e nouveau refuge du Goûter, pas si écolo que ça
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Le solaire n’assurera qu’une partie de la production d’électricité d’un refuge qu’on nous annonçait “autonome en énergie”.
Du fioul pour produire l’électricité, de l’eau héliportée, une autonomie fort relative, des toilettes saturées… Les belles annonces sur plaquette que promettait ce bâtiment haute qualité environnementale qui a coûté 7,5 millions d’euros, le plus haut de France (3835 m d’altitude), se sont effilochées, au révélateur de sa mise en service. Le développement durable au sommet, une vue de l’esprit ?
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« Si nous y arrivons là-haut, il n’y aura plus d’excuse pour ne pas le faire en bas ». Au fil du chantier, le Suisse Thomas Buchi, l’un des concepteurs du projet, distillait son slogan favori avec fierté. Une leçon de développement durable qu’allait donner ce nouveau refuge du Goûter, projet un peu fou à 3 835 mètres d’altitude. « Gestion des ressources et énergies pour une totale autonomie », clamait l’argumentaire diffusé urbi et orbi et rédigé un peu vite. On allait voir ce qu’on allait voir. En affichant leurs ambitions, la FFCAM (Fédération française des clubs alpins de montagne) et ses partenaires s’exposaient à tomber d’aussi haut qu’ils avaient placé la barre, à la mise en service d’un équipement mis en lumière avec éclat. Le Monde, quotidien de référence, y a consacré pas moins de cinq articles en un an…
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Gardiens au bord de la crise de nerf[/font][/color]
8240 personnes ont été accueillies cet été là-haut (en juin, dans l’ancien bâtiment, NDLR) et le refuge a fermé ses portes hier. Les alpinistes qui ont essuyé les plâtres ont été les témoins de la modernité de l’infrastructure mais aussi de sa complexité, éprouvant un curieux concept d’alchimie selon lequel les énergies dites propres ont finalement cédé la place à des énergies… fossiles. Du côté du club alpin, Raymond Courtial, vice-président en charge du patrimoine bâti, le concède, jouant la transparence, parlant des dysfonctionnements, d’ajustements. « On a fait au mieux et ce n’était pas facile pour les gardiens ». Nous avons tenté de joindre ces derniers. En vain. Dans la profession, on les dit au bord de la crise de nerf… Certes le gain de confort est indéniable, comme le souligne Pascal Chappeland, président des guides de Saint-Gervais, commune où se trouve cette voie normale du mont Blanc.
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Des équipements sous-dimensionnés[/font][/color]
Mais à 90 € la demi-pension (60 € la nuit), le prix de l’hôtel, le pensionnaire, ébloui par tant de technologie, a aussi retenu les températures à crever à l’intérieur, le bruit dans les dortoirs, les effluves incommodants des toilettes et la parcimonie en eau. « On a dû acheminer de l’eau par hélicoptère une fois, les deux jours où on affichait comple t», nuance Courtial. Trois rotations pour la consommation et une pour vidanger les sanitaires encombrés.
C’est que le fondoir à neige, alimenté au solaire, un des équipements phare du nouveau Goûter, a connu des problèmes de réglage et n’a pas pu produire les volumes escomptés. Le raté le plus visible, ou le mieux “senti” provient de l’assainissement. La mini-station d’épuration digne des sous-marins était formatée pour 190 utilisateurs quotidiens, les 120 alpinistes hébergés, majorés de ceux en transit, s’arrêtant pour une pause pipi. « C’est l’équivalent de 300 personnes qui a finalement utilisé les sanitaires », déplore Courtial assurant que la ventilation paralysée par la glace, donc inopérante, sera réglée à l’été 2014. N’empêche, deux WC secs ont dû être héliportés et leurs services devraient être, eux… durables.
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Rotations d’hélicoptères et hausse des tarifs ?[/font][/color]
Sur la production d’électricité, vu le caractère aléatoire du solaire, le rôle du groupe de cogénération en appoint du photovoltaïque s’est avérée bien peu secondaire dans la mécanique. Quelque 5 000 litres de fioul ont dû être acheminés là-haut, selon Jean-Pierre Crestia du club alpin. Le procédé à l’huile de colza, initialement prévu, n’est pas encore au point. L’an prochain si tout va bien… « Si on arrive à 60 % d’énergies propres ce sera bien ». Conclusion pleine de lucidité de Raymond Courtial qui ajoute : « Le développement durable reste à consolider ». Et de déplorer ce facteur aggravant : « Le comportement des alpinistes, qui laissent leurs déchets n’importe où et encrassent les toilettes. On a dû mettre des poubelles dans la salle à manger. Autant de rotations en plus pour les évacuer ». Du côté de la FFCAM, on s’attend même à revoir à la hausse le prix de la nuitée pour absorber ces surcoûts.
« De toute façon, le seul refuge écolo c’est celui qui n’existe pas », confie un vieux gardien de refuge, pas surpris de la tournure des événements sous le toit de l’Europe.
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