourd'hui nous achetons nous-mêmes nos billets de cinéma ou nos cartes d'embarquement, nous réglons l'épicerie à la caisse libre-service et quelques clics suffisent pour acheter pratiquement n'importe quoi en ligne.
Tout cela découle du même principe : les consommateurs peuvent gérer eux-mêmes certaines transactions fondamentales, sans l'intercession d'un caissier ou d'une caissière.
« Le guichet automatique a exploité cette force interne qu'ont les gens, la gratification qu'on retire d'accomplir une tâche par nous-mêmes, et c'est parti de là », explique le professeur Charles Kane, de l'École de gestion Sloan de l'Institut de technologie du Massachusetts.
Le professeur d'affaires et historien des guichets automatiques (oui, ils existent!) Bernardo Batiz-Lazo, de l'université britannique Bangor, révèle que les premiers utilisateurs des guichets vérifiaient souvent leur solde deux fois : une fois pour voir combien ils avaient d'argent dans leur compte, et une fois après avoir effectué leur retrait pour s'assurer que les chiffres étaient bons.
« Ils [les guichets] étaient populaires, mais il a fallu beaucoup de temps pour convaincre les consommateurs de les utiliser régulièrement », dit-il.
Pour l'industrie bancaire, le guichet signifiait qu'une banque pouvait être à des milliers d'endroits en même temps, et non plus confinée à ses succursales, et engranger des milliards de dollars en revenus auprès de gens qui n'étaient pas ses clients. Le guichet automatique a permis de libérer ceux qui travaillaient auparavant comme caissier/caissière pour leur confier des tâches comme les ventes ou la gestion de comptes.
Il y aurait aujourd'hui quelque trois millions de guichets automatiques aux États-Unis. La majorité d'entre eux n'appartiennent pas à des banques, mais plutôt à des compagnies privées qui les installent dans des dépanneurs, des restaurants et des bars dans l'espoir de capturer les clients qui ne veulent pas partir à la recherche d'un guichet de leur institution.
Même si les consommateurs utilisent de moins en moins de liquide, et que les paiements par carte de crédit ou téléphone portable sont en hausse, l'avenir du guichet automatique ne semble pas menacé dans l'immédiat : 85 % des transactions mondiales sont toujours réglées en espèces, selon Devon Watson, un vice-président de Diebold Nixdorf, le plus important producteur mondial de guichets automatiques.
Les modèles les plus sophistiqués permettent de déposer des chèques, d'effectuer des transferts d'un compte vers un autre, de régler une facture, voire d'acheter des timbres.
NCR, un autre fabricant important de guichets automatiques, dit que les machines sont de plus en plus conçues pour ressembler à des appareils intelligents, incluant la reconnaissance de gestes.
Et ce n'est que le début. Les prochains guichets pourraient proposer, par exemple, d'ouvrir un compte de courtage - comme le faisaient les employés humains auparavant.