Au "paradis des cascadeurs"
Basé en Franche-Comté, le team Bourny assure des spectacles de cascade partout dans le monde
À 63 ans, le cascadeur franc-comtois Patrick Bourny continue à faire le show.
Secondé par d’autres pilotes et trois techniciens, Cyril Bourny présente aujourd’hui, avec une impressionnante vitalité,
l’un des meilleurs shows motos au monde. Photo Ced. B.
La relève est assurée !
Cyril Bourny a rejoint son père Patrick et se consacre à plein temps au team Bourny depuis deux ans. Photo Ced. B.
Avec un camion de 12 tonnes, il est capable de rouler en équilibre sur les roues arrière ou de danser une valse sur une musique de Strauss.
Sur sa moto, il peut atteindre les 180 km/h sur une roue ou sauter un brasier de 35 mètres.
Ses exploits ont été diffusés sur les télévisions du monde entier.
Ses spectacles sont accueillis dans les enceintes les plus mythiques du sport mécanique : au Mans, à Bercy, à Hockenheim,
devant des affluences à faire pâlir quantité d’artistes. Au Nürburgring, en Allemagne, il a fait le show devant plus de 130.000 spectateurs.
C’est autant que pour Madonna lors de son concert parisien de 1987 ! À sa manière, Patrick Bourny est un phénomène : calme, posé, mais jamais rassasié.
Toute sa vie, le cascadeur franc-comtois n’a cessé de repousser les limites de l’impossible.
À 63 ans, il affiche déjà 43 années d’acrobaties mécaniques au compteur et huit records du monde, pour la plupart homologués par le « Guinness World Records »
Des aptitudes hors normes pour faire le show
Pourtant c’est dans la menuiserie qu’il a débuté. Mais le tournant de sa vie s’est joué sans volant, dans une station-service.
« C’était en 1975. Les frères Bataille (NDLR : deux frères cascadeurs) donnaient des spectacles en Franche-Comté.
Ils faisaient le plein d’essence. Je suis arrivé avec ma moto.
On a discuté. À l’époque, je participais déjà à des compétitions régionales de moto-cross.
La veille, un de leur motard s’était blessé. Ils cherchaient une doublure, le temps qu’il se rétablisse.
Je leur ai fait quelques numéros devant la station-service. Le lendemain, je donnais mon premier spectacle », raconte Patrick Bourny.
Très vite, le jeune franc-comtois, grisé par les applaudissements, montre des aptitudes hors normes pour faire le show.
Il décide de voler de ses propres ailes et devient « organisateur d’événements ».
Dès lors, on le voit dans toutes les foires de la région, sauter au-dessus des voitures et traverser des cerceaux en feu, arc-bouté sur son deux-roues.
D’année en année, ses spectacles s’étoffent, intègrent des numéros de voitures, de camions, de dragsters…
Des cascades réglées au millimètre ! Photo Ced. B.
Des engins de spectacle bodybuildés, tous équipés de turbos et de freins surpuissants
Pour bâtir ces spectacles hors normes, il invente, il transforme. Dans son atelier à Vergranne, près de Baume-les-Dames (Doubs),
il raccourcit lui-même un camion Renault et le dote d’arceaux pour en faire le premier camion looping du monde.
D’autres machines du genre suivront, notamment pour enchaîner les toupies sur roues arrière.
Ces engins de spectacle bodybuildés sont tous équipés de turbos et de freins surpuissants.
Et tout est réglé au millimètre par le boss. Patrick Bourny fait en effet partie de ces cascadeurs à l’ancienne,
capables aussi bien de mettre les mains dans le cambouis que de piloter.
Un pilotage au doigté, entre freinage, accélération et décélération qui ne souffre d’aucune approximation.
Avec toujours cette conviction que « l’essentiel est de donner du plaisir au public ».
« Une acrobatie ne doit jamais excéder cinq minutes. Il faut enchaîner, varier les numéros pour que le spectateur n’ait pas le temps de souffler », explique-t-il.
Dans le Doubs, en 2014, Cyril Bourny réussit une première mondiale en 2014,
en sautant plus de 40 mètres par-dessus un train en marche ! Photo DR
« À ce jour, on a joué nos spectacles dans 22 pays »
Désormais, le team Bourny compte une quinzaine de personnes, « mais tous ont un travail à côté.
Je les emploie en fonction des besoins », précise-t-il. Des besoins qui n’ont cessé de grandir, eux aussi.
Patrick Bourny se produit désormais un peu partout en Europe, en Russie, aux États-Unis, au Qatar…
« À ce jour, on a joué nos spectacles dans 22 pays », souffle-t-il fièrement.
Et l’histoire n’est pas près de s’arrêter car son fils Cyril est désormais pleinement investi dans l’entreprise.
« Après des années de moto-cross et de compétition en free style, j’avais monté mon propre team moto en région parisienne,
tout en animant des stages de pilotage. Pendant toute cette période, je continuais à faire des piges régulièrement pour mon père.
Il y a deux ans, j’ai décidé de revenir en Franche-Comté pour me consacrer à plein-temps au team Bourny », explique-t-il.
Et dire que la relève est assurée est un euphémisme car Cyril Bourny est déjà un sérieux client dans le petit monde des cascadeurs.
Le pilote, également détenteur de plusieurs records, a notamment réussi une première mondiale en 2014,
en sautant plus de 40 mètres par-dessus un train en marche ! Une performance qui a donné de nouvelles idées à son père,
lequel s’est mis en tête de tenter deux nouveaux exploits : un saut à moto depuis un tremplin à ski, et surtout un saut en camion.
« Même avec le poids, je pense que je peux dépasser les quinze mètres », assure-t-il sans jamais s’effrayer de ses projets fous.
« La peur ? On l’a toujours un peu avant. Mais quand la première est enclenchée, c’est fini », résume-t-il.
Des records à la pelle
La vie de Patrick Bourny est un empilement de folies, de records tous plus ahurissants les uns que les autres.
Ça commence en 1978 avec un saut à moto par-dessus le canal Rhin-Rhône. L’année suivante, changement d’obstacles.
Cette fois il survole dix camions, puis douze autobus. En 1981, il établit un premier record du monde de saut à moto par-dessus un brasier de 35 mètres.
Puis il passe à une mécanique plus puissante et réussit le premier looping en camion. Qui sera suivi quelques années plus tard d’un double looping.
Dans les années 90, il établit successivement le record du monde de distance sur roues arrière avec un camion en parcourant 2,25 km,
puis un record de vitesse à 90 km/h, toujours sur roues arrière.
Enfin en 2017, il réussit à réaliser quatre toupies avec son camion en moins d’une minute. Chapeau l’artiste !
Le rêve américain
La performance dont Patrick Bourny est le plus fier ? « C’est d’avoir battu les Américains chez eux », répond-il sans hésiter.
Pour bien comprendre cette victoire flamboyante, il faut remonter à 1981.
Pour « Incroyable mais vrai » l’émission de Jacques Martin diffusée sur Antenne 2, Patrick Bourny atteint la vitesse stratosphérique
de 147 km/h sur la seule roue arrière de sa moto. L’exploit retentissant fait le tour de la planète et pique au vif les pilotes américains,
considérés à l’époque comme faisant partie du gratin mondial. Aussi, pour régler son compte à cet effronté de petit « frenchie »,
la chaîne de télévision ABC invite Patrick Bourny à affronter les neuf meilleurs pilotes nord-américains.
« La course s’est déroulée en direct sur le lac asséché de San Bernardino en Californie.
On avait tous une 500 Honda. Lors des essais, je n’arrivais même pas à la lever tellement elle était lourde.
Ce n’est qu’à quelques minutes du départ, que j’ai enfin trouvé le point d’équilibre », raconte-il.
Au final, Patrick Bourny est parti comme un boulet de canon pour remporter la course assez largement.
Deux ans plus tard, il récidivait pour pulvériser son propre record à 183 km/h. Toujours sur la roue arrière de sa moto !
Jean-Marc TOUSSAINT
Des cascadeurs qui jouent avec le feu. mais tout est réglé au millimètre ! Photo Ced. B.
Toujours repousser les limites de l'impossible : Photo Ced. B.
Un pilotage au doigté ! Photo Ced. B.
Pour les Bourny, tout engin à moteur est d'abord un outils pour la cascade. Photo Ced. B.
Le team Bourny a présenté à ce jour ses spectacles dans 22 pays au monde. Photo Ced. B.
Les cascades en voiture sont réalisées par Stéphane Rieser, l'un des quinze membres du team Bourny. Photo Ced. B.
Toujours de nouveaux défis à relever pour le team Bourny qui réunit aujourd'hui une quinzaine de personnes. Photo Ced. B.
Des engins de spectacles bodybuildés équipés de turbos et de freins surpuissants. Photo Ced. B.