Chemin des Lavandières
Le 16 décembre 1937, le nom de
« chemin des lavandières » est officiellement
adopté par la commune de
Saint-Marc pour désigner le bout de
chemin menant au lavoir du Guelmeur
qui reste aujourd'hui l'un des derniers
encore fréquentés à Brest.
A l'époque, l'eau n'arrive pas à la maison
et il faut aller à elle. Chaque hameau
ou quartier possède alors un
point d'eau et la lessive est l'occasion
pour les femmes de se retrouver au
bord de la source, de la mare ou
« Douez » (lavoir en Breton).
L'inauguration de cette rue est un hommage
rendu à ces femmes courageuses
dont le métier aujourd'hui
révolu, est ingrat. Souvent de condition
modeste et pour un maigre gagne-pain
elles passent tous les jours de la semaine
et par tous les temps, agenouillées
dans leur boîte à laver, frotter et
battre le linge.
Les coutumes et tradition sont très présentes
dans la vie quotidienne et ces
travailleuses doivent se soumettre à
certains usages et croyances stricts qui
depuis ont disparu et sont oubliés.
« Il faut éviter de faire la lessive quand
il y a des malades à la maison car ils
sont exposés à mourir. Il ne faut pas
non plus laver pendant la Semaine
Sainte sous peine de mourir dans l'année,
ni surtout le Vendredi Saint car
alors on lave son suaire ».
En Basse Bretagne, le vendredi
est, même toute l'année, un mauvais
jour, comme l'assure le dicton
« qui bout la lessive le vendredi, fait bouillir le sang de notre Sauveur».Le dimanche est également interdit.
Celles qui lavent ces jours prohibés,
utilisent une pierre à la place
du savon pour économiser, ou ont
commis un infanticide sont alors damnées
et deviennent dans l'autre monde
des « lavandières de la nuit ».
Cette croyance aux lavandières de nuit
est une de celle que l'on retrouve dans
toute la Bretagne et même dans d'autres
provinces.
En 1799 dans ‘le voyage dans le Finistère'
Jacques Cambry relate ainsi cette
légende :
« Les laveuses, ar Kannerez-noz, sont
des femmes spectres qui reviennent
sur terre pour punition d'une faute.
Elles sont condamnées à venir la nuit
laver leur linge dans les lavoirs qu'elles
ont fréquentés durant leur vie. Elles
sont vindicatives et interpellent les passants
nocturnes, imprudents, les
conviant à les aider pour étendre leur
linge.
Malheur à eux, s'ils le tordent à contresens
des lavandières. Ils se trouvent
broyés en un tour de bras. Un seul
moyen pour déjouer le piège ; tordre le
linge dans le même sens qu'elles qui,
lasses, finissent par abandonner l'ouvrage
».
Les Kannerien noz (chanteuses de
nuit) accompagnent par leurs chants,
ce rituel et toutes lavent le linceul de
ceux qui vont mourir ou bien leur propre
suaire quand on leur en a mis un
qui était tâché.
Yann Dargent, peintre breton, a réalisé
cette toile concrétisant cette légende.
Toile de Yann Dargent