Poème coquin de 1660… > Poésie de la Marquise de Grignan, (1646-1705) fille de
Mme de Sévigné. xxxx
Ah ! vous dirais-je Maman A quoi nous passons le temps Avec mon cousin Eugène ? Sachez que ce phénomène Nous a inventé un jeu Auquel nous jouons tous les deux.
Il m'emmène dans le bois Et me dit: "déshabille-toi ". Quand je suis nue tout entière, Il me fait coucher par terre, Et de peur que je n'aie froid Il vient se coucher sur moi.
Puis il me dit d'un ton doux : "Écarte bien tes genoux" Et la chose va vous faire rire Il embrasse ma tirelire Oh ! vous conviendrez Maman Qu'il a des idées vraiment !
Puis il sort, je ne sais d'où Un petit animal très doux, Une espèce de rat sans pattes Qu'il me donne et que je flatte. Oh ! le joli petit rat ! D'ailleurs, il vous le montrera.
Et c'est juste à ce moment Que le jeu commence vraiment. Eugène prend sa petite bête Et la fourre dans une cachette Qu'il a trouvée, le farceur, Où vous situez mon honneur.
Mais ce petit rat curieux, Très souvent devient furieux. Voilà qu'il sort et qu'il rentre Et qu'il me court dans le ventre. Mon cousin a bien du mal A calmer son animal.
Complètement essoufflé, Il essaye de le rattraper. Moi je ris à perdre haleine Devant les efforts d'Eugène. Si vous étiez là, Maman Vous ririez pareillement. Au bout de quelques instants Le petit rat sort en pleurant. Alors Eugène qui a la tremblote Le remet dans sa redingote. Et puis tous deux, nous rentrons Sagement à la maison.
Mon cousin est merveilleux Il connait des tas de jeux Demain soir, sur la carpette Il doit m'apprendre la levrette Si vraiment c'est amusant Je vous l'apprendrai en rentrant.
Voici ma chère Maman Comment je passe mon temps. Vous voyez je suis très sage. Je fuis tous les bavardages Et j'écoute vos leçons : Je ne parle pas aux garçons. |