On modifie les noms de lieux dès 1792 pour éliminer tout ce qui rappelle la religion, la royauté et les aristocrates ou pour désigner une ville royaliste à la vindicte républicaine : Toulon qui s’était révoltée devient Ville-Infâme, Marseille Ville-Sans-Nom...
Dans chaque département, des dizaines de villes et de villages changent de toponyme sous la Terreur, parfois pour une appellation sans lien avec l’ancienne... Saint-Pierre-des-Corps près de Tours devient Clarté-Républicaine, Curé-d’Aunis en Charente se transforme en Tricolore... Parfois, on sombre dans le ridicule : Grenoble est renommé Grelibre, Croix-Chapeau en Charente devient Pique-Chapeau, Saint-Martin en Corrèze Martin-sans-Culotte, pour ne citer que ces quelques cas. Parfois, le nom est changé par enthousiasme révolutionnaire, même si l’ancien n’évoque ni saint, ni roi, ni château. Buzançais se transforme en Fraternité-sur-Indre par exemple.
Progressivement, les communes reviennent à leurs anciens noms, certaines sous la Convention thermidorienne (1794-1795), d’autres sous le Consulat (1799-1804) et toutes celles qui restent en 1814. Du moins en théorie, car un nombre finalement non négligeable de communes garde le nouveau nom, surtout quand l’ancien était mal sonnant.
Pour que l’historien, le curieux ou l’amateur de généalogie s’y retrouvent, ce livre liste les anciens et les nouveaux noms pour les communes qui les ont modifiés et dont les appellations républicaines n’ont pas de ressemblances évidentes avec l’ancienne. Des informations sur la création des départements et leur évolution sous la Révolution et l’Empire, et des anecdotes sur les cas les plus cocasses ou les plus dramatiques complètent ce dictionnaire indispensable à l’heure du 220e anniversaire des changements révolutionnaires des noms de lieux !