j'ai eu son père comme prof ,lui est ancien prof de géo -histoire ,qui écrit dans l'union et écrit des livres sur nos chères Ardennes ,c'est un féru du patois de Gespunsart . En voici un autre de ses textes que je trouve savoureux .
La beuquette / Urgence
Publié le mardi 11 septembre 2012 à 11H00 -
Sachant qu'en cas de problème je peux compter sur lui,
dimanche soir je suis allé à une heure indue demander au Gérard de la
Mylène s'il pouvait me prêter un marteau et une grosse pointe. « Bien
sûr ! » il répond, avant de me demander la raison d'une pareille
urgence. J'explique que c'est pour faire deux trous à ma ceinture. Comme
il sait que je ne suis pas du tout manuel, il me propose de faire le
nécessaire sur le champ. Tandis qu'il est vôye cri (parti chercher) le
marteau et la pointe, tout en me déshabillant du regard, sa rougne (sa
femme), visiblement inquiète, soupire : « Pourtant, à ce que je vois,
t'as pas maigri à vue d'œil. » Je lui ai répondu que je prenais les
devants vu que le président Hollande venait de claironner sur TF1 que
les Français allaient devoir se serrer la ceinture. Yauque, nem !
Yanny Hureaux
Elle est là, devant moi, toute fripée, mal foutue, le teint cuivré
strié de sales traînées noirâtres. « Une vraie romano ! » se serait
écriée ma grand-tante Julienne. Une pomme ! Je l'ai ramassée dans le
verger de mes aïeux sous un pommier qui en a vu passer des nuages, des
neiges, des clairs de lune, des échelles, des paniers, des sacs, des
brouettes, des générations de « ceuilleu », d'« osseu », de « maraudeu
». Une pomme venue du fond des âges. Une non calibrée, non chimiquement
traitée, non uniformément colorée, donc de nos jours non présentable,
non vendable, non consommable. Si vous saviez la tendresse de sa chair,
la délicatesse de son « arrière-goût », les histoires qu'elle raconte !
Si vous saviez mon bonheur quand dans un instant, je vais l'éplucher
avec des mains de dentellière. Yauque, nem !
Yanny Hureaux