Les pauvres malades de nos hôpitaux ont consommé, durant l'année
1911, vingt mille litres de rhum. C'est un chiffre, évidemment. Et ce
chiffre vient de s'élever encore. La consommation du rhum atteint, dans
les hôpitaux, vingt-deux mille litres en 1912. Cette fois, M. Mesureur* a
cru devoir intervenir. M. Mesureur craint que son Administration ne
s'alcoolise petit à petit, et il vient d'adresser aux médecins des
hôpitaux une lettre où il leur rappelle que le rhum ne doit être
prescrit aux malades, sous forme de thé au rhum, «que dans des cas
exceptionnels», et les prie de bien «réaliser sur ces dépenses toutes
les économies compatibles avec le bien des malades».
Ces
recommandations sont sages. Mais on ne peut s'empêcher de penser que le
rhum serait pour l'Assistance publique une consommation moins ruineuse
si le prix n'en était grevé de droits exorbitants.
Ne serait-il
pas possible d'obtenir que certains dégrèvements de droits fussent
accordés à certaines catégories d'acheteurs dont la consommation est, si
l'on peut dire, d'intérêt public? Ces acheteurs, ce ne sont pas
seulement les économes des hôpitaux qui désormais devront «marchander» à
leurs pensionnaires une tasse de thé au rhum; ce sont des professeurs
éminents que nous pourrions citer, et que nous avons entendus se
plaindre de ne pouvoir exécuter dans leurs laboratoires de physiologie,
de biologie, de chimie, de médecine, toutes les expériences qu'ils
voudraient faire -et qu'il serait utile qu'on fît- parce que l'alcool
coûte trop cher et qu'ils manquent d'argent pour en acheter!