L'attentat
Une aquarelle de la Comédie-Française à la fin du XVIII
e siècle
Le 3 nivôse an IX (24 décembre 1800), en fin d'après-midi, Carbon, celui qui a réalisé la « machine infernale », harnache la jument à la charrette et la conduit, avec Limoëlan Porte Saint-Denis, dans la banlieue nord de Paris. Dans un immeuble abandonné, les deux hommes chargent la poudre dans le tonneau.
Puis ils se rendent avec leur chargement rue Saint-Nicaise, au nord des Tuileries. Limoëlan traverse la place du Carrousel et rejoint son poste, d'où il pourra lancer à ses compagnons le signal convenu pour la mise à feu. Saint-Régeant aperçoit une fillette de quatorze ans du nom de Marianne Peusol, dont la mère est marchande de quatre saisons près de la rue du Bac. Il lui donne douze sous pour tenir la jument quelques minutes.
À 19 heures, inconscient du danger qui le menace, certain que sa police a neutralisé tous les complots contre sa personne, Bonaparte détendu mais fatigué se laisse convaincre par Joséphine à contrecœur, de se rendre à l'Opéra pour assister à la première représentation en France, de l'oratorio
Die Schöpfung (
La Création) de Joseph Haydn. Le carrosse de Bonaparte est précédé par une escorte de cavaliers de la Garde consulaire. Le ministre de la Guerre Berthier, le général Lannes et Lauriston, aide-de-camp de Bonaparte, accompagnent le Premier Consul. Se fondant sur leurs
Mémoires, un psychologue français du XIX
e siècle, Garnier, pense que, sur la route, Bonaparte, épuisé, s'est endormi. Un second carrosse emmène son épouse, sa belle-fille et sa sœur.
À propos de ce sommeil, Bonaparte aurait dit avoir fait un cauchemar, revivant la bataille du fleuve Tagliamento face aux Autrichiens, le 16 mars 1797. Pendant ce temps, le carrosse de Bonaparte, conduit par son chauffeur, César, légèrement alcoolisé, passe la rue Saint-Nicaise et entre dans la rue Saint-Honoré. Limoëlan, posté sur la place du Carrousel, panique et oublie de lancer le signal à Saint-Régeant, dans la rue Saint-Nicaise, qui perd ainsi une ou deux précieuses minutes. Quand le chef des grenadiers de la Garde de Bonaparte passe devant lui, Saint-Régeant allume la mèche et s'enfuit.
La « machine infernale » explose, pulvérisant la jeune Peusol et la jument. Au total, l’attentat fait 22 morts et une centaine de blessés, 46 maisons de la rue Saint-Nicaise sont détruites ou rendues inhabitables
6.