Moi-z-aussi», «Cent-z-euros»... Grossières ces erreurs, dites-vous ? Et pourtant, elles s'immiscent dans nos conversations du quotidien, sans que nous nous en rendions compte. Le Figaro vous propose un tour d'horizon de ces fautes de liaison à ne plus faire.
Il est de ces erreurs dont l'énormité nous fait rougir de honte. Parmi elles, les liaisons. Dangereuses, captieuses et fourbes, elles nous embarrassent. À tel point que nous finissons par les voir partout. Paranoïaques, nous les plaçons à des endroits improbables. Citons cette faute courante: «Il s'en va-t-à Paris». Pourquoi diable rajouter un «t»? C'est ce qu'on appelle faire un pataquès ! En effet, l'expression désigne à l'origine ces liaisons inadaptées qui se glissent dans nos conversations du quotidien.
Mais alors, pourquoi «pataquès»? Dans son ouvrage Les 1001 expressions préférées des Français (Poche), Georges Planelles relate cette anecdote, rapportée par le grammairien du XVIIIe siècle Domergue: «Un jeune homme était au spectacle dans un théâtre, à côté de deux dames richement parées mais dont la conversation montrait bien le peu d'éducation qu'elles avaient reçue. Tout à coup, le jeune homme trouve sous sa main un éventail. «Madame, dit-il à la première, cet éventail est-il à vous? - Il n'est point-z-à moi. - Est-il à vous, reprend-il en le présentant à l'autre? - Il n'est pas-t-à moi. - Il n'est point-z-à vous, il n'est pas-t-à vous, dit le jeune homme, ma foi, je ne sais pas-t-à qu'est-ce!».
Êtes-vous plutôt cuir ou velours?
Cette moquerie a fini par rester dans l'usage, en donnant naissance à une expression qui, par extension, signifie aussi une faute grossière de langage. Mais revenons à nos liaisons. Parmi les plus vilains, on trouve: «Il a cédé-r-à la panique», «Elle va-t-être contente» ; «Mal-t-à propos». Notons, néanmoins, deux célèbres pataquès tolérés: «Il s'en va-t-en guerre» et «Entre quatre-z-yeux». Pourquoi rajouter une liaison entre «quatre» et «yeux»? Le chiffre n'a pourtant pas de «s»...
Faire une liaison avec un «s» ou «z» inopportuns s'appelle un velours. Exemple: «C'est eux qui-z-ont», «Donne moi-z-en» ou encore, «Moi-z-aussi». Nous avons une fâcheuse tendance à utiliser la liaison en «z» plutôt qu'en «t»: «Il a dépensé cent-z-euros», «J'ai compté vingt-z-animaux». Pour rappel, «vingt» et «cent» varient au pluriel s'ils ne sont suivis d'aucun adjectif numéral cardinal. En l'occurrence: «Quatre-vingts-z-euros». En revanche, si «vingt» ou «cent» ne sont pas multipliés, préférons la liaison avec le «t»: «vingt-t-ans», «cent-t-euros».
Au contraire du velours, le cuir consiste à faire une liaison en «t» à la place d'une liaison en «z» comme dans les phrases: «Il s'est mis-t-au violon» ou encore «J'ai cru-t-apercevoir son visage». Et puis, il y a les ajouts inadéquats comme le fameux «des-z-haricots». Étant donné que le «h» de «haricot» est «aspiré», explique l'Académie française, il interdit la liaison et «impose que ce mot soit prononcé disjoint de celui qui le précède». Et ce, au singulier comme au pluriel. Ainsi, on prononce «le haricot» et non pas «l'haricot» ; «les/ haricots» et non «les-z-haricots»; «un beau haricot» et non «un bel haricot».