, voilà ce que j'ai trouvé sur ,ben mazette nous v'la beaux .
Son travail sur le corps réaffirme son exigence de peintre héritier de la grande tradition. Il cherche à cerner au plus près la réalité en interrogeant la matière afin de transcender l’horreur. Celle-ci, magnifiée par une densité plastique et par une sensualité de la pâte est pétrie de pépites colorées, de failles lumineuses qui transgressent les fulgurances de l’extase.
Seule la peinture à l’huile, avec ses glacis lentement appliqués et mûris, permet une approche aussi intime.
Aux suppliciés répondent les crucifixions, les bébés difformes ou les têtes d’enfants, confrontés à des paysages calcinés d’une terre exsangue.
Monde du crépuscule où les ténèbres combattent la lumière.
Les chairs purulentes, violées de chanvre et de matières minérales, montrent les stigmates de la douleur, des peurs, de la torture. Elles provoquent une ambiguïté où la répulsion affronte l’éblouissement pictural. La vision hallucinée de Correia convoque paradoxalement la beauté fascinante d’une surface picturale transfigurée sous l’effet des diaprures roses et ocre clair relevées de gris, de noir et de blanc. Les taches moirées, submergées d’une lumière réflective, figurent des plaies revêtues des couleurs de sang et de lave, qui assaillent les visages et les corps rongés par la lèpre.
La métamorphose de ces corps est celle de l’âme. Le pinceau de Correia arrache des lambeaux de peau, transformés en reflets picturaux.
Si la peinture n'est, pour certains, qu'une approche objective et souriante du visible, Antoine Correia s'interresse, jusqu'au vertige, à la vie intérieure de l'homme et, si les visages qu'il peinte expriment un indescriptible naufrage, c'est qu'ils révèlent la part souffrante et tourmentée de l'ame humaine.
Amoureux de la peinture Chrétienne, à laquelle certaines oeuvres font directement allusion, il ne fait en rien table rase de l'histoire de l'art.
bien au contraire.
D'un certain point de vue, son travail n'est qu'une mise à jour, une actualisation de thèmes dont Jérôme Bosch, Goya, Munch ou James Ensor avaient, chacun à leur manière, exploré avant lui. Y voir une quelconque "pathologie" serait un affreux contresens.Correia est un homme lucide, réfléchi et conscient de ses devoirs. Pas un pitre apocalyptique. En dépit de la torture dont ses sujets semblent être la proie propitiatoire, il n'est ni nihiliste ni décadent.
Defaitn il ne rejette pas l'idée de trascendance mais dénonce tout ce qui, en nous, fait obstacle à son avènement.
"Loin de n'être qu'un objet purement décoratif, la peinture demeure un moyen d'expression. La mienne n'est que le reflet du monde, un écho de la double nature de l'Homme, porté au mal comme au bien. Je ne fais qu'exprimer ce qui se passe en lui. Pour moi peindre peut aussi être une manière de prier."
D'une nature hypersensible, Correia, qui n'endosse aucune panoplie, aucun artifice à la mode, est un être d'introspection. L'idée qu'il se fait de la foi n'a rien a voir avec l'institution.
"Ma vie, mes affects, sont à la source de mon travail. Mes visages sont l'illustration d'une pensée. Je peins ce que mes personnages ont dans la tête. Un monde plus ou moins cahotique."
De la vanité à la dérision, Correia traite de la vie humaine avec une pointe de véhémence. Face à ces visagesravagés, défigurés, méconnaissables, on pense assez naturellement au "théâtre de la cruauté" dont Antonin Artaud avait fait un outil de combat.La face humaine, aspirée par ce qui la nie, devient ainsi un champ de bataille, un terrain miné par la guerre et les sables mouvants. Si le corps, fréquemment, est lisse, levisage est comme tuméfié. On le voit sortir du tableau.
Ajoutant de la colle, de la cendre et la filasse à sa peinture, Correia fait surgir, déborderla matière qui, du même coup, ressemble à une plaie vive, une blessure, un épanchement d'humeurs. En dépit de la dureté de cette peinture sombre et haute en relief, les expositions de Correia recoivent un accueil très chaleureux du public et des collectionneurs.