L'auteur est un proscrit à barbe blanche, qui, de son exil de Guernesey, n'en finit pas de lancer des philippiques à l'encontre de l'empereur Napoléon III, alors à l'apogée de son règne.
Mais comme l'empereur lui-même, comme beaucoup de ses contemporains, comme le peintre Millet (L'Angélus, Le vanneur...), Victor Hugo se montre dans les années 1850-1860 très sensible au sort des humbles et à la condition ouvrière.
Le 3 avril 1862 sortent en librairie les deux premiers tomes d'un roman promis à un succès exceptionnel : Les Misérables. L'auteur est un proscrit à barbe blanche, qui, de son exil de Guernesey, n'en finit pas de lancer des philippiques à l'encontre de l'empereur Napoléon III, alors à l'apogée de son règne.
Victor Hugo, car c'est de lui qu'il s'agit, a mûri pendant près de trente ans son projet romanesque.
Avec Les Misérables, sa gloire va atteindre une dimension planétaire inconnue jusque-là dans le domaine littéraire.
Commence la période de la documentation avec collecte de coupures de presse, visite des lieux (bagnes, usines ou champ de bataille de Waterloo, où il met le point final à son roman), et recueil de témoignages.
L'écriture elle-même commence le 7 novembre 1845, pour un premier jet se déroulant jusqu'en 1848. Mais la politique interrompt l'œuvre de création d'Hugo qui assiste indigné à l'abdication de Louis-Philippe et plus tard au coup d'État de Louis-Napoléon Bonaparte (qu'il a d'abord soutenu).
Avant d'être obligé de fuir, il court de barricade en barricade, expérience qui deviendra un des temps forts de son roman où il met en scène le petit Gavroche, tout droit sorti de La Liberté guidant le peuple d'Eugène Delacroix, peinte en 1830. L'exil lui offre le calme pour reprendre la plume, de 1860 à 1862.
Entre-temps, le projet a évolué, ses idées sociales étant devenues plus claires. Il ne s'agit plus des Misères, abstraction de l'état de pauvreté d'une partie de la population, mais des Misérables, incarnation du peuple souffrant à travers quelques personnages-types.
Il faut trois mois, d'avril à juin 1862, pour publier les dix volumes des Misérables. Ce sont les éditeurs bruxellois Lacroix et Verboeckhoven qui ont remporté le contrat, contre la remise de 300.000 francs au poète, une somme énorme. Jusqu'au dernier moment, Hugo multiplie les relectures et retouches, avec l'aide de Juliette Drouet à la plume.
Les républicains lui reprochent de donner en exemple un prêtre (monseigneur Bienvenu), les catholiques d'accuser Dieu d'être à l'origine de la misère. Voici Hugo vilipendé pour avoir engendré «le livre le plus dangereux de ce temps, pour l'avoir lu j'ai beaucoup aimé ce livre .