http://www.ouest-france.fr/bretagne/redon-35600/victoire-de-ballon-la-naissance-de-la-bretagne-2552682
Le pouvoir carolingien disposait en Bretagne d'évêques acquis à son autorité à Quimper, Vannes, Dol-de-Bretagne et Saint-Pol-de-Léon. Cette situation était inacceptable pour Nominoë (+851) qui désirait affirmer son émancipation. Ne pouvant rien attendre du pouvoir franc ni de l'archevêque de Tours dont dépendait la Bretagne, Nominoë se tourne vers le Pape Léon IV et lui envoie en 848 une délégation menée par Conwoïon l'abbé de Redon. Le Pape réserve aux Bretons un bon accueil, il donne quelques reliques à Conwoïon mais refuse de se prononcer sur la déposition des évêques. Il se contente de préconiser la tenue d'un synode de douze évêques devant lesquels les prélats en cause doivent comparaître.
Comme il était impossible de réunir une telle assemblée en Bretagne, Nominoë se résout à un coup de force. En avril 849 il réunit à Coët Louh une assemblée de clercs et de laïcs, et les évêques Suzannus de Vannes, Félix de Quimper et Salacon de Dol sont condamnés pour simonie, déposés et remplacés par des « évêques bretons ». Selon la chronique de Nantes citée par Arthur de la Borderie, le pape aurait aussi reconnu à Nominoë sous le titre de duc le droit de porter une couronne d'or, et donc de se faire sacrer par l'« archevêque » de Dol.
Bien que la promotion de Dol-de-Bretagne à la tête de l'église bretonne, mise au crédit de Nominoë par Arthur de la Borderie, doive être attribuée à l'accord de 866 entre Salomon de Bretagne et le Pape Nicolas Ier, l'installation de ces nouveaux évêques marque une étape essentielle pour Nominoë, il ne s'agit plus d'une révolte mais de la revendication d'une prérogative royale.
Les incursions bretonnes s'étendent jusqu'aux abords de Bayeux. En 849 Nominoë est de nouveau en guerre contre Charles le Chauve qui rappelle Lambert II et lui confie de nouveau la marche de Bretagne. En février 850 Nominoë reprend ses agressions et occupe Angers et ses alentours. Lambert II trahit une nouvelle fois son suzerain et s'allie avec le chef breton. Alors que vers le 15 août 850 Charles le Chauve s'avance vers la Vilaine, Nominoë et Lambert II s'emparent de Rennes et de Nantes dont il détruisent les fortifications et lancent ensuite des raids sur le Bessin et le comté du Maine dont Le Mans qui est prise à son tour.
Nominoë meurt subitement au cours d'une expédition en profondeur dans la Beauce près de Vendôme, le 7 mars 851 après avoir une nouvelle fois occupé le Maine et l'Anjou. Il est inhumé dans l'abbaye Saint-Sauveur de Redon.
Même s'il en avait les prérogatives, il ne semble pas que Nominoë ait jamais porté le titre de roi bien que le chroniqueur de la fin du 9ème siècle Réginon de Prüm lui donne ce titre. Dans le cartulaire de Redon, il est tour à tour qualifié de duc des Bretons, de duc en Bretagne, de duc de toute la Bretagne, de prince de Bretagne et de prince de toute la Bretagne. C'est son fils et successeur Erispoë qui a été reconnu officiellement comme roi par Charles le Chauve après la bataille de Jengland, fondant ainsi le royaume de Bretagne. Roi sous condition d'hommage. Le roi de Bretagne est donc théoriquement vassal du roi de la Francia Occidentalis.
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