a propos du Goncourt

On vient de décerner le Goncourt. Pour ma part je m'étonne que jamais on ne remette en cause un prix que l'on doit pourtant à deux hommes qu'un critique de l'époque avait renommés "cons gourds", Edmond qui survécut presque trente ans à son frère , était ami des Daudet (ah le brave Alphonse!) de Drumont l'auteur de la "France Juive ". Cet homme considérait les femmes comme des abruties (pas original), le peuple comme méprisable (pas original) et je livre quelques perles antisémites. Leur journal en est truffé, mais recevoir le Goncourt ça fait vendre et ça dure depuis 1897.


"Quant aux dessins à la plume, représentant des types juifs, Tissot nous les montre portraiturés dans la vérité du type juif autochtone, et donnant très exactement ces grands nez courbes, ces sourcils broussailleux, ces barbes en éventail, ces regards précautionneux soulevant de lourdes paupières, et les pensées calculatrices, et les jovialités mauvaises, et la perfide cautèle, sous la bouffissure de graisse de ces faces.

Chez les Sémites, le cerveau ne se développe que jusqu'à 25 ans ; chez les Aryens, le développement dépasserait de beaucoup cet âge. Cette particularité du cerveau s'appellerait : le mur.

A propos du juif qui, pendant la guerre, avait demandé à être décoré, et avait offert pour ce, de verser 30 000 francs, à la souscription de chaussures, lancée par Thiers, quelqu'un disait ce soir, que le caractère de la race juive diffère absolument du caractère de la race aryenne, en ce que chez cette race, toute chose au monde a une évaluation en argent. Or, pour le juif, la croix c'est telle somme, l'amour d'une femme du monde c'est telle somme, une vieille savate, c'est telle autre somme. Ainsi dans une cervelle sémite tout est tarifé : choses honorifiques, choses de coeur, choses quelconques.

On cause ce matin des livres d'éducation à l'usage des enfants, maintenant écrits pour des grands garçons, pour des grandes filles, et tout à fait incompréhensibles pour de jeunes cervelles.
Là dessus, Madame Daudet dit - et elle est dans le vrai - que cela vient de ce que, lorsqu'un républicain rouge ou un juif a fabriqué un de ces petits traités, le gouvernement veut, aussitôt, lui faire cadeau de la vente d'une dizaine de mille d'exemplaires"

L'antisémitisme était à la mode alors, puisqu'on était en pleine affaire Dreyfus, à la fin de la vie d'Edmond Goncourt. Et ces propos choquants pour nous ne l'étaient sans doute pas tant que ça à cette époque. Je ne cherche pas à trouver des excuses aux Goncourt mais il faut replacer cela dans le contexte de l'époque pour en juger.

Il est toujours un peu difficile de juger un état d'esprit de l'époque ,c'est comme pour le colonialisme dont un de ses grands défenseurs était Jules Ferry ,mission civilisatrice de la France .Les Français à l'époque étaient nationalistes et patriotiques ,notions à peu près disparues sauf pour fe foot .

Les Goncourt ,Alphonse Daudet ,son fils Léon ,digne successeur de son père étaient des fers de lance de ce sinistre courant de pensées .Comme toujours ,ce n'est pas simple ,si le salon de Daudet était fréquenté par les Goncourt ,Drumond ,Barrès ,il y avait Zola ,Maupassant ,Renan et même Gambetta .

Pour en revenir à l'affaire Dreyfus ,point culminant de l'antisémitisme de l'époque,il y a beaucoup de pays dans lesquels cela n'aurait pas été possible car un juif n'aurait jamais pu être officier même subalterne .

En ce qui concerne le prix ,il était promis à Jenni ,l'esprit bien-pensant actuel .On avait éliminé tous les concurrents de qualité autour de lui .Bref une gallimardise de plus .

A propos le prix Goncourt est une niche fiscale ,il est exonéré d'impôts .

Vous avez raison l'un et l'autre et Michel évoque d'ailleurs le manque d'honnêteté de l'attribution de ce prix que je n'essaie jamais de lire car cela me semble plutôt du temps perdu et je ne souhaite pas briller dans les dîners en ville.
Mais n'empêche, il y a un silence autour des Goncourt qui sent l'oseille et que je dénonce. On n'oublie pas et avec raison, de signaler que si Céline fut un génie littéraire c'était aussi un antisémite puant et cela a même donné la mascarade du Frédo Mitterrand qui réunissant trois neurones a ostracisé Céline. En revanche, les Goncourt passent comme des lettres à la poste. La lecture intégrale de leur journal, il y a une vingtaine d'années, m'a laissée écoeurée, tant de bêtise, d'étroitesse d'esprit, d'envie, de médiocrité et non, heureusement, ils ne faisaient pas l'unanimité à leur époque. Certes, Edmond voyait Zola, mais il en disait mille mal et Zola avait des couilles, il en est mort, car en 1902 c'est sans doute une main criminelle qui a détraqué le poêle. A l'époque il a dû s'exiler à Londres et il était vilipendé, traité lui-même de juif, bref s'il y eut une affaire Dreyfus c'est bien parce qu'une partie de l'opinion dénonça les "bien-pensants" façon Goncourt.
J'aimerais bien que certains à notre époque dénoncent la médiocrité des Goncourt mais je sais aussi qu'il n'y faut pas compter trop de fric en jeu.

Michel Boisjoly a écrit:

A propos le prix Goncourt est une niche fiscale ,il est exonéré d'impôts .

Il était de 50 Francs de 1902 à 2001, mais il a subi une grosse augmentation avec l'arrivée de l'€uro, passant à 10 € en 2001. Alors même s'il était imposable à 50%, je pense que les récipiendaires s'en remettraient.... :lol!:

A moins que ce ne soit les ventes qu'il engendre qui soient exonérées, auquel cas ce serait effectivement très intéressant.

Les ventes sont effectivement très intéressantes mais sont-elles défiscalisées???

Les ventes bien sûr car le prix lui-même ,c'est peanut .Le prix du repas chez Drouant était fixé à vingt francs depuis 1897 ,en 2001 cela ne faisait pas lourd .Je ne sais pas comment ils ont fait lors du passage à l'euro .Chez Drouant ,pour un quidam ordinaire ,le repas droit tourner autour de 200 euro .Ah que ne suis-je académicien Goncourt .