Une "âme" de bonne volonté prétend qu’autrefois, on ne pouvait pas l’interpréter à l’église car ce n’était pas vraiment un chant religieux.
Est-ce vrai et pourquoi ? »
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Enquête de vérité
« Minuit Chrétien » que Lamartine avait surnommé la « Marseillaise religieuse » était la mélodie préférée d’Aristide Briand.
Voici son histoire…
Vers 1840 vivait à Roquemaure, près d’Avignon, un marchand de vin, Placide Cappeau qui,
en marge de son commerce florissant, composait sans grand succès des poèmes historiques.
Un jour de décembre 1847, il reçut à sa table l’ingénieur qui construisait un pont suspendu dans la région.
Son épouse, Mme Laurey, ancienne cantatrice de l’Opéra, l’accompagnait. Cappeau fut sollicité pour composer un chant de Noël qu’interpréterait sa belle invitée.
Les deux couplets furent écrits le soir même, en marge d’un repas généreux.
Pour la musique, la cantatrice proposa de contacter le compositeur parisien Adolphe Adam dont elle avait créé « La Rose de Péronne ».
Gestionnaire de l’Opéra et en grosses difficultés, Adam, qui avait tenu les orgues dans plusieurs églises de Paris, s’exécuta de bonne grâce.
Huit jours plus tard, le 24 décembre 1847, dans la petite église de Roquemaure, Mme Laurey, accompagnée par le chœur des enfants de Marie,
créait le cantique qui devait plus faire pour la gloire d’Adolphe Adam que ses œuvres les plus méditées.
Cappeau, le parolier mécréant, en récolta bien quelques ennuis du côté de ses amis de la Libre-pensée.
Aussi essaya-t-il de donner une nouvelle version de son Noël en faisant disparaître la tache originelle et l’Homme-Dieu.
Mais le public ne voulut rien savoir de cette nouvelle version.
On chante toujours, dans bien des églises, ce Noël chrétien d’un marchand de vin qui se vantait de ne croire ni à Dieu ni à Diable.
La critique n’a pas non plus été tendre. On a qualifié ce Noël de vulgaire, de grandiloquent.
Il fut même interdit à l’époque dans certains évêchés (Nantes, Grenoble et Metz).
Il acquit bien plus tard ses lettres de noblesse lorsqu’il fut inscrit au répertoire du carillon de Saint-Germain-l’Auxerrois,
situé dans le premier arrondissement de Paris. Datant de 1862, il comporte 38 cloches sur trois gammes chromatiques.
Il faut enfin préciser que la mélodie, écrite en do majeur et d’une amplitude très limitée,
convient à toutes les voix, bien que son rythme puissant la réserve plutôt aux voix masculines.