L’artiste est un enfant du pays, né le 31 juillet 1844 à Mont-Saint-Père, un petit village de la vallée de la Marne. Il est le fils de l’instituteur de la commune. Et ce dernier encourage les dons précoces que manifeste l’enfant pour la peinture et le dessin. Bientôt titulaire d’une bourse d’Etat, Léon Lhermitte monte à Paris et entre en 1863 à la
Petite Ecole. En cette seconde décennie du Second Empire, cette Ecole impériale de Dessin dirigée par Horace Lecoq de Boisbaudran est devenue la rivale de l’Ecole des Beaux-Arts. Dans l’institution, le jeune homme se lie entre autres avec Auguste Rodin ou Jules Dalou.
En 1864, âgé d’à peine vingt ans, c’est au Salon de l’Académie que Léon Lhermitte expose pour la première fois ses œuvres, des scènes de plein-air croquées sur les bords de Marne de l’est parisien, près de Maisons-Alfort. Sept ans plus tard, Paul Durand-Ruel, l’influant galeriste parisien, expose quelques-uns de ses dessins, avant que ses toiles ne figurent dans les collections de la galerie Dudley de Londres. S’inspirant de Millet et des peintres naturalistes de la génération précédente, le style classique de Léon Lhermitte s’accommode volontiers des scènes d’extérieur, celles de la vie des campagnes notamment. Comme les impressionnistes, il s’attache à y laisser s’exprimer la lumière ambiante, son souci du détail le distinguant cependant de ses confrères et contemporains.
Léon Lhermitte cependant n’exposera pas à coté de ceux qui dominent bientôt le marché de l’art en France. Il refuse en 1879 une première proposition qui lui est faite par Edgard Degas. Peu après, le peintre est de retour dans son village de Mont Saint-Père. Les paysages du sud de l’Aisne et des rives de la Marne formeront désormais le décor de ses œuvres, celles-ci s’attachant à représenter le monde paysan. Ainsi, en 1882, la cour de la ferme de Ru Chailly, une grande exploitation affermée à la famille Jaryprès de Château-Thierry, lui sert demodèle pour
La Paie des moissonneurs.
Dans cette toile d’ailleurs, les greniers débordant de foins montrent assez l’aisance du maître des lieux, ce dernier étant alors occupé à donner à ses manouvriers la rétribution de leur travail. La scène cependant est dominée par la figure sculpturale et hiératique du vieux moissonneur, Casimir Dehan, qui se tient assis, la main posée sur sa faux et le regard vidé par cette journée de labeur. Aujourd’hui, une sculpture représentant l’ouvrier agricole est placée au centre de la commune de Mont Saint-Père. Un moissonneur au pays des vignerons ! Elle est visible au pied d’un monument qui honore la mémoire du peintre Léon Lhermitte, un buste le représentant, qu’accompagne la palette du peintre, étant placés au sommet de l’ensemble. Celui-ci, érigé en 1928, est l’œuvre du sculpteur Gaston Schwetzer.
C’est ce tableau qui amène à l’artiste la célébrité en même temps que la reconnaissance officielle, puisque l’Etat en fait l’achat le jour même de l’ouverture du Salon. Le peintre est d’ailleurs décoré de la Légion d’Honneur en 1884. Deux ans plus tard, il exécute deux portraits de groupes accrochés aux murs de la Sorbonne, l’université parisienne.
La leçon de Claude Bernard notamment, qui représente l’homme de sciences dans son laboratoire du Collège de France. Vient ensuite pour lui le temps des honneurs. Parmi les fondateurs de la Société Nationale des Beaux-Arts en 1890, le peintre est également élu membre de l’Institut en 1905, après avoir exposé lors de l’Exposition universelle de Paris en 1900.
Léon Lhermite est décédé à Paris, le 28 juillet 1925, à l’âge de 81 ans